le 10 juillet 2023 - 13h08

Une année difficile : que vaut le nouveau Toledano Nakache ?

Duo de réalisateurs sans doute le plus bankable du cinéma hexagonal, puisqu’on lui doit Intouchables, Le sens de la fête, Hors normes, et pour la télévision, En thérapie, Éric Toledano et Olivier Nakache reviennent derrière la caméra avec le film Une année difficile (en salles le 19 octobre) qu’il présente actuellement dans un marathon d’avant‑premières, partout en France. Un film qui porte sans doute assez bien son nom…

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Synopsis : Albert et Bruno sont surendettés. Dans leur perpétuelle recherche de bons plans, ils se retrouvent malgré eux embarqués auprès de jeunes activistes écolos. Plus attirés par la bière, les chips gratuites et le gîte que par la cause environnementale, ils vont cependant peu à peu intégrer le mouvement…

 

Feel Good par nature

S’il y a bien un genre cinématographique maîtrisé par le duo, c’est évidemment le feel good movie. Une année difficile ne déroge pas à la règle. Intelligent, drôle, instructif… le film fait assurément du bien aux zygomatiques comme aux synapses. Véritable plongée dans les mouvements type Action Rébellion, il est avant tout, comme les autres films du duo, un miroir de notre société. Une société où les violences policières, les violences économiques et les violences écologiques sont à la fois légion et quotidiennes. Sous ses airs de comédie du dimanche soir, la caméra pointe du doigt ce que la plupart d’entre nous font semblant de ne plus voir. Parfois, cela fait du bien que l'on nous rappelle certaines évidences !

 

Le film y parvient avec le ton juste. Ni moralisateur, ni faussement désabusé, mais avec un léger pas de côté qui fait tout son charme. Le discours écolo qui aurait pu tourner à la caricature est gentiment moqué, mais le message passe et c’est à mettre au crédit du film. Le surendettement aussi est l’autre sujet du film. Mais, il est sans doute à voir plus au sens métaphorique, puisqu'après tout, nous nous sommes tous bien endettés vis‑à‑vis de notre Terre nourricière…

 

 

Tout le monde il est beau…

Reste que si le film commence par un habile montage coup de poing des vœux présidentiels de Pompidou à Hollande qui nous promettent tous une année difficile (sic !), il demeure un peu trop sage. Sous ses faux airs de comédie italienne ou de remake light de L’aventure, c’est l’aventure (pour le côté Pieds Nickelés de deux héros), Une année difficile reste un film qui ne prend malheureusement jamais vraiment parti, à l’instar de ses deux anti‑héros. On aurait aimé qu’il ne fasse pas autant de surplace et que surtout ses personnages aient un peu plus d’aspérités. Ironiquement d’ailleurs, le morceau qui ponctue (et rythme ?) le film est Stay, de David Bowie (version concert). Lapsus ou non, les réalisateurs n’en utiliseront que l’intro…

 


Peu de réalisateurs sont encore capables de nous tirer la larmichette sur une chanson de Brel

À sa décharge, Une année difficile a connu lui‑même une année bien difficile, puisque le casting fut chamboulé à la dernière minute. Alban Ivanov (qui devait donner la réplique à Pio Marmaï) ayant abandonné le projet pour cause de burn‑out, fut remplacé au pied levé par un Jonathan Cohen, lui‑même limite puisqu’il sortait à peine de la réalisation du Flambeau. S’il est parfait dans le rôle de Bruno, le faire‑valoir d’Albert (Pio Marmaï), ce n’était pas ce qui était prévu à l’origine. Les rôles étaient inversés et tablaient donc sur des contre‑emplois de Pio et d’Alban. Solène (Noémie Merlant) ne devait pas tomber dans les bras de l’un des séducteurs du cinéma français, mais dans ceux d’un acteur plus habitué à jouer les losers. Point de surprise donc, c’est attendu et fatalement dommage. Une prise de risque aurait certainement donné un peu plus d’aspérité et surtout plus de souffle au film.


Cependant, il faut bien avouer qu’un film signé Toledano/Nakache, tout sage qu’il est, reste au‑dessus de beaucoup de réalisations hexagonales. Ne boudons pas notre plaisir, peu de réalisateurs sont encore capables de nous tirer la larmichette sur une chanson de Brel (La valse à mille temps) ou de nous donner à voir la beauté du confinement. Rien que pour cela, il ne faut pas faire les difficiles…

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