Avant même de s’intéresser à son récit, The Creator étonne par son traitement visuel phénoménal, convoquant autant Star Wars que Blade Runner. Le travail hallucinant du chef‑opérateur Oren Soffer sur la photo, couplé à des effets spéciaux, des décors et une DA brillants, en font immédiatement une référence du genre.
C'est (trop) beau
Le film est une succession de tableaux futuristes immersifs époustouflants, sorte de mélange onirique entre Akira et Apocalypse Now. C'est simple, on n’avait pas vu un univers de SF cinématographique aussi convaincant et original depuis les premiers Star Wars, ou plus récemment Dune de Denis Villeneuve.
Un scénario pas à la hauteur du sujet
Une démonstration visuelle remarquable est au service d’un scénario beaucoup moins bluffant, qui peine à installer des enjeux narratifs solides et pérennes. On navigue alors en terre SF inconnue avec un personnage dont on a du mal à comprendre la quête, celui‑ci affirmant en plein milieu du film que si l’humanité disparaissait, ce serait plutôt une bonne nouvelle, avant finalement de tenter de sauver un robot‑enfant qui ne lui pas encore lâché deux phrases construites en une heure de long métrage.
C’est peu pour s’attacher et pourtant il faudra s’en contenter. On avance alors à l’aveugle et à marche forcée vers des rebondissements et un dénouement visuellement incroyables, mais prévisibles. Il est vrai que les personnages caricaturaux et le jeu très limité du fils de Denzel Washington n’aident pas beaucoup. Quant au traitement de son principal sujet qu’est l’IA, Gareth Edward ne fait jamais mieux ou différent de ce qu'a déjà fait James Cameron avec Terminator 1&2. L’émotion qu’il cherche fortement à susciter n’atteint jamais son apogée, pas aidé non plus par la partition musicale de Hans Zimmer.
Si le scénario de The Creator avait été à la hauteur de ses ambitions visuelles, le film aurait fait date dans l’histoire du cinéma de SF. Au final, juste un bon film pop‑corn, et ce n'est déjà pas si mal.