Acharnés
Décidément, le studio A24, Roll Royce du cinéma indépendant US avec entre autres productions The Whale, Everything Everywhere All at Once, X ou Midsommar, sait aussi y faire en matière de série. La preuve avec son dernier bébé disponible sur Netflix : Acharnés.
Un cartoon bête et méchant
Série qui aurait d'ailleurs bien mérité son label Fast & Furious si le titre n’était pas déjà réservé par des moteurs Diesel en panne d’inspiration… Complètement déjantée, la série imaginée par Lee Sung‑Jin et portée par les excellents Steven Yeun (The Walking Dead) et Ali Wong (actrice et humoriste américaine), commence par ce qui aurait pu être une banale incivilité routière (les Américains appellent ça finement un « Road Rage ») entre un SUV blanc rutilant et un vieux pick up. Au volant de ce dernier, Danny klaxonne le SUV qui recule dangereusement dans sa direction. La vitre s’abaisse et, suprise, sa conductrice lui administre un immense doigt d’honneur avant de redémarrer en trombe. Très énervé, Danny se lance à sa poursuite. La suite ne sera qu’une succession de surenchère absurde, haineuse et violente. Un cartoon bête et méchant qui va totalement dégénérer pendant 10 épisodes.
À la recherche (violente) du bonheur
Ce n’est pas l’histoire de la goutte d’eau qui fait déborder le vase, c’est carrément le torrent qui fait s’écrouler le barrage. La volonté de transformer la vie de l’autre en enfer, et vice‑versa, remonte bien sûr à un malaise profond. Il est pauvre et endetté, elle est riche et habite une belle maison. Mais alors que les coups tordus s’enchaînent, le vernis se craquelle pour révéler des frustrations tous azimuts. Argent, sexe, réseaux sociaux, religion, famille, travail, tout y passe sans filtre ni tabou avec un seul point commun : aucun des personnages n’est heureux et tous s’acharnent à croire et faire croire qu’ils le sont !
Certaines scènes sont cathartiques, jouissives et inoubliables. Le rythme juste dément, les acteurs tous impeccables. Seul bémol, la toute fin exécutant une pirouette certes astucieuse mais loin du ton cynique tenu sur l'intégralité des épisodes jusqu'ici.