Hollywood saison 1
Notre société n'évolue sans doute pas assez vite au goût de Ryan Murphy (Nip/Tuck, Glee), qui retourne directement à l'âge d'or hollywoodien pour le refaçonner de l'intérieur à son image : queer, glamour, clinquant, brillant.
Pointant du doigt autant le microcosme patriarcal des studios, tous dirigés par des mâles blancs, que la censure, le racisme et l'homophobie d'une époque pas tout à fait révolue, cette série post‑MeToo choisit, à l'inverse d'un certain Quentin Tarantino l'année dernière avec Once Upon a Time… in Hollywood, dont la compréhension globale résidait dans un point central de l'histoire du cinéma et son contexte de l'époque, de brasser plus large et tout public en proposant de suivre l'ascension fulgurante et haletante d'un groupe de jeunes gens bien décidés à emporter leur part du gâteau dans l'Amérique hypocrite et puritaine de l'après‑guerre. Qu'ils soient afro, asiatique, homo ou tout simplement venus du fin fond de l'Illinois comme le jeune Rock Hudson (il fut réellement empêché de faire son coming out pendant des années pour continuer à tourner), ils parviendront avec une bonne dose de talent et parfois des moyens détournés (la fameuse station‑service de la série, plaque tournante de la prostitution locale, a réellement existé), à approcher les plus grands et à vivre leur part d'american dream malgré les travers du système.
Une vision rêvée du mythe hollywoodien qui a clairement choisi le camp du divertissement plutôt que la noirceur, mais qui télescope avec brio les icônes de l'époque (George Cukor, Vivien Leigh…) à des personnalités purement fictives dans un grand jaillissement de décors glamour et de soirées hédoniques toutefois bien chastes à l'image. C'est le hic « gentillet » de la série qui ne transgresse pas autant que ses personnages à l'écran.
Mais rien que pour voir de l'intérieur comment une bande de jeunes acteurs, scénaristes et réalisateurs en herbe aurait, dans un monde idéal, réussi à changer les mentalités, ce voyage à Hollywood est loin d'être déplaisant. Ou quand la série raconte l'histoire (fictive) du cinéma.