House of Cards saison 4
En pleine primaire pour la présidentielle 2016, le président Frank Underwood (Kevin Spacey, incarné) patine face à ses challengers. Décrié, empêtré dans les affaires, cherchant désespérément un moyen d'imprimer sa marque dans les couloirs de la Maison‑Blanche bardés de portraits présidentiels plus ou moins illustres (il y parviendra presque par l'entremise d'une main extérieure, mais certainement pas comme il l'entendait), c'est de sa femme Claire Underwood (Robin Wright, quelle Première Dame !) que va venir l'attaque la plus féroce. Retranchée chez sa mère mourante qu'elle n'a jamais vraiment aimée, et désormais accompagnée d'une nouvelle directrice de campagne (Neve Campbell dans un rôle bizarrement transparent), l'atler ego du président n'a désormais que deux options : le doubler ou rentrer dans le rang. La guerre est ouverte, que le meilleur Underwood gagne.
Du meilleur on attend le meilleur. Cette saison 4 de House of Cards se prend l'adage en pleine face. Après un démarrage poussif de quatre ou cinq épisodes (long…), quasi huis clos entre les époux terribles, la saison démarre mollement, mettant en scène la chute d'un homme et l'émancipation d'une femme à coups de situations souvent énormes ‑soit‑ mais sans intérêt scénaristiquement parlant ou en manque de personnages secondaires consistants. En fait, seul Doug (excellent Michael Kelly), l'obscur conseiller du président, réussit à occuper l'écran face à deux comédiens au‑delà de la maîtrise. Une série avec ses multiples réalisateurs, aussi haut de gamme soit‑elle, resterait donc qu'une série, voire un soap à force de saisons ? C'est la dure réalité que nous aurions préférée oublier. Filmer le plan ou juste un plan ? C'est toute la différence avec le cinéma.
Quelques traits de génie tout de même : un trio amoureux inédit allant à l'encontre de la culture présidentielle américaine, un « Yes we can » qui tombe à point nommé et une reconstitution fidèle de l'attaque de Ben Laden depuis la situation room, ici remplacée par une prise d'otages à haut risque. La moralité de l'histoire n'est pas belle : « À défaut de maîtriser le chaos, créons‑le », concluent froidement les Underwood. Cerise aigre sur un gâteau plutôt mou.