Sense8 saison 1
Alliance du meilleur des Wachowskis (Matrix, Speed Racer, Cloud Atlas) et de Michael Straczynski (les scénarios de World War Z et Thor), Sense8, première série d'un des duos les plus créatifs au cœur de la matrice hollywoodienne, ne plaira certainement pas à tout le monde. Amis Terriens, salut, passez votre chemin. Âmes sensibles, mortes d'effroi de voir le visage et le corps de Daryl Hannah se déformer sous la douleur dès les premières scènes (et ce n'est que le début…), partez maintenant ou restez à jamais. Sa mort quasi christique va donner naissance aux Sensitifs, huit hommes et femmes disséminés aux quatre coins de la planète, tous doués d'une connexion ultra‑sensorielle qui va peu à peu se révéler à eux et leur permettre d'assumer ce qu'ils sont réellement, d'embrasser leur destinée.
Dès le générique d'ouverture, concentré d'humanité dans toutes ses différences et de pure énergie positive, le ton est donné : Sense8 se positionne au‑delà de toute revendication pour imposer d'emblée sa vision des faits, ultra‑moderne : homo, trans, hétéro, d'ici ou d'ailleurs : tous du même monde, tous dotés d'une empathie à fleur de peau et d'un don si précieux qu'une organisation secrète va tout faire pour les capturer, les disséquer… les exterminer ?
Sur un tempo qui prend son temps ‑exposer huit personnages principaux, ce n'est pas rien, même dans une série‑, les Wachowskis et Straczynski tentent de casser les codes balisés de la série TV sans y parvenir totalement, mais font preuve d'une telle audace de fond et de forme que leur habituelle SF philosophico‑mystique parvient à se montrer plus touchante que jamais (le passé déchirant de la jeune Islandaise), volontairement plus dérangeante aussi (les naissances/renaissances de chaque personnage). À la fois féminine et masculine, yin et yang, brutale et d'une extrême douceur, Sense8 apparaît comme une version très personnelle du grand tourbillon intérieur de deux créateurs de génie, n'en tenant plus de dédoubler et démultiplier leurs personnages à l'infini (Larry Wachowski n'est‑il pas devenu Lana ?) pour donner naissance à quelques‑unes des scènes les plus jouissives jamais vues dans une série TV, et même ailleurs.
On veut bien sûr parler des réels moments de fulgurance de cette première saison, lorsque chacun des huit peut, à condition de totalement lâcher prise, se trouver physiquement à un endroit et se connecter et interagir avec l'environnement des sept autres. Tout cela au sein d'une même scène, multiplié par deux, quatre, six ou huit ! Sense8 ou la partouze cosmique, avec ou sans sexe. En un mot : tantrique.