Kef Q3 Meta

En présentant sa nouvelle famille « Q Series Meta », Kef propose une gamme d’enceintes polyvalentes dotées des dernières évolutions technologiques en matière de restitution sonore dérivées de celles présentes sur les modèles les plus performants de la marque. Pour notre part, nous avons pu tester en avant‑première les Q3 Meta.

 

Kef Q Meta 3, format bibliothèque

Les Q3 Meta sont de petites enceintes au format bibliothèque qui, si à première vue, ne semblent pas se distinguer particulièrement de bien des modèles du même type, illustrent parfaitement le saut qualitatif que présente cette nouvelle gamme. Comme nous avons pu le constater lors de nos écoutes, cette enceinte est prête à en remontrer à bien des concurrentes, voire à des enceintes colonnes ou même à des équipements nettement plus volumineux. Car si par ces dimensions contenues, la Q3 Meta est parfaitement adaptée aux pièces de surface modeste, elle ne rechignera pas non plus à s’exprimer avec vigueur dans des volumes nettement plus importants. De plus, elle est aussi à l’aise en tant que voies principales d’un système Home Cinéma de qualité que pour mettre en valeur toutes les subtilités d’enregistrements Hi‑Fi en stéréophonie conventionnelle. Pour parvenir à ce résultat, Kef a doté les Q3 Meta de ses toutes dernières évolutions techniques (nous revenons dessus plus bas), notamment en ce qui concerne la gestion et l’élimination des phénomènes de résonance ou de vibrations indésirables.

 

 

Kef Q Meta 3, transducteur coaxial coplanaire

Comme de tradition chez Kef, le cœur des Q3 Meta se base sur un transducteur coaxial. Il s’articule autour d’une structure Uni‑Q, véritable signature de la marque, que se partage la quasi‑totalité de ses modèles. Rappelons que cette configuration, spécifique au constructeur britannique, va encore plus loin dans le domaine du respect des phases du message sonore qu’une simple structure coaxiale conventionnelle. Ici, la localisation du tweeter par rapport au boomer est telle que la mise en phase du message sonore émis par chaque section est parfaite. Une spécificité qui n’est pas respectée lorsque l’architecture coaxiale se résume à la mise en place d’un tweeter devant le centre d’un boomer conventionnel. Dans ce cas, le centre de ce dernier et le dôme du tweeter ne sont plus coplanaires. Ce décalage induit un déphasage qui nuit à la cohérence spatiale du message sonore. Tout l’intérêt du système Uni‑Q réside justement dans la disposition coplanaire du tweeter et du boomer pour un respect parfait des phases au sein du message sonore.

 

Kef Q Meta 3, zoom sur les boomer/tweeter

Sur la Q3 Meta, le haut‑parleur de graves, d’un diamètre de 165 mm, est un grand classique de Kef. Il dispose d’un cône réalisé en aluminium, matériau associant une grande rigidité à une très faible masse. De plus, pour limiter encore le risque d’apparition d’ondulations de surface de sa membrane, notamment lors des transitoires les plus extrêmes, des nervures viennent la rigidifier. Par ailleurs, comme pour toute structure Uni‑Q, le cône du boomer fait aussi office de pavillons pour offrir au tweeter une meilleure répartition spatiale de l’aigu. Par ailleurs, Kef semble avoir définitivement proscrit l’usage d’une structure en demi‑rouleau pour la suspension périphérique de la membrane. Une suspension, baptisée Z‑Flex, basée sur un caoutchouc nervuré, offre à celle‑ci un débattement important sans pour autant présenter de bourrelet proéminent. À noter que ce type de suspension, assez rigide, explique qu’il soit indispensable de roder assez longuement les enceintes avant qu’elles s’expriment pleinement.

 

 

De plus, outre ces spécificités déjà présentes sur de nombreux modèles de la marque, le boomer des enceintes de la série Q exploite une nouvelle structure hybride pour sa membrane. Une « peau » concave peu profonde en aluminium est maintenue par un cône en papier. Une structure qui offre à la membrane une rigidité encore une fois renforcée, ce qui a pour effet de réduire encore le risque d’apparition de résonances indésirables toujours liées à des phénomènes d’ondulation de surface. Le tweeter, pour sa part, se dote d’un dôme aluminium de 25 millimètres. Comme de tradition sur les structures Uni‑Q, il prend place au centre de la membrane du boomer. Contrairement à ce que pratiquent d’autres constructeurs qui exploitent un circuit magnétique unique pour les deux haut‑parleurs, Kef lui a offert son propre circuit magnétique mettant en œuvre un puissant aimant néodyme. Ce point limite considérablement les interactions qui peuvent exister entre les deux transducteurs. 

 

Kef Q3 Meta, technologie MAT inside

De plus, ces enceintes font massivement appel à des matériaux type MAT. Ils se basent sur une structure en forme de disque sur lequel est gravé un véritable labyrinthe. Ses méandres ont pour objectif de piéger et ainsi d’éliminer l’onde arrière du tweeter. Cet élément se comporte comme un véritable « trou noir acoustique ». Il absorbe 99% de l’onde arrière du dôme. Baptisé MAT, pour Metamaterial Absorpsion Technology, ce dispositif garantit une grande linéarité dans l’aigu, d’où l’absence de coloration ou d’agressivité, associée à une forte réduction de la distorsion sur le haut du spectre audible. Ce nouveau concept de haut‑parleur Uni‑Q de 12e génération est présent sur l’ensemble des enceintes de la nouvelle famille Q Series.

 

 

Kef Q Meta 3, cylindres de mousse fournis

La charge bass‑reflex associée au boomer occupe l’intégralité du volume interne de l’ébénisterie des enceintes. Elle est décompressée par un évent débouchant sur la face arrière des enceintes. Intéressant, pour adapter au mieux le comportement des enceintes à l’acoustique de la pièce d’écoute, Kef fournit des cylindres de mousse permettant d’obstruer partiellement, ou même totalement, l’évent. C’est essentiellement sur la restitution du bas du spectre audible que jouent ces cylindres de mousse. Ils permettent d’éviter que le grave devienne envahissant si les enceintes sont placées à proximité d’un angle de la pièce, par exemple.

 

 

Kef Q Meta 3, filtre optimisé à travers plus de 1 000 points de mesure

Le filtre est lui également le fruit de recherches approfondies. En effet, pour offrir un raccordement optimal entre le boomer et le tweeter, les ingénieurs de Kef ont réalisé plus de 1 000 points de mesure dans leur laboratoire britannique logé à Maidstone, au Royaume‑Uni. C’est ainsi le comportement global de l’enceinte qui est pris en compte pour la conception de ses filtres et non de simples valeurs issues des caractéristiques des haut‑parleurs sans tenir compte de leur environnement. Dans le même esprit, le concept Shadow Flare exploité par les enceintes de la série Q réduit la diffraction indésirable de l’onde sonore liée à la géométrie du coffret des enceintes et permet ainsi au système Uni‑Q de s’exprimer pleinement. Bref, vous l’aurez compris, à l’instar de la nouvelle série Q signée Kef les Q3 Meta s’avèrent un concentré de technologies.

Comme pour toute enceinte basée sur une configuration coaxiale de ses haut‑parleurs, le point fort des Q3 Meta réside dans la précision de la localisation spatiale des différents éléments que compte la scène sonore à restituer. Chaque objet sonore trouve très naturellement sa place au sein de l’image sonore. Cette précision de localisation est tangible tant dans le positionnement des différents éléments qui la composent dans sa largeur qu’en profondeur.

 

Kef Q Meta 3, remarquable relief de la scène sonore

L’image sonore se dote ainsi d’un relief remarquable, même lors de l’écoute d’univers sonores particulièrement complexes et chargés. Une spécificité mise en exergue lors de notre traditionnelle écoute de Three pièces for Blues and Symphony Orchestra de William Russo interprété par l’orchestre symphonique de San Francisco sous la direction de Seiji Osawa. En dépit de la réverbération assez marquée qu’offre la salle de l’Opéra de San Francisco, chaque musicien se localise parfaitement et se détache avec une remarquable précision.

 

 

L’espace stéréophonique retrouve ainsi une ampleur véritablement tridimensionnelle qui offre à l’image sonore un relief particulièrement séduisant. L’intervention du triangle, qui se fait entendre durant l’un des rares instants plus calmes et feutrés de l’œuvre, illustre bien ce comportement. Non seulement il se trouve parfaitement positionné, légèrement à droite du centre de l’espace sonore, mais sa note cristalline semble réellement provenir de très loin, des fins fonds de la salle, ce qui est le cas en réalité.

 

Kef Q Meta 3, la technologie MAT profite au médium

Un autre atout des Kef Q3 Meta se loge dans la qualité de leur médium et de l’équilibre tonal qu’elles offrent. Les voix, notamment, sont restituées avec beaucoup de chaleur, de naturel et de présence. Un comportement que favorise très certainement le dispositif MAT d’élimination des résonances indésirables (complètement à droite sur la photo ci‑dessous du HP Uni‑Q 12e génération). L’écoute de diverses plages de Bernard Lavilliers nous a permis de vérifier ce point. Les Kef Q3 Meta ont toujours respecté son timbre de voix sans pour autant que celle‑ci se trouve noyée dans le reste de l’orchestration et notamment par la guitare basse, particulièrement présente. Un registre que gèrent les Q3 Meta avec une aisance et une profondeur déconcertantes.

 

 

Kef Q Meta 3, de l'énergie à revendre

Précisons que cette gestion du grave est assez surprenante pour des enceintes de ce gabarit. Outre sa profondeur, il bénéficie d’une belle franchise. Très vif, il ne donne jamais dans le ronflant pour peu que les Kef Q3 Meta soient correctement disposées au sein de la pièce d’écoute et, éventuellement, que des mousses d’obstruction, partielle ou totale, des évents aient été mises en place. Il est vivement conseillé d’explorer différentes combinaisons. En effet, comme les Q3 Meta sont généreuses dans le grave, obstruer leur évent ou les déplacer de quelques centimètres permet de modifier leur comportement et de l’adapter au mieux au goût de chacun. Ici encore, grâce à leurs capacités de gestion des dynamiques les plus appuyées, les Kef Q3 Meta offrent beaucoup de réalisme à la restitution. En dépit de leur taille, ces enceintes assurent au solo de batterie de Take Five de Dave Brubeck, par exemple, une énergie qui ne se rencontre que rarement sur des enceintes au format bibliothèque. Lors de l’écoute de cette même plage, nous avons aussi apprécié le comportement des Q3 Meta dans l’aigu. Leur tweeter a toujours su offrir aux cymbales une excellente présence sans pour autant donner dans l’agressif ou l’excès de brillance. 

 

Avec les Q3 Meta on retrouve la précision de l’aigu propre à Kef. Il est clair que le tweeter grimpe haut, mais il le fait sans agressivité en trouvant le juste équilibre entre brillance et douceur. Si cet excellent comportement dans le haut du spectre se ressent notamment sur les percussions ou les sons les plus extrêmes de musique électronique, il offre aussi aux voix un phrasé très naturel. La sensation de présence du chanteur est bien là. Un effet de transparence que nous avons notamment ressenti sur la voix de Zaz avec le titre Dans ma rue.

 

Avec les Q3 Meta, Kef nous fait une proposition plus qu’alléchante. En effet, proposer une paire d’enceintes équipées de transducteurs coaxiaux de ce niveau sous la barre des 700 € la paire relève du défi. Comme de tradition chez la marque, le système Uni‑Q, encore amélioré par la mise en œuvre de la technologie MAT, offre à la scène sonore une précision spatiale et un relief remarquables. Enfin, côté dynamique, les Q3 Meta ne sont pas en reste. Si leur rendement n’est qu’assez modeste, 87 dB, la puissance qu’elles admettent est suffisante pour affronter sereinement les pics de dynamique. Certes, elles ne sont pas conçues pour « sonoriser Bercy », mais elles permettront d’atteindre une pression acoustique plus que suffisante, 109 dB à 1 m, dans un salon, même de dimensions assez généreuses.

 

 

Au final, au-delà de nos morceaux musicaux obligés ‑véritables juges de paix‑ pour jauger de leurs performances, les Kef Q3 Meta font partie des rares enceintes qui nous ont donné envie de piocher encore et encore (et encore…) dans notre bibliothèque musicale rien que pour le plaisir de l’écoute. Commencée en début d’après‑midi, la séance musicale jubilatoire et revigorante de bout en bout a duré jusqu’au début de la nuit, sans jamais voir le temps passé. Seule la faim nous a décidés à clore la session. Difficile de trouver plus beau compliment…