par Gwendal Lars
le 23 mars 2021

Bowers & Wilkins 607-S2

A
note
8.3
10
label
prix
599 €
les plus
  • Limpidité du message sonore
  • Finesse de l’aigu sans agressivité
  • Naturel du médium
  • Bonne assise
  • Prix contenu
  • Possibilité de bi‑câblage ou bi‑amplification
  • Qualité de fabrication
les moins
  • Évent arrière sur les enceintes
  • Design assez banal
présentation

Nous testons régulièrement les productions de Bowers & Wilkins. Nous nous étions intéressés aux petites 607 il y a déjà deux ans environ et elles nous avaient convaincus par leur comportement surprenant pour des enceintes d’un aussi petit gabarit. Aujourd'hui, nous accueillons dans notre laboratoire une nouvelle déclinaison de ces enceintes commercialisée pour le 55e anniversaire de la marque, baptisée 607‑S2. Et si les similitudes avec le modèle antérieur sont nombreuses, des améliorations ont été apportées sur les S2. L'occasion pour nous de procéder à un nouveau banc d’essai.

 

 

Avec les 607‑S2, on retrouve bien entendu le format bibliothèque aux dimensions toujours extrêmement réduites. Considérées par B&W comme un équipement d’entrée de gamme, elles conservent également un prix serré. Néanmoins, ces enceintes seront parfaites pour sonoriser les petits volumes dans lesquelles elles s’intégreront facilement grâce à leur faible encombrement. Précisons enfin que, chez B&W, la mention « entrée de gamme » n’est jamais synonyme de qualité dégradée, loin de là. Comme les 607, les 607‑S2 bénéficient de tout le savoir‑faire de la marque britannique. Vous allez le constater, plusieurs éléments témoignent des transferts de technologies conçues par B&W pour doter ses productions les plus abordables de caractéristiques exceptionnelles.

En fait, c’est toujours sur les éléments « annexes » que Bowers & Wilkins serre les coûts de production afin de préserver l’essentiel. Par exemple, les ébénisteries adoptent une finition vinyle et ne font plus appel aux placages en bois véritable verni. Néanmoins la finition en noir ou blanc satiné des 607‑S2, bien qu’assez fruste, possède au moins l’avantage de s’harmoniser avec tout type de décoration d’intérieur.

 

Tweeter à charge spécifique

B&W a donc préservé l’essentiel pour que les 607‑S2 héritent de l’âme du constructeur. Elles se dotent donc du célèbre tweeter à charge Nautilus. Comme pour tous les éléments de la gamme 600, il se base sur un dôme aluminium 25 mm en lieu et place du dôme diamant des enceintes de la série 800.

 

Certes, si les performances du tweeter dans l’extrême aigu s’en trouvent légèrement amoindries, ce choix reste indispensable pour abaisser le coût de production de ces nouvelles venues. De même, si opter pour l’aluminium peut sembler être un choix banal, B&W n’a pas manqué d’offrir à son tweeter une structure particulière. Outre le fait qu’il est couplé à une charge Nautilus destinée à amortir l’onde arrière du dôme, ce dernier adopte une structure dite « double dôme découplé ».

 

 

Cette solution offre à l’équipage mobile un excellent rapport masse/rigidité. Il est ainsi capable de répondre aux moindres sollicitations comme aux impulsions les plus rapides avec une forte réactivité et sans déformations de surface qui pourraient être à l’origine de coloration, ou de distorsion, du message sonore. Autre point important pour la fluidité de l’aigu, cette configuration repousse la fréquence de résonance du tweeter à 38 kHz, donc au‑delà du spectre audible, ce qui procure à l’aigu une transparence et une clarté exemplaire. Les 607‑S2, tout comme leurs aînées, seront ainsi parfaitement en mesure de restituer toutes les subtilités des meilleurs fichiers Hi‑Res Audio.

 

Cône FST Continuum pour le boomer

Comme pour leurs grandes sœurs, B&W a opté sur les 607‑S2 pour un boomer 130 mm à fort débattement pour la restitution du bas du spectre. Il se base sur une structure en fibres tissées chère à la marque. Ce nouveau matériau, baptisé FST Continuum, est aussi exploité pour la fabrication du haut‑parleur de médium des enceintes colonnes de la série 800. Bien que la marque tienne sa composition confidentielle, son aspect métallique évoque du Mylar tissé. Cependant il est difficile d’en dire plus sur sa composition exacte. Par ailleurs, il dispose d’une très grande stabilité dans le temps. Un point qu’il faut effectivement prendre en compte, les vibrations et autres sollicitations mécaniques mettant bien des matériaux à rude épreuve.

 

 

Précisons que l’atout majeur de la technologie FST Continuum réside dans l’excellent rapport rigidité/masse qu’elle confère à l’équipage mobile du boomer. Sa faible masse lui permet d’être vif, franc et réactif tandis que sa forte rigidité évite l’apparition d’ondulations de surface lors des sollicitations de la bobine mobile logée au centre du haut‑parleur. En effet, en raison du principe de fonctionnement d’un HP, il est évident que les contraintes les plus fortes s’exercent au centre de la membrane. Sur un HP idéal, le cône doit se déplacer sans déformation, comme un piston, depuis son centre jusqu’à sa suspension périphérique. Mais il ne s’agit là que d’une vision théorique et idéale du comportement dynamique de la membrane. Dans les faits, des ondulations tendent à se former sur la surface du cône. Minimiser et maîtriser ces phénomènes ondulatoires indésirables est capital pour une restitution franche, limpide et naturelle. 

 

Nouvau filtre pour les B&W 607-S2

Rappelons que les 607‑S2 sont des enceintes deux voies et Bowers & Wilkins a apporté des modifications majeures à son filtre. Si la fréquence de transition entre les deux haut‑parleurs et la pente de chaque filtre restent inchangées, ce sont les composants mis en jeu pour la réalisation de cette unité de filtrage qui ont été optimisés (cf. photo ci‑dessous). Pour son câblage B&W a sélectionné, entre autres, de nouveaux condensateurs de haute qualité associés à des inductances conçues sur la base de fil de cuivre également sélectionné avec le plus grand soin. Un gain qualitatif qui se traduit par une restitution encore plus limpide.

 

 

Attention aux murs…

Enfin, tout haut‑parleur doit être associé à une charge acoustique adaptée à ses caractéristiques électromécaniques pour s’exprimer pleinement. Comme nous l’avons vu, le tweeter dispose de sa propre charge, fruit d’études approfondies. Pour le boomer c’est l’intégralité du volume interne de l’ébénisterie de l’enceinte qui lui est dédiée. Comme de tradition sur la plupart des enceintes de petit format, cette charge est de type bass‑reflex. Un évent, doté d’une texture qui a pour vocation d’éliminer les bruits d’air, la décompresse. Il débouche à l’arrière des 607‑S2. Il sera donc déconseillé de les plaquer contre un mur, sous peine de dégrader fortement leur comportement dans le grave. Comme souvent chez B&W, des mousses sont fournies (cf. photo ci‑dessous) pour obstruer partiellement, ou totalement, l’évent en fonction des spécificités acoustiques de la pièce d’écoute ou de la disposition des 607‑S2 par rapport aux murs et angles.

 

spécifications
  • référence Bowers & Wilkins 607‑S2
  • type 2.0
  • bibliothèques 607-S2 (0 € la paire)
  • bande passante 40 à 33 000 Hz
  • puissance 100 W
  • efficacité 84 dB
  • boomer 13 cm
  • tweeter 25 mm
  • dimensions l. 165 x h. 300 x p. 207mm
  • poids 4,7kg
concurrence

Dynaudio propose les petites Elit M10 (599 € la paire). Doté d’un boomer 140 mm et d’un tweeter à dôme 28 mm, c’est le modèle le plus compact de la marque.

 

Chez Elipson, les Prestiges Facet 8B (590 €) s’adressent également aux petits volumes. Leur boomer 170 mm leur offre une bonne assise dans le grave. Il est cerclé d’un pourtour en gomme synthétique afin d’éviter l’effet de baffle de la façade des enceintes.

 

Les Oberon 3 (560 €) conçues par Dali disposent d’une grande polyvalence. Elles seront aussi bien adaptées à la fonction de satellites Home Cinéma qu’à celle d’enceintes principales.

concurrence
  • référence Bowers & Wilkins 607‑S2
  • type 2.0
  • bibliothèques 607-S2 (0 € la paire)
  • bande passante 40 à 33 000 Hz
  • puissance 100 W
  • efficacité 84 dB
  • boomer 13 cm
  • tweeter 25 mm
  • dimensions l. 165 x h. 300 x p. 207mm
  • poids 4,7kg
verdict technique

La mise en service des B&W 607‑S2 est simple. Leur bornier, de belle qualité, accepte les fiches bananes comme les fourchettes ou même les câbles de forte section. Leur raccordement peut se faire soit de manière conventionnelle, en conservant les straps d’origine, soit en bi‑câblage, voire en bi‑amplification.

 

 

Histoire de mousses d'occultation

On retrouve chez les 607‑S2 le tempérament naturel et fluide coutumier de la marque. Si le grave descend avec beaucoup d’aisance, il reste propre et bien charpenté. Jamais envahissant, il se garde de « polluer » la franchise du message sonore. Il est conseillé de réaliser différentes écoutes en utilisant, ou non, les mousses d’occultation d’évent. En obstruant partiellement ou totalement l’évent (cf. photos ci‑dessous) elles modifient de manière très significative le comportement des 607‑S2 dans le grave. Ici, il ne s’agit pas exclusivement de considérations liées à la localisation des enceintes au sein de la pièce. Une bonne dose de subjectivité est à prendre en compte, chacun disposant de sa propre « vision » de ce que doit être la restitution. Mais ces réglages jouent essentiellement sur le grave profond et donc l’assise de la restitution.

 

 

Détail des écoutes

Par ailleurs, nous avons pu constater que la transition vers le médium puis l’aigu se fait avec une très grande douceur. Aucun « trou » n’est décelable et, sur cette portion du spectre, le comportement des 607‑S2 est d’un excellent niveau. L’aigu, enfin, bénéficie de toute la pureté qu’apporte la charge acoustique type « Nautilus » associée au tweeter. Autant de spécificités qui garantissent aux 607‑S2 beaucoup de naturel et de vie. La limpidité du message sonore est encore accrue par rapport aux versions précédentes de ces petites enceintes bibliothèque. Un ressenti probablement lié à l’optimisation et la montée en gamme des composants du filtre. Ainsi, les 607‑S2 s’adaptent sans rechigner à tout type de musique. Nous avons pu vérifier cette aisance lors de nos différentes écoutes.

 

 

C’est sur les voix que le comportement des B&W 607‑S2 nous a encore une fois séduits. Les enregistrements dépouillés sont souvent difficiles à reproduire avec naturel. En effet, tout ajout, réverbération ou traîne indésirable est beaucoup plus facilement décelable que lorsque de tels phénomènes sont noyés dans une orchestration plus riche. L’écoute de Dans ma Rue de Zaz, sur ce plan, s’est avérée être la plus intéressante. Seul un piano accompagne la chanteuse. Les 607‑S2 ont su offrir à sa voix une belle présence, associant un phrasé ciselé au respect de son timbre tout en laissant le piano habiller cette atmosphère sobre et pleine d’émotion.

Dans le même esprit, ces enceintes ont aussi déjoué les pièges de Fever d’Elvis Presley. Ici c’est toute la rondeur du jeu de la contrebasse associée à la chaleur de la voix du chanteur qu’ont su pleinement exploiter les 607‑S2. Enfin elles font aussi preuve d’une belle rapidité dès qu’il s’agit de restituer sans la moindre traîne les claquements de doigt.

 

 

En ce qui concerne l’image stéréophonique les 607‑S2 sont également plus que satisfaisantes. L’écoute de Requiem pour un con (version remix 91) de Serge Gainsbourg leur a permis de le prouver. La voix du chanteur trône au centre et en avant‑plan de la scène tandis que les cœurs semblent venir de très loin, du plus profond de l’image sonore tout en bénéficiant, en dépit de cette position reculée, de beaucoup de relief. L’orchestration, pour sa part, s’ouvre très largement pour encadrer ces voix. Chaque instrument est parfaitement localisable. En somme, une image sonore ample, qui fourmille de détails et, qui plus est, bénéficie d’une dynamique surprenante pour d’aussi petits coffrets.

 

 

Sur un registre plus classique les 607‑S2 tirent aussi très bien leur épingle du jeu. La dynamique dont elles font preuve leur permet de répondre à bien des situations. Un comportement illustré par l’écoute de notre habituelle plage de test, Three pièces for Blues and Symphony Orchestra de William Russo exécuté par l’orchestre symphonique de San Francisco sous la direction de Seiji Osawa. Restituer la réverbération qu’induit la salle de l’opéra de San Francisco sans brouiller le message n’est pas à la portée de toutes les enceintes. Les B&W 607‑S2 s’en sont sortis de manière plutôt satisfaisante pour offrir à cette prestation une ampleur et un relief digne d’équipements nettement plus coûteux. 

 

Enfin, les styles musicaux les plus récents ne les rebutent pas non plus. L’écoute de plages de reggae, comme Dis‑Le de Baz Baz ou Rafales de Bernard Lavilliers, nous a aussi prouvé que les 607‑S2 ne baissaient pas les bras devant certaines déferlantes de basses, du moins tant que l’écoute se fait à niveau raisonnable, soit un volume plus que suffisant pour les pièces de surface moyenne auxquelles elles sont plus particulièrement destinées.

 

 

Conclusion

Ce qu’il a de bien avec Bowers & Wilkins c’est, sauf accident, l’assurance de ne jamais être déçu. Et ce peu importe le matériel choisi au sein de la gamme du constructeur britannique. Ce dernier fait en effet preuve d’une remarquable constance dans la qualité de ses productions, toujours digne de sa réputation. Comme attendu, et pour faire écho à notre remarque en début de cette section Verdict Technique, à propos des produits entrée de gamme proposés par B&W, les 607‑S2 ne dérogent pas à la règle.

 

Et pour revenir sur leurs petites sœurs, sachez que les 607‑S2 font tout un poil mieux que les B&W 607, notamment en termes de transparence. C'est vraiment remarquable. Des petites enceintes donc, qui en dépit de leur prix serré sauront se faire apprécier des amateurs de musique exigeants. Idéales pour les pièces d’une surface entre vingt et trente mètres carrés, elles sauront se faire oublier et méritent d’être associées à des électroniques de qualité.

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