J'irai dormir à Hollywood
D’Est en Ouest, un baroudeur seul, caméras numériques lilliputiennes vissées autour d'une immuable chemisette rouge, traverse les États-Unis sans but précis, en favorisant les rencontres et laissant faire le hasard. De New York à Miami en passant par la Nouvelle-Orléans et Los Angeles, si l’aventure a des airs de périple touristique, elle se révèlera surtout humaine.
Plus routard que guide (c'est le moins que l'on puise dire !), Antoine de Maximy partage sa passion des voyages et des hommes avec une décontraction et un style qui n’appartiennent qu’à lui. Toujours audacieux, souriant, parfois naïf, l’homme a fait ses classes dans l'armée, service cinéma. Débrouillard (qui sait réparer une courroie qui vient de lâcher avec un collant piqué à une Indienne de nos jours ?), blagueur, jovial, gaffeur, charmeur, il tchatche plus vite que son ombre, pousse les portes comme personne, danse, fait du vélo, repeint un corbillard, pédale comme un dingue derrière une calèche amish et maîtrise la langue de Shakespeare avec un accent so frenchy irrésistible.
Son introspection dans le pays de l’Oncle Sam, aussi cocasse qu'effrayante, constitue une exploration atypique du peuple américain. Du rire aux larmes, de l'ancien soldat au couple cajun en passant par les délaissés de l'ouragan Katrina et les vieux acrobates de Central Park, le voyage tourne à la galerie de portraits tous plus atypiques les uns que les autres (comment un peuple constitué d'êtres aussi différents peut-il former un tout ?).
Loin des documentaires spectaculaires et faciles, de Maximy évite les pièges et les clichés, la joue roots à 200% et décline dès que possible son idée-concept de génie : dormir chez l'habitant. Mais à Hollywood, qui sera prêt à l'accueillir ? Un final aussi surprenant qu’émouvant, à la hauteur de ce film dont on retire forcément un enseignement, chacun à son niveau.