Drone Games
Ni vraiment film de casse, ni pur film d'action, difficile de classer Drone Games dans un genre particulier tant son principal objet est un voyage sensoriel dans les airs et au sol, aux côtés d'une bande de jeunes anarchistes/dronistes adeptes d'expériences en tous genres et souvent illégales. Quand Tom (Orlando Vauthier), un ado timide du Sud‑Ouest, croise la route du charismatique Joachim (Axel Granberger) et son groupe mi‑hippie mi‑geek (très bonne Angèle Metzger), il va enfin pouvoir assouvir sa passion de pilote de drone FPV (First Person View) et fuir son quotidien bien trop glauque pour son jeune âge. Sur une côte landaise aux faux airs de Road 66, entre kilomètres de plage et vastes étendues de pins, ils vont s'adonner à des fêtes sans limites et à des braquages d'un nouveau genre.
Quelque part entre le vintage de WarGames (John Badham, 1983) et le souffle de Point Break (Kathryn Bigelow, 1991), Drone Games développe son propre univers, esthétique notamment. Alternant les formats d'image (1.33, 1.85, 2.35, tout y passe) et les astuces optiques altérant les couleurs et le piqué attendus sur ce genre de film plutôt tech, le réalisateur Olivier Abbou télescope poésie, ambiance atmosphérique et plans aériens virtuoses filmés par drones (tout est réel, sans trucage). Longs travellings dans les airs, folles accélérations à tous les étages d'un parking ou d'une usine peuplés d'obstacles, flics pas très fins (le côté pas crédible du film, quand le Raid est mis K.O par des teufeurs sous acides), on se croirait parfois dans un jeu vidéo qui aurait fusionné avec Virgin Suicides de Sofia Coppola.
Drame résolument solaire, le film Olivier Abbou (Les papillons noirs, Furie, Territoires) prend lui aussi le temps d'esquisser des personnages forts en même temps que le portrait d'une jeunesse en quête de sensations fortes, hors système, ultra‑consciente d'enjeux plus globaux. Une bonne surprise portée par des acteurs à suivre et une BO électro/indus taillée sur mesure par Clément Téry.