par François Coulaud
09 décembre 2020 - 16h31

Warrior saison 2

année
2020
Réalisateurs
InterprètesAndrew Koji, Olivia Cheng, Jason Tobin, Dianne Doan, Kieran Bew, Hoon Lee
plateforme
genre
notes
critique
7
10
A

À la fin du XIXe siècle, Ah Sahm (Andrew Koji), jeune émigré chinois prodige es‑arts martiaux, est venu chercher sa sœur Mai Ling à San Francisco. Il a découvert que Mai Ling (Dianne Doan) ne voulait pas rentrer en Chine et dirigeait désormais un gang mafieux (aussi appelé Tong), les Long Zii. Ah Sahm s’est alors lié d’amitié avec Young Jun (Jason Tobin), le futur patron d’un Tong adverse, les Hop Wei, qu’il a fini par servir.

 

Cette saison 2 démarre dans un moment de grande tension. Les migrants chinois sont à couteaux tirés avec les émigrés irlandais qui les accusent d’accepter des emplois sous‑payés, et Blake, l’édile de San Francisco, ne cesse d’aviver ces rivalités. Young Jun, lui, ne se satisfait plus d’attendre d’hériter de son père. Et Mai Ling, pour asseoir son pouvoir, noue des relations à la fois avec la mairie ainsi qu’avec Zing (Dustin Nguyen), l'ultra‑violent boss du Tong Fung Hai. Tout semble mener à une prochaine escalade de fureur dans Chinatown sur fond de corruption et de trafic d'opium.

 

Warrior est un objet sériel curieux inspiré d'un projet télé inabouti développé dans les années 70 par Bruce Lee. Ce projet, intitulé Ah Sahm, du nom du héros que Lee espérait incarner, a plus tard été « volé » puis détourné sous forme de série avec Kung Fu (David Carradine). Basée sur le traitement original de Bruce Lee renové pour l'occasion, Warrior, pilotée par Jonathan Tropper, le showrunner de Banshee, se positionne comme une sorte de Deadwood centré sur la communauté chinoise de San Francisco. Une chronique cruelle et crasseuse soutenue en saison 1 par une mécanique un peu répétitive faites de scènes d’action impressionnantes saupoudrées de sexe. Une saison 1 surtout axée sur l’installation du décor, les principaux personnages et un contexte d'extrême racisme. Cette seconde saison respire et voit plus loin.

 

Si elle comporte toujours d’âpres bastons, Warriors saison 2 a mis la pédale douce côté sensualité pour détailler avec plus de profondeur tous les protagonistes et leurs relations. C’est donc une forme de maturité que Warrior décroche ici en nuançant des personnages initialement unidimensionnels. Particulièrement Young Jun, l’héritier chien fou du Tong Hop Wei, le policier corrompu Bill O’Hara (Kieran Bew) ainsi que le vindicatif syndicaliste irlandais Dylan Leary (Dean Jagger). Ces heureux développements n’épargnent hélas pas à cette saison 2 de s'égarer parfois dans des sous‑intrigues faibles, tel le début de romance entre Ah Sahm et l’organisatrice de combats Rosalita Vega (Maria‑Elena Laas), à la limite du hors sujet.


Malgré ces scories narratives, il faut reconnaître une grande efficacité à cette nouvelle saison mise en scène avec nervosité et nourrie par un casting impliqué. Non seulement elle ravira les amateurs d’action ‑notamment une hallucinante émeute raciale‑ mais déploie aussi une plus nutritive et réjouissante maille de complots multiples. On a hâte de découvrir comment tout cela va évoluer… mais on n’aura pas forcément l’occasion de le faire. Cinemax, la chaîne finançant la série, a en effet annoncé début 2020 l’arrêt de toutes ses productions originales. Désormais, tous les espoirs d’un possible Warrior saison 3 reposent sur un transfert, pour l’heure hypothétique, du programme à HBO Max. Croisons les doigts.

 

En attendant, Warrior saison 1 et 2 sont visibles sur OCS.

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test
streaming
cover
- de 16 ans
disponibilité
02/10/2020
image
10 x 55'
1.78
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Anglais Dolby Digital 2.0
Français Dolby Digital 2.0
sous-titres
Français
7
10
image

La qualité d'image est globalement très satisfaisante avec un bon piqué et d'intéressants effets de profondeur de champ. On soulignera le traitement particulier de l'image des séquences nocturnes, légèrement désaturé mais avec de jolies flamboyances (costumes, éclairages). Du beau boulot signé Giulio Biccari, parfaitement raccord avec l'esthétique noircie inaugurée en saison 1.

5
10
son

Un travail ciselé de la bande‑son qui se montre impactant lors des bagarres malgré une stéréo 2.0. La VOST semble obligatoire tant la direction artistique tricolore a pris (trop) de libertés avec les voix françaises.

7
10
bonus
- Becoming Warrior 1. The Student (jeunesse de Bruce Lee) (3')
- Becoming Warrior 2. The Teacher (l'enseignement et les arts martiaux rénovés par Bruce Lee) (5')
- Becoming Warrior 3. The Didekick (démarrage à Hollywood et gloire de Lee de retour à Hong-Kong) (5')
- Becoming Warrior 4. The Super Actor (comment Bruce Lee concevait son métier d'acteur) (4')
- Becoming Warrior 5. The Warrior (le projet avorté de Warrior) (5')
- Becoming Warrior 6. The Script (traitement du script original de Bruce Lee) (3')
- Becoming Warrior 7. The Series (comment Warrior s'est montée, les racines historiques du projet) (5')
- Becoming Warrior 8. Legacy (le casting asiatique) (6')

Bravo OCS ! De courts modules informatifs sur la vie et la carrière de Bruce Lee, animés par des archives, une partie de l'équipe de la série mais aussi par Shannon Lee, la fille de Bruce Lee. Le portrait qui en ressort est très éloigné du Bruce Lee arrogant dépeint par Quentin Tarantino dans Once Upon a Time in Hollywood. Les intervenants exposent aussi de manière synthétique comment ils ont adapté et rénové le traitement original de la série imaginée par la défunte star. On peut aussi avoir quelques explications historiques sur les décors, le contexte ainsi que sur le casting international des comédiens asiatiques. Globalement informatif, très (trop ?) louangeux, même si le module consacré au script laisse sur sa faim.

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