The Crown saison 4
Mai 1979. Le Parti conservateur remporte les élections législatives. Margaret Thatcher devient la première femme à s'installer au 10 Downing Street. Quelques mois plus tard, une certaine Diana Spencer entre dans la vie du prince Charles. Trois personnages qui vont avoir un rôle central et tapageur autour de la reine Elizabeth II, toujours aussi viscéralement attachée à l’ordre et aux traditions.
Avec cette saison 4, les auteurs de The Crown donnent l’impression de vouloir s’éloigner de la grande Histoire pour se concentrer sur la petite, celle que les tabloïds ont mâchée et recrachée maintes et maintes fois sur la vie et surtout les travers de la famille royale. Ils frôlent cette fois le soap racoleur, appuyant bien trop fort sur les turpitudes de Charles et Diana.
Un virage narratif d’autant plus difficile à expliquer que tout ce qui pouvait faire la spécificité de la série, à savoir sa capacité à éclairer des événements si importants aux yeux des Britanniques et parfois même du monde, est oublié : le mariage de Charles et Diana n’est pas montré, la grève des mineurs, symbole de l’ère Thatcher, n’est même pas évoquée, quant à la Dame de fer, au lieu de la mettre en scène dans ses relations internationales tendues, on préfère la monter en train de préparer des œufs pommes de terre dans sa cuisine. On peut imaginer que cette nouvelle approche puisse séduire un public anglais intrinsèquement lié à la royauté, mais de l'autre côté de la Manche, le doute s’installe. Voir Diana vomir dans ses toilettes ou tromper l’ennui en faisant du roller dans les couloirs du palais pendant que Charles s'épanche sur l’épaule compréhensive de sa maîtresse, tout ça sous l’œil dédaigneux de la Reine qui, selon les auteurs de la série, préfère ses chevaux aux problèmes de ses enfants, n'est au fond guère passionnant. Les Windsor, une famille « pas formidable » finalement comme les autres ?
On se consolera avec la splendeur sublimée des décors et le jeu toujours impeccable d’Olivia Coleman qui incarne le personnage d’Elizabeth II avec une sincérité envoûtante. Une subtile partition qui tire la série vers le haut et atteint son paroxysme dans une scène de confrontation avec Thatcher (Gillian Anderson), la seule fois d'ailleurs où Anderson, davantage dans l'interprétation que dans l'imitation de son personnage, réussit à convaincre.
Moralité, si les trois premières saisons étaient des modèles de rigueur scénaristique, mélangeant habilement grande et petite histoire, cette saison 4 ne s'intéresse qu’aux coulisses les plus sordides. Souhaitons que la future saison 5 retrouve l’éclat d’une série royale.