Baron noir saison 1
FranceTélévisions 1 (Dix pour cent). Canal+ 2 (Le bureau des légendes et donc Baron noir). Soit à ce jour les trois meilleures séries françaises de ces dernières années.
Sorte de « House of Cards maison » qui se veut ultra‑réaliste, la série d'Éric Benzekri et Jean‑Baptiste Delafon se concentre elle aussi sur un couple, ou plutôt le duo formé par Niels Arestrup, candidat de gauche à la présidentielle, et Kad Merad, député du Nord et maire de Dunkerque, prêt à tout pour faire gagner son mentor et ami de toujours. Mais le taiseux Francis Laugier et le verbeux Philippe Rickwaert ne vont pas hésiter à massacrer leur amitié sur l'autel de leurs ambitions. Une histoire où amour, haine, passion, soif d'ascension et revanche sociale s'entremêlent à l'extrême.
Si notre président Frnaçois Holland n'a pas vraiment apprécié la série, regrettant la mauvaise image qu'elle véhicule de la politique (il faut dire qu'avant elle, les Français en avaient une image parfaitement intacte !), et si Julien Dray s'est reconnu dans le personnage du député borderline (ça doit swinguer à la Commission du film d'Île‑de‑France où il siège…), Baron noir est une pépite qui s'apprécie d'épisode en épisode.
Après un début poussif, les enjeux se dessinent peu à peu, cernant à la serpe et au naturel des personnages finalement jamais enclins à concilier, sûrs d'eux, hautains, froids, cyniques. À ce jeu‑là, Niels Arestrup est formidable de froideur et Kad Merad trouve sans doute son meilleur rôle. Mention spéciale à Anna Mouglalis, absolument parfaite en conseillère en communication qui nage avec classe en eau trouble, et à Michel Muller, préposé aux basses besognes plus vrai que nature. Du suicide d'un syndicaliste qui mettra le feu aux poudres aux manifestations étudiantes téléguidées depuis les partis en passant par les renvois d'ascenseur à haut risque et la case prison, Baron noir parle vrai et fait de sa spécificité française son point fort. Quelques enjeux dramatiques plus marqués et davantage de force dans la réalisation, et ces coulisses du pouvoir écrasaient tout sur leur passage.