Mustang
Premier film de la réalisatrice d’origine turque Deniz Gamze Ergüven, Mustang a été sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, et en tant que production franco‑turque, il est en lice pour représenter la France à la prochaine cérémonie des Oscars.
Dans un village isolé au nord de la Turquie, on suit le destin tragique de Lale et de ses quatre sœurs qui, en jouant innocemment avec des garçons, vont susciter le scandale dans le village. En réaction, l’oncle et la grand‑mère des jeunes filles vont transformer peu à peu la maison familiale en prison.
Véritable plaidoyer contre la condition des femmes en Turquie, Mustang est un film coup de poing pointant la situation paradoxale de la Turquie, pays faisant preuve d'un conservatisme parfois hallucinant mais aussi l’un des premiers à avoir légalisé le droit de vote des femmes dans les années 30 (contre 1944 pour la France).
La réalisatrice met parfaitement en exergue ce traditionalisme d'un autre âge et en traite les conséquences sur les cinq sœurs avec brio. Son propos, malheureusement, manque parfois de nuance. Certaines scènes se répètent comme pour mieux souligner le discours, et toutes ne sont pas opportunes, notamment quand il s'agit de montrer à tout prix l’insouciance des filles. Avec sa caméra quasi invasive et complaisante, Deniz Gamze Ergüven s’attarde trop longuement sur les formes et les dessous lors de simples jeux d'enfants.
Une impression de voyeurisme désagréable qui découle de quelques maladresses trop appuyées mais n'altère en rien la performance époustouflante des cinq jeunes comédiennes. À noter, une bande originale envoûtante composée par Warren Ellis (Nick Cave and the Bad Seeds) et une lumière aussi subtile que magnifique. On n’est pas passé loin du grand film.