The Raid 2
Rama, jeune policier indonésien tout juste sorti d’une opération catastrophe (The Raid), est récupéré par une équipe anti‑corruption clandestine. Il doit infiltrer l’une des deux familles se partageant le crime à Jakarta en devenant, en prison, l’ami de Uco, fils psychotique d’un des chefs de clan. Pendant ce temps‑là, Bejo, un criminel indépendant, a décidé de provoquer une guerre entre les deux familles pour prendre le contrôle du crime organisé.
Après l'intense choc visuel de The Raid, cette suite était plus qu’attendue. Contrairement à beaucoup de réalisateurs hollywoodiens, Gareth Evans ne s’est ni contenté de remettre le couvert, ni même de juste pousser les curseurs sur les bastons, bien que leur chorégraphie soit fascinante. Il a carrément revu toutes ses ambitions à la hausse en dotant son récit d’un vrai scénario avec de belles scènes de comédie (l’appel clandestin de Rama à sa famille, l’atroce entente entre Uco et Bejo signée dans le sang) et un montage jouant sans arrêt avec le temps et les cadrages savants (parfois aussi inutilement compliqué par des mini‑coups de théâtre brumeux qu’il serait criminel de spoiler).
Même s’il raconte une vraie histoire, The Raid 2 reste avant tout un grand, un très grand film d’action. Rien que ça. Evans explose et réinvente des scènes déjà vues mille fois (incroyable scène d’émeute de prison, stupéfiante poursuite automobile), créé des personnages instantanément iconiques (la tueuse au marteau), offre un monstrueux festival de 19 grandes bagarres toujours parfaitement lisibles, puis achève son récit par ce qui est sans doute la plus tétanisante baston finale (6 minutes) de toute l’histoire du cinéma.
Le brio insensé du réalisateur Gareth Evans, sa hargne, sa méchanceté, sa science quasi surnaturelle du rythme et son extrême violence vont littéralement vous saisir à la gorge, vous plaquer au fond du canapé et vous laisser, au générique final, au moins le souffle coupé mais plus probablement complètement sonné.
On est néanmoins presque rassurés de constater que ce film prodigieux souffre de petites scories (sous‑intrigues confusantes, plans inutiles affaiblissants parfois le rythme), d’hommages pas forcément utiles (la séquence dans le karaoké, évident clin d’œil à l’esthétique de Only God Forgives), d'une complaisance certaine avec l'ultra‑violence et parfois même de vraies pépites de mauvais goût (l’agonie du lieutenant orchestrée avec la sarabande de Haendel). Oui, les défauts de The Raid 2 sont rassurants, car Gareth Evans, diable de Gallois implanté depuis des années en Indonésie, est en train de bouleverser tous les standards du cinéma d’action mondial. Et les imperfections de cet hallucinant The Raid 2 sont simplement le signe que le meilleur reste, encore, à venir.