American Horror Story saison 1
L’histoire, ultra‑classique, met en scène la famille Harmon, soit un père psychiatre pervers (Dylan Britton, The Practice), une mère meurtrie (Connie Britton, Friday Night Lights) et une ado satanique (Taissa Farmiga, la sœur de Vera). Une famille presque normale qui va tenter de se reconstruire après une histoire de tromperie. Les Harmon s’installent ainsi à Los Angeles, dans un manoir… hanté.
Depuis peu, le mix horreur/série télé a la cote auprès de la télévision américaine et britannique. Après Dead Set (TPS Star), The Walking Dead, Bedlam (inédite en France), The River (inédite en France), Harper’s Island et Death Valley (MTV), voici American Horror Story de Ryan Murphy, le créateur sulfureux de Nip/Tuck et de Glee.
Cette série, sans doute la plus emblématique du genre, permet à son auteur de marier ses deux principales sources d’inspiration : les ados (Glee) et les déviances humaines (Nip/Tuck). Le tout est un « saignant » hommage à pratiquement cent ans de films d’horreur, du Cabinet du Dr Caligari en passant par Le portrait de Dorian Gray, Psychose, La maison du Diable, L’exorciste, Massacre à la tronçonneuse, Shining ou plus récemment Halloween, Les griffes de la nuit, L’antre de la folie et Paranormal Activity. Chacun des douze épisodes de la première saison faisant systématiquement référence à un ou plusieurs classiques du genre.
Dès le générique (dont le style et la musique rappellent furieusement celui du film Seven de David Fincher), l’atmosphère est pesante, voire délicieusement angoissante. Au rythme du son strident des violons, de centaines de litres d’hémoglobine et de rebondissements en pagaille, Ryan Murphy se vautre dans la provocation assumée et tente toutes les cinq minutes de faire sursauter son audience. Si les ficelles sont parfois grosses, il faut bien avouer que le procédé est souvent efficace. En toile de fond, l'exploitation des peurs les plus profondes d’une certaine Amérique puritaine.
Il malmène ainsi l’unité de la famille avec un adultère qui va hanter le mari comme le plus effrayant des fantômes. Il joue sur la paranoïa d’un peuple qui a toujours pensé que son territoire était inviolable jusqu’au 11 septembre 2001, en symbolisant la menace intérieure par le cœur de la maison hantée. Et crise économique oblige, la victime n’est plus issue d’une communauté particulière, mais une famille de classe moyenne blanche.
Bref, comme son nom l’indique, sous couvert de faire du sang et de la référence, American Horror Story parle de l’Amérique et de ses peurs les plus viscérales. Il faut croire que le message est bien passé aux USA, puisque quand la série débarqua sur la chaîne câblée FX, elle captiva plus de 3 millions de téléspectateurs et permit à Jessica Lange (Le facteur sonne toujours deux fois) de décrocher un Golden Globe en 2012 pour un second rôle. La série a été reconduite pour une seconde saison.