La prisonnière espagnole
Scénariste du Facteur sonne toujours deux fois, de Verdict de Lumet et des Incorruptibles de De Palma, David Mamet passe à la réalisation en 1987 avec Engrenages, un film remarqué pour sa façon de réinvestir les codes du film noir.
Avec La prisonnière espagnole (1997), Mamet continue d’inscrire ses pas dans les classiques du genre des années 1950, et particulièrement ceux d’Hithcock et de La mort aux trousses, puisque le film cale son pas sur un personnage (Campbell Scott) pris malgré lui dans un complot opaque et contraint de fuir.
Humour noir, faux‑semblants, manipulations en cascades, MacGuffin de circonstance (un système inventé par un certain Joe Ross dans le film, ingénieur que tout le monde recherche), méchant raffiné et élégant (Steve Martin, pendant du James Mason de La mort aux trousses), dimension « escapiste » du récit (ici les Caraïbes) et femme fatale (Rebecca Pidgeon), La prisonnière espagnole possède une facture classique revendiquée et c’est son côté old school qui lui confère tant de charme.
À l’époque de sa sortie, le film de Mamet fut à peine remarqué, englouti par les néo‑polars ironiques et survitaminés de Tarantino (Pulp Fiction) et Fincher (Seven), mais avec le temps, cette Prisonnière espagnole a pris une sacrée patine. Un must.