Xanadu
Un empire : Xanadu. Une famille : les Valadine. À la tête de ce royaume de la pornographie, le patriarche vieillissant Alex Valadine (Jean-Baptiste Malartre) qui, dépassé par l’avènement de nouveaux supports de communication, peine à retrouver l’étincelle des années 80 et décide de passer (non sans conflits) le flambeau à ses enfants.
Laurent (Julien Boisselier), l’aîné, tente de maintenir Xanadu hors de l’eau mais souffre de ne pouvoir s’émanciper du joug familial. Et puis il y a Sarah (Nathalie Blanc), sa sœur fraîchement débarquée de Montréal, et son frère cadet, Lapo (Swann Arlaud), individu marginal toujours en quête de nouvelles expérimentations pour une pornographie underground.
Au cœur de cet empire du sexe tentant de renaître difficilement de ses cendres, fantômes et fêlures affleurent pour exhumer une image obsédante, récurrente dans chaque épisode, l’unique égérie de Xanadu, Élise Jess (Gaia Bermani Amaral), épouse d’Alex et mère de ses trois enfants, disparue dans des conditions mystérieuses.
Xanadu, création originale au titre équivoque, est une série française qui se distingue facilement des autres, tant elle emprunte une voie subversive et des thématiques singulières. Lâchés dans l’arène impardonnable d’un nouveau millénaire qui a fini par tuer les heures glorieuses de la pornographie en studio, hardeurs et hardeuses triment pour sauver leur renommée, à la manière du Boogie Nights de Paul Thomas Anderson, la référence évidente de la série.
Les membres de la famille Valadine et ceux qui gravitent autour d’eux semblent finalement faits les uns pour les autres : enclavés dans un passé traumatique et ténébreux, ils donnent toujours l’impression de bombes défaillantes à retardement. Xanadu révèle aussi, non sans crudité, les rouages cruels du métier et la part sombre des personnages dès lors que les rapports d’intérêt, l’impitoyable conjoncture et les contraintes économiques, entachent durement leur éthique.
Dans Xanadu, l’innocence est éteinte depuis longtemps et le trou béant qu’elle laisse s’exprime lors de chaque séquence d’ouverture, introduisant Élise en star pimpante, bientôt décadente. Juste pour que le ton de la série entière soit donné. À ne pas rater.