par Gwendal Lars
le 28 mai 2018

Final Audio D8000

A
note
8.2
10
label
prix
3 499 €
les plus
  • Subtilité de l’écoute
  • Richesse des détails
  • Finesse de l’aigu
  • Dynamique
  • Etendue de la réponse en fréquence
  • Respect des timbres
  • Qualité de fabrication
les moins
  • Poids élevé
  • Prix
présentation

Le constructeur Final Audio est bien connu, et reconnu, pour la qualité de ses productions. La marque a déjà commercialisé différents modèles orientés audiophiles, notamment dans sa famille Sonorous. Cependant, il s’agissait de casque exploitant des technologies assez conventionnelles et, pour l’essentiel, des transducteurs électrodynamiques. Des éléments qui ressemblent à de mini haut‑parleurs, basés sur le même principe de fonctionnement. Avec le D8000, Final Audio s’intéresse à une technologie fondamentalement différente : la technologie dite Planar Magnétique. Ici le transducteur n’a plus rien de commun avec un haut‑parleur mais se résume à une fine membrane porteuse d’un circuit conducteur baignant dans un flux magnétique intense. Du moins, c’est là la théorie. Une structure qui rappelle donc celle des casques à transducteurs électrostatiques mais où les champs magnétiques remplacent les champs électriques.

 

 

Technologie Planar Magnétique ?

Dans la pratique, les choses restent relativement délicates à mettre en œuvre. En effet, l’intérêt majeur de la technologie Planar Magnétique est que la mise en mouvement de la membrane, on parle plutôt de diaphragme, ne se fasse plus depuis une unique force en son centre créée par la bobine mobile mais par une force beaucoup plus globale répartie sur l’intégralité de sa surface. En effet, les transducteurs électrodynamiques conventionnels, tout comme les haut‑parleurs, présentent le même problème. Lors des accélérations les plus fortes et dans l’aigu, la force qu’applique la bobine mobile à leur membrane en cône est importante. Il s’en suit de légères déformations de surface.

Plus précisément, comme nous sommes ici en dynamique et non en statique, des ondulations de surface apparaissent. En somme, tout se passe comme si de microscopiques vagues déferlaient du centre du cône vers sa périphérie. Or ces ondulations affectent la qualité de la restitution. Il faut donc les contrôler. Pour cela le cône doit être le plus rigide possible. Mais cette accroissement de rigidité se fait toujours au détriment de sa masse… ce qui compromet son efficacité dans l’aigu. Le juste compromis est délicat à trouver.

 

 

Aimants « Donuts »

Avec la technologie Planar Magnétique le problème est différent. Comme la force que crée le signal musical est appliquée à l’intégralité de la surface du diaphragme, il se déplace sans déformation. C’est d’ailleurs cette spécificité qui permet la forme conique de la membrane par un diaphragme plan. Tel un piston, il vibre de manière homogène. Du moins si les forces appliquées sur sa surface son effectivement bien réparties, ce qui sous‑entend, d’une part, que le conducteur formant l’élément moteur du système couvre la surface du diaphragme et que, d’autre part, il baigne dans un flux magnétique homogène.

 

 

Côté conducteur, Final Audio lui a offert une forme de spirale, partant du centre du diaphragme pour aller vers sa périphérie. En somme, c’est un peu comme si le constructeur avait déployé les spires de la bobine mobile d’un transducteur électrodynamique sur l’ensemble de la surface du diaphragme. Pour ce qui est du champ magnétique intense dans lequel doit baigner cet équipage mobile, deux puissants aimants l’encadrent. À noter, ce sont eux qui sont responsables du poids important du D8000. Par ailleurs, comme il se trouve sur le trajet du message sonore, ils adoptent une forme torique. Final Audio les qualifie d’aimants en « donuts ».

 

Pas de charges acoustiques…

Mais, pour offrir à son dernier‑né une transparence sonore irréprochable, Final Audio a poussé ses recherches encore plus loin et ne s’est pas arrêté à la conception de ce nouveau transducteur. En premier lieu, dans un casque, les charges acoustiques associées aux transducteurs jouent un rôle prépondérant sur son comportement. De plus, comme elles disposent d’un volume peu important, c’est souvent dans le médium que leur effet se fait le plus sentir et peut être à l’origine de colorations indésirables du message sonore. Pour résoudre ce problème, Final Audio a opté pour une solution radicale : le D8000 n’en comporte pas. Il s’agit donc d’un casque ouvert. Si ce choix élimine le risque de coloration, il ne permet pas en revanche d’offrir une certaine isolation acoustique au porteur du casque. Les écoutes devront donc se faire dans une pièce calme. Une particularité qui proscrit également l’utilisation du D8000 en nomadisme, mais ses dimensions, et surtout son poids, constituaient déjà des éléments dissuasifs.

 

 

Technologie exclusive AFDS

Toujours dans la recherche de l’excellence, pour aller encore plus loin, Final Audio a offert à son casque sa technologie spécifique AFDS : Air Film Damping System. Il s’agit d’un dispositif d’amortissement de son diaphragme (cf. courbe rouge vs courbe noire sur la capture ci‑dessous). En effet, comme tout système mécanique, lorsqu’il est soumis à une impulsion, il tend à osciller autour de sa position de repos avec un amortissement plus ou moins rapide fonction de sa masse, de son élasticité, etc. Un peu comme lorsque l’on fait tinter un verre en cristal en lui donnant une pichenette.

Or, pour un transducteur sonore, un tel comportement est inacceptable. En effet, le son restitué doit être à l’image du signal fourni. Tout amortissement non maîtrisé conduit donc a des anomalies de comportement dans les transitoires et, plus globalement, à de la distorsion. Pour offrir à son diaphragme un amortissement ultra‑rapide, Final Audio a fait appel à un microscopique « coussin d’air ». Pour cela, le diaphragme est encadré, à proximité de sa surface, par deux grilles métalliques micro‑perforées. Ainsi, la fine couche d’air qui les sépare de sa surface fait office d’amortisseur en contrôlant le flux d’air que laissent passer les perforations.

 

 

Enfin, pour une qualité de fabrication irréprochable, le Final Audio D8000 est intégralement assemblé à la main, à Kawasaki au Japon. Les multiples contrôles qu’il subit tout au long de sa production font de chaque exemplaire un équipement unique aux performances certifiées.

 

spécifications
  • référence Final Audio D8000
  • Type circumaural ouvert
  • Transducteurs AFDS Casque Planar Magnetic Driver
  • Diaphragme 50 mm
  • Sensibilité  98 dB/mW
  • Impédance  60 ohms
  • Poids 523 g
concurrence

Audeze propose le LCD‑4 aux alentours de 5 000 euros. Modèle circumaural, il est réalisé autour de matériaux nobles et n’hésite pas à associer fibre de carbone et bois véritable pour un aspect résolument luxueux.

 

Beaucoup plus abordable, le PM‑1 EU proposé par Oppo est disponible pour 1 400 euros. Lui aussi s’adresse à un public audiophile. C’est le premier modèle de la marque à exploiter la technologie Planar Magnétique.

 

Dans la même famille de prix, HifiMan dispose du Edition X dans sa gamme, proposé à 1 500 euros. Élégant, il dispose de finitions de haute qualité et d’une qualité de fabrication irréprochable.

concurrence
  • référence Final Audio D8000
  • Type circumaural ouvert
  • Transducteurs AFDS Casque Planar Magnetic Driver
  • Diaphragme 50 mm
  • Sensibilité  98 dB/mW
  • Impédance  60 ohms
  • Poids 523 g
verdict technique

À la sortie de sa boîte, le poids du D8000 inquiète. Mais une fois en place, le confort de son arceau généreusement rembourré fait quasiment oublier ce point. De même, ses larges oreillettes dotées de mousse très souple couverte de tissus n’exercent qu’une faible pression. Le confort de port du casque reste ainsi très satisfaisant, même durant des écoutes prolongées. Au niveau de la restitution, c’est une sensation de naturel qui domine l’écoute.

 

 

Écoutes exceptionnelles

De même, les moindres détails des fichiers Hi‑Res Audio s’expriment pleinement, sans toutefois tomber dans l’exagération. Les voix sont magnifiquement reproduites. Ici encore c’est une sensation de présence et de naturel qui prédomine. La chaleur de leur timbre est toujours parfaitement respectée. Une écoute de Rafales de Bernard Lavilliers est une belle illustration de ce comportement. Parallèlement à cela le Final Audio D8000 offre à l’écoute beaucoup de franchise. Clairement, la technologie d’amortissement AFDS joue pleinement son rôle. Nous n’avons constaté aucune traîne ou manque de vivacité de la restitution. Les claquements de doigts de Fever d’Elvis Presley ont mis ce comportement en évidence. Toujours sur cette même plage, la profondeur, la vivacité de la contrebasse s’expriment avec une aisance rare sur une écoute au casque. Il faut dire que la réponse en fréquence du D8000 semble être particulièrement étendue, tant dans le grave que vers l’extrême aigu.

 

 

À son sujet, nous avons pu constater qu’il ne souffrait d’aucune agressivité. Si l’aigu est présent, il reste toujours ultra‑précis et légèrement feutré (cf. capture courbe de réponse en fréquence ci‑dessous) qui confirme une atténuation de l’extrême aigu. En revanche, le D8000 présente une remarquable linéarité dans le bas‑médium et le médium, ce qui permet une restitution exemplaire des voix. En somme, on peut rapprocher le comportement du D8000 de celui d’un casque électrostatique, dynamique en plus. En effet, sur les casques électrostatiques, il n’est pas toujours possible d’atteindre un niveau d’écoute très élevé. Ici, il ne semble pas y avoir de limitation. Même à niveau d’écoute soutenu, la dynamique est donc parfaitement respectée. C’est l’écoute du solo de batterie de Take Five de Dave Brubeck qui a démontré les performances dynamiques du D8000.

 

 

Conclusion

Certes, son prix élevé risque de rebuter certains, pour d’autres ce sera peut‑être son poids, pour d’autre encore, c’est son design qui posera souci. Et pourtant, ses qualités premières, celles inhérentes à l’acquisition d’un casque, sont indéniables. Vous l’avez sans doute deviné, outre les morceaux de musique cités dans ce test, véritables juges de paix de la qualité de restitution des matériels audio, nous n’avons pu résister à enchaîner les séances d’écoute, passant en revue une bonne partie de notre bibliothèque musicale.

Croyez‑nous, cela faisait un moment que nous n’avions pas éprouver un tel plaisir à le faire. C’est pourquoi il est aisé d’affirmer que, peu importe les éléments en sa défaveur (tarif, poids…) l’écoute du Final Audio D8000 reste une expérience assurément à vivre…

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