Cloverfield
Pendant qu'une bande d'amis fêtent la promotion de l'un d'entre eux dans un appartement new‑yorkais, la Statue de la Liberté est décapitée. Sa tête s'écrase quelques blocs plus loin dans un vacarme assourdissant (référence directe à Carpenter et son Invasion L.A). Cris, pleurs, panique, la ville sombre peu à peu dans l'horreur. Scènes de violence, nuages de poussière, population errante et hagarde, animaux déboussolés, immeubles en miettes, membres arrachés… it's alive !
Un petit groupe de la soirée branchée qui battait son plein quelques minutes plus tôt se retrouve en bas de ce qu'il reste de leur building. Rob, Marlena, Lily, Jason et Hud, qui a gardé en main la caméra censée immortaliser leur nuit. Seule Beth manque à l'appel. Ils décident de partir à sa recherche dans le chaos le plus total, alors que l'armée tente d'évacuer la population.
Long métrage catastrophe post‑11 septembre produit par J.J. Abrams, filmé avec une Handycam à 1 500 $ (mais aussi la fameuse Viper utilisée par Michael Mann pour Miami Vice) et lancé sur le net à l'époque à coups de teasers anxiogènes à mort, Cloverfield aurait pu être le film vestige d'un monde passé retrouvé dans les gravats du Ground Zero. À la fois hyper‑construit (succession de bribes de différents films sur une même cassette vidéo) et d'apparence totalement fouillis (les comédiens tiennent parfois eux‑mêmes la caméra tout en improvisant leur scène), le film cultive l'effet « réel » pendant plus d'une heure sans une minute de répit. On court, on souffle, on tombe, on se relève, on voit son frère mourir sous ses yeux, on apprend son décès à sa mère au téléphone portable, on perd sa meilleure amie sous l'emprise de choses inhumaines et on essaie d'échapper à ce monstre sorti de nulle part, de cet ancien monde qui s'écroule.
Déconseillé aux cardiaques et sans renouveler totalement le genre (les références abondent), Cloverfield réinvente intelligemment ses codes esthétiques en puisant dans l'inconscient collectif encore traumatisé par les événements du 11 septembre. Facile mais efficace. Après Godzilla, on se souviendra du choc Cloverfield.