Palais royal !
Il était une fois dans une province pas si éloignée que ça, Armelle (Valérie Lemercier), une orthophoniste qui vivait une vie simple et effacée auprès de son mari Arnaud (Lambert Wilson), fils cadet du roi et glandeur de premier ordre. Une existence idyllique bientôt gâchée par un bête accident d'hélicoptère qui entraîna le monarque six pieds sous terre. Le fils aîné Alban ne pouvant espérer s'asseoir sur le trône pour cause d'incapacité à remplir toutes les obligations protocolaires exigées par le statut de roi, Arnaud se retrouva à la tête du royaume. Dans le même élan, Armelle fut propulsée princesse. Mais très vite, le conte de fées d'Armelle, qui n'avait absolument rien demandé, se transforma en cauchemar quotidien. La couronne s'avéra en fait bien lourde à porter, surtout quand belle‑maman, la reine Eugénia (Catherine Deneuve), s'en mêla…
À défaut d'une couronne, Valérie Lemercier coiffe les casquettes de scénariste, réalisatrice et comédienne. Un cumul des mandats judicieux tant elle maîtrise chaque parcelle de son sujet. Pas une figure royale n'est épargnée, pas une représentation glacée protocolaire n'est oubliée : les monarchies, Paris Match et Gala en prennent plein leur tête couronnée. Les comédiens sont tous à la fête dans les situations délirantes imaginées par la scénariste. Lambert Wilson en fait des tonnes tandis que Catherine Deneuve a l'air de sincèrement de s'éclater avec une partition qui lui va comme un gant.
Mais si la monarchie Lemercier fonctionne autant, c'est qu'elle s'inspire d'une réalité cruelle à peine forcée. De Camilla à Charles en passant par Diana, la comédienne n'a pas eu besoin d'aller chercher bien loin les ressorts tragicomiques de son histoire. La majorité des situations caustiques s'inspire du quotidien protocolaire des têtes couronnées et, contrairement à ce qu'une certaine presse et un certain milieu voudraient nous faire croire, il ne fait rêver personne.
Un regard aussi drôle qu'impitoyable, cinglant à souhait. Valérie Lemercier la joue coquine et acerbe, place sa caméra de l’autre côté du miroir pour filmer l’envers du décor. L’anti‑conte‑de‑fées. Shocking !