Dans ses yeux
C’est sans doute l’une des meilleures surprises du moment. Récompensé dans de nombreux festivals et par l’Oscar du Meilleur film étranger (devant Un prophète et Le ruban blanc), Dans ses yeux débute en 1974, en pleine dictature argentine, au moment où une jeune institutrice est violée et assassinée. En 1999, l’employé de justice qui, à l’époque, fut chargé de l’affaire au tribunal correctionnel de Buenos Aires, est maintenant à la retraite et revient sur les faits en écrivant un roman.
Construit selon une alternance d’allers et retours entre le passé et le présent (on sent que les télés américaines, et en particulier Cold Case, sont passées par là), Dans ses yeux manie avec talent le mélange des registres. Si le film est d’abord un thriller parfaitement maîtrisé et captivant, il instille peu à peu une vision politique de l’Argentine des années 1970, sorte de fantôme qui continue de hanter le présent.
Dans ses yeux est un film sur la mémoire individuelle et collective, sur le désir de justice d’un pays qui a connu le pire (l’historie des deux maçons accusés puis torturés à mort dans les coulisses du pouvoir est terrifiante) et la violence politique. Un must, servi par une interprétation irréprochable, à commencer par Ricardo Darin, dont c’est la quatrième collaboration avec Campanella.