par Jean-Baptiste Thoret
22 novembre 2010 - 17h22

Alien 3 - Coffret Anthologie

année
1992
Réalisateur
InterprètesSigourney Weaver, Charles S. Dutton, Charles Dance, Paul McGann
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

À la fin d’Aliens le retour, Ripley parvient à réchapper de la planète infestée d’aliens et dérive dans l’espace jusqu’à son arrivée sur Fiorina 161, une prison où sont reclus des criminels dangereux. Mais ce que Ripley ne sait pas encore, c’est qu’elle porte en elle le fils de la Bête.

Relecture mystique de la mythologie Alien, David Fincher (Seven) signe dans des conditions difficiles l’un des opus les plus sérieux de la série. Les visions subjectives des aliens sont impressionnantes et le film pousse jusqu’à son terme le lien profond unissant la Bête à Ripley.

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blu-ray
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- de 12 ans
Prix : 60 €
disponibilité
27/10/2010
image
inclus dans le coffret Alien Anthologie 6 BD-50, 115' (version cinéma) et 144' (version longue 2003), zone B
2.35
HD 1 080p (AVC)
16/9 natif
bande-son
Français DTS 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Portugais Dolby Digital 5.1
Allemand DTS 5.1
Espagnol Dolby Digital 5.1
sous-titres
Français, anglais pour sourds et malentendants, portugais, danois, finnois, allemand, espagnol, néerlandais, norvégien, suédois
8
10
image
Film maudit de la saga en raison de conditions de production chaotiques, Alien 3, renié par son réalisateur David Fincher qui eut des rapports houleux avec la Fox, ne bénéficie pas d'une copie aussi belle que celle des deux premiers volets. Le résultat s'avère donc moins spectaculaire, notamment en termes de définition. On détecte donc moins les pores de la peau des protagonistes, et les arrière‑plans manquent parfois de piqué. Il faut dire que Fincher filme souvent les visages à contre‑jour, les zones d'ombre rendant les détails moins visibles. À ceci s'ajoute une autre difficulté : l'atmosphère épaisse et nébuleuse de la prison, qui a tendance à adoucir les contrastes et les couleurs. Préférant les tons ocre, sépia et rouille aux noirs bleutés de Cameron, le film de David Fincher brille toutefois par sa colorimétrie aux nuances parfaitement restituées ici. C'est bel et bien son point fort : offrir une palette de couleurs équilibrées et dotée de noirs profonds, annonciatrice du style à venir du metteur en scène de Seven. Petit hic : la HD peut parfois trahir des effets spéciaux numériques approximatifs, et c'est le cas ici avec l'incrustation de l'alien qui court. Heureusement, ce petit écueil concerne très peu de plans, d'autant que les magnifiques apparitions frontales de la bête (le « tête-à-tête » entre le monstre et Ripley dans le laboratoire) sont assurées par un acteur costumé ou par un effet spécial « physique ». Ce qui vieillit généralement mieux. Si l'on ne retiendra pas ce troisième film comme la plus belle copie du coffret, on ne saura toutefois bouder notre plaisir, le premier long métrage de Fincher dévoilant de séduisants atours.
8
10
son
Pour profiter pleinement du spectacle, la VO DTS-HD Master Audio 5.1 s'impose comme LA piste à privilégier, ouvrant tous les canaux à la bande originale d'Elliot Goldenthal, et délivrant des bruits d'ambiance dont les aigus fendent l'air avec une précision incroyable et les basses grondent à souhait, annonciatrices d'une menace sourde. À l'instar d'Aliens le retour, certains effets profitent tellement de ce mixage extrêmement dynamique que les phases de dialogues paraissent parfois un peu trop en retrait. La preuve de l'efficacité de la spatialisation et de l'amplitude de l'ensemble, choses que l'on ne retrouve qu'en partie avec la VF, qui manque globalement de pêche en comparaison avec la piste anglaise. Si les doublages restent satisfaisants, la puissance de la musique est moins flagrante, et sa répartition est plus discrète sur les enceintes arrière.
10
10
bonus
- Version cinéma de 1992 (disque 3) (115')
- Version Édition Spéciale de 2003 (disque 3) (144')
- Commentaires audio de 2003 par les acteurs et le reste de l’équipe (disque 3)
- Musique isolée de la version cinéma de 1992 (disque 3)
- Marqueur de scènes coupées (disque 3)
- BD-Live (disque 3)
- Mode MU-TH-UR (disque 3)
- Naufrage et rage : la fabrication d’Alien 3 (disque 5) (180')
- Contenus additionnels (disque 5) (74')
- Pré-production (disque 6)
- Production (disque 6)
- Post-production et retombées (disque 6)
- Anthologie (disque 6)
Les fans savent tous que la gestation d’Alien 3 a été compliquée. Mais il était difficile d’imaginer à quel point, certains propos contenus dans les making of ayant été jusqu’à présent censurés par la Fox. Et voici que cette dernière accepte enfin de dévoiler toutes les coulisses de cette production infernale. Le ton est donné par l’absence de David Fincher. Ayant renié ce film, le réalisateur de The Social Network ne participe ici à aucun des bonus, même si on peut le voir à l’œuvre dans le making of. Toutefois, il semble que l’ensemble des suppléments parvienne à proposer une étude plutôt objective de la situation avant et pendant le tournage, réunissant à la fois ceux qui étaient du côté du jeune cinéaste (qui tournait là son premier long métrage après avoir fait ses armes dans la publicité) et ceux qui penchaient plus en faveur de la Fox. On parvient donc enfin à se faire une opinion quant aux responsabilités de chacun dans cette affaire. Le film, considéré par la Fox comme un produit marketing qu’il fallait sortir à une date fixe, aura connu de nombreux remaniements : réécriture du scénario (Vincent Ward, un des réalisateurs pressentis, avait imaginé une planète en bois au style médiéval, peuplée de moines, mais n’avait pas tenu compte des lois de la physique…), valse des metteurs en scène (Ridley Scott, Renny Harlin)… Le projet échouera finalement dans les mains de Fincher, alors âgé de 29 ans, que le studio envisage de manipuler quelque peu pour obtenir un troisième opus vite fait bien fait. Mais le jeune cinéaste, déjà fort de son expérience dans la publicité et les effets spéciaux, ne l’entend pas de cette oreille, envisageant d’y mettre sa patte, comme ont pu le faire Ridley Scott et James Cameron. Mais celui‑ci récupérera en guise de film une patate chaude, et devra commencer le tournage sans véritable scénario. David Fincher se sentit brimé dans sa liberté artistique : la Fox, qui le surveillait constamment, décida, pour optimiser l’exploitation quotidienne du film en salles, de l’amputer de nombreuses scènes clefs (que l’on retrouve dans le montage de 2003), préféra une autre fin, plus démonstrative, à celle proposée par Fincher (également dans la version 2003), rationna le budget en cours de tournage (alors que des décors onéreux qui ne serviront jamais avaient été construits avant l’arrivée de Fincher)… L’exigence et le perfectionnisme de ce dernier finirent d’enfoncer le clou, le cinéaste ne se privant alors pas d’enchaîner les prises pour atteindre la perfection. C’est donc en cela que cette somme considérable de bonus est absolument passionnante et indispensable, puisqu’elle montre l’incompatibilité entre deux entités : l’artiste, qui faisait fi des considérations financières, et le studio qui méprisait la saga (« Ce n’est pas Lawrence d’Arabie ou Autant en emporte le vent », rapportera l’un des intervenants, révélant là les pensées d’un ponte de la Fox), espérant à l'époque simplement renflouer les caisses de la société. Quant au commentaire audio de 2003 (adapté aux subtilités des deux versions du film), avec l’équipe technique et deux acteurs, il apporte beaucoup d’informations sur la conception de la photographie et des effets spéciaux, points développés plus en profondeur dans le making of. Dommage que de longs blancs viennent interrompre ces fascinantes révélations. À noter que sur ce troisième disque se trouve le mode MU‑TH‑UR, qui permet d'afficher plusieurs informations pendant la lecture du film : les sujets abordés par le commentaire audio, des infos type pop‑up et, surtout, une liste constamment actualisée en cours de visionnage des thèmes et des modules de l'interactivité regroupée sur les disques 5 et 6. À vous de marquer les points qui vous intéressent grâce aux signets, et de glisser les disques 5 ou 6, qui se chargeront de retrouver automatiquement les séquences correspondantes dans les nombreux bonus. Le disque 6 propose de nombreuses archives : croquis et story‑boards des différents projets (dont ceux de la planète en bois imaginée par Vincent Ward). En accéléré, on peut apprécier la construction de la fonderie. On y retrouve aussi des photos promotionnelles, des bandes‑annonces… Enfin, la partie Anthologie, commune aux quatre films, propose notamment des reportages sur la saga, deux savoureuses parodies (une scène d'un épisode du dessin animé Les Griffin et une séquence du film La folle histoire de l'espace, avec John Hurt). On apprend qu’une attraction, intitulée « 3D Aliens » calquée sur le modèle de « Terminator 2 : 3D » du parc Universal Studios de Los Angeles, avait été ébauchée pour un parc coréen, mais n’a jamais vu le jour. On ne peut que se réjouir de découvrir enfin la vérité, toute la vérité, sur la genèse du troisième chapitre de cette saga unique. Une œuvre maudite, mais qui mérite sans conteste sa place dans cette quadrilogie.
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