L'impasse
New York, 1975. Après avoir effectué une lourde peine en prison, Carlo Brigante (Al Pacino), ancien trafiquant de drogue, décide de rentrer dans le droit chemin. Son projet : investir dans une affaire de location de voitures et partir s’installer aux Bahamas, en compagnie de son amour, Gail, une jeune et ravissante danseuse. Néanmoins, son passé ne tarde pas à le rattraper et le destin en décidera autrement.
Par bien des aspects, Brian De Palma reprend avec L’impasse, la ligne de Scarface tourné dix ans auparavant. Des films‑miroir qui mettent en scène l’avant et l’après d’un héros (Tony Montana/Carlo Brigante) rivé à l’enfer de la drogue et prisonnier, malgré lui, d’un environnement nocif et corrompu.
Une décennie plus tard, la voie sans issue de Carlito dissémine la neige destructrice des Eighties dans des corps représentatifs de la justice (l’avocat surcocaïné de Carlo, David Kleinfeld, formidablement interprété par Sean Penn), ou des gangs redoutables et juvéniles dirigés par un formidable John Leguizamo qui débute. Et si Carlo croit pouvoir se racheter et tout recommencer à zéro, cette quête de rédemption s’arrêtera net dans une station de métro. Le piège se referme alors violemment, lui qui affichait pourtant la promesse d’une issue paradisiaque, arborant les couleurs à la fois douces et trompeuses d’un coucher de soleil à jamais hors de portée.
L’impasse nous fait penser aux utopies insulaires importées par le génial Michael Mann. Ainsi, les Fidji salvatrices pour Robert De Niro dans Heat ou les Maldives fantasmatiques de Jamie Foxx dans Collateral ne sont pas très loin du désir de fuite tant espéré par le mélancolique Carlo. Un grand De Palma.