Lucky Luke
Cela s’annonçait comme l’événement cinématographique de la rentrée 2009, le type de cocktail que le public français adore : de la comédie, du suspense, une brochette de stars inattendues, une icône nationale, des répliques cultes et Jean Dujardin.
Après les plages niçoises et la surf‑attitude de Brice, après le nid d’espions cairote et son James Bond franchouillard amateur de blanquette de veau (OSS 117), l’acteur le plus caméléon et le plus courtisé du cinéma français s’attaquait à un monument de la pop culture francophone…
Nouveau look, nouveau défi et nouvelle panoplie, Jean Dujardin devient Lucky Luke, l’homme qui tire plus vite que son ombre dans un western made in France signé par James Huth, le réalisateur de Brice de Nice et Serial Lover. En dépit de ses 63 bougies, des 73 albums publiés depuis par le tandem belge Morris et Goscinny, mais aussi des nombreux clins d’œil cinématographiques de la BD (Louis de Funès dans Le bandit manchot, Serge Gainsbourg croqué en ivrogne dans Le ranch maudit, Fernandel dans Arizona…), Lucky Luke fut pourtant rarement porté à l’écran. On se souvient toutefois du regard bleu azur de Terence Hill transformant en 1991 le justicier de Daisy Town en farceur loufoque, et des récentes facéties d’Éric et Ramzy (2004) qui, dans Les Dalton, livraient une version déjantée des plus célèbres et si peu redoutables ennemis de Luke.
Tourné dans les paysages arides de l’Argentine, flanqué d’un confortable budget de 27 millions d’euros, le Lucky Luke de James Huth se déroule à Daisy Town, la ville natale de Luke, et voit s’affronter l’homme à la brindille verte et la grande famille des bad guys : Bill the Kid (Michael Youn) qui, pour son interprétation, avoue s’être inspiré de Tuco, le Mexicain roublard du Bon, la brute et le truand, Sylvie Testud incarne Calamity Jane, Melvil Poupaud prête ses traits à Jesse James et l’impitoyable Pat Poker est joué par Daniel Prévost himself. Mais ni le chien Rantanplan ni les Dalton ne viennent rayer de leurs tenues de bagnards le ciel de l’Ouest.
Résultat, James Huth, qui revendique l’extrême fidélité de son film à l’univers bariolé de la BD, rate son coup : les gags ne fonctionnent pas, le récit est à dormir debout, la mise en scène se contente d’enfiler les clichés publicitaires et chacun cabotine à souhait. Un ratage, tant du point de vue artistique que commercial.