Donjons & Dragons : l'honneur des voleurs
Un beau gosse voleur, associé à une bande d'aventuriers hétéroclite, entreprend un casse pour rafler une relique perdue. Mais les choses vont mal tourner…
Étrange idée que d’adapter le jeu de rôle éponyme en film. Premièrement, les premières adaptations (dont une avec Jeremy Irons) heurtent encore la mémoire des cinéphiles plus de vingt ans après leur sortie. Deuxièmement surtout, le principe même d’un jeu de plateau comme Donjons & Dragons est que l’on est nous‑même le héros de l’histoire et non un spectateur passif, comme au cinéma. Ce qui de fait rend la chose quasi impossible.
Comme sur un plateau
Jonathan Goldstein et John Francis Daley s’y sont donc mis à deux pour pallier cet écueil, et bien leur en a pris. À la fois au scénario (ils ont scénarisé en leur temps Spider-Man : Homecoming) et à la réalisation, ils réussissent à offrir un film divertissant qui ne trahit pas (trop) la mythologie créée dans les années 70 par Gary Gygax et Dave Arneson, D&D.
En fait, le film prend d’emblée le parti d’assumer ce qu’il est : un honnête blockbuster d’été sans prétention et sans autre ambition que de faire passer deux heures agréables au spectateur. Le film ne se prend jamais vraiment au sérieux et ne s’embarrasse guère de légèreté. Tout est cousu de fil blanc, bien maculé même, mais qu’importe. Chris Pine, Michelle Rodriguez et Hugh Grant cabotinent à mort et s’amusent comme des fous dans ce grand barnum enfantin, et leur plaisir est diablement communicatif.
Moins cérébral qu’un film DC, moins show off qu’un Marvel, ce Donjons & Dragons : l'honneur des voleurs ne va certainement pas révolutionner le genre mais remplit son cahier des charges haut la main. Et même un peu plus d’ailleurs. Pour ce qui est de l’ADN Donjons & Dragons que promet le titre du film, il faut bien avouer c’est assez mince. Mais on reconnaît tout de même quelques éléments piochés çà et là dans l’univers du jeu de plateau désormais culte. En fait, le film s’inscrit surtout dans une sorte d’heroic fantasy pour les nuls, pseudo‑médiévale, remplie de second degré et d’irrévérences.
La partie n’est pas gagnée pour autant
On louera la volonté de Jonathan Goldstein et John Francis Daley de ne pas systématiser le recours aux SFX. L’hommage peine voilé aux créatures de Jim Henson (le papa du Muppet Show) donne sans doute l’une des meilleures scènes du film (les morts qui se réveillent les uns après les autres).
Mais force est de constater que le film pêche souvent au niveau des effets spéciaux, ce qui casse un peu la vision. Surtout que l’histoire part parfois dans des digressions bien inutiles, quoiqu’assez drôles. À l’image du film, en fait.