Morbius
Troisième film de l’univers Spider‑Man de Sony, après le dispensable Venom et sa suite, Morbius arrive ces jours‑ci en 4K. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le film de Daniel Espinosa ne va pas réhabiliter l’univers étendu axé sur les ennemis de l’homme araignée, produit par Columbia (et distribué par Sony). Loin s’en faut.
Vampire, vous avez dit vampire ?
Si en gros, la trame du film reprend celle des comics originaux, à savoir l’histoire de Michael Morbius (Jared Leto), un prix Nobel de science (mais qui a refusé le prix, on se demande bien pourquoi) atteint d’une maladie du sang rare et incurable qui réussit à se guérir en mélangeant son ADN à celui de chauves‑souris, le fan service s’arrête là. Rien ne va vraiment dans ce film d’anti‑héros qui se rêverait film d’horreur gothique de vampire. On ne va pas se le cacher, le concept actuel consistant à humaniser les super‑vilains pour exploiter à fond toutes les franchises, n’est pas l’idée du siècle. Elle semble pourtant en vogue dans les studios en ce moment, même si elle n’a pas encore vraiment fait ses preuves. Pour le moment, seul Disney semble avoir réussi à faire quelque chose de Cruella ou de Maléfique, mais bon… Pourtant, sur le papier, le personnage avait du potentiel pour donner un film romantico‑gothique dans la lignée d’Entretien avec un vampire, voire (rêvons un peu) du Dracula de Coppola.
Ail Ail Ail !
À l’arrivée, Morbius, qui a tout de même le mérite de ne pas être trop long, est une accumulation d’incohérences et d’ellipses scénaristiques qui mériteraient d’être analysées dans les écoles de cinéma. Au mieux on en rigole (sans sourciller, le héros transforme une imprimerie de faux billets en laboratoire médical en dévissant littéralement deux boulons). Au pire, on est affligé. Comme dans la scène où notre héros, vampire en manque de globules rouges, tient dans ses bras son mentor ensanglanté. Deux minutes plus tôt, il s’agrippait à sa chaise pour se retenir de se transformer : une goutte de sang tombait du doigt de sa belle, à 10 mètres de lui ! Certes, on notera la référence subtile (sic) à Murnau, mais c’est un tant soit peu la seule chose cinéphile d’un film sans aucune ambition, réalisé en mode automatique.
Mauvais sang
La grande question du film reste tout de même Jared Leto. Que diable est‑il allé faire dans cette galère ? Certes sa carrière démontre qu’il a le goût des rôles extrêmes et des transformations physiques (un Oscar à la clé pour Dallas Buyers Club, très bon et méconnaissable dans la série Apple WeCrashed), mais dans Morbius, point de tout cela. À sa décharge, il n’est pas vraiment aidé. Ses dialogues sont insipides, son personnage caricatural et surtout les effets spéciaux du film ne l’aident vraiment pas. Pour situer le niveau, les petites mains des SFX ont réussi l’exploit de transformer Matt Smith (le méchant du film) en Kevin Bacon anémique dès qu’il est en pétard. C’est involontaire mais très risible une fois qu’on a remarqué la ressemblance… Aucun acteur ne semble d’ailleurs savoir vraiment ce qu’il fait dans le film. Au moins, on ne peut lui enlever une certaine homogénéité ! Bref, Morbius est un film bien dispensable. Et ce ne sont pas les deux scènes post‑génériques assez maladroites qui pourraient le sauver.