Astérix et Obélix : l'Empire du Milieu
Le cinquième film en prise de vue réelle tiré des bandes dessinées signées René Goscinny et Albert Uderzo, Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu, est disponible en 4K depuis aujourd'hui. Ce n’était peut‑être pas la peine.
Une franchise sur le point de canner ?
Après Christian Clavier, Clovis Cornillac et Édouard Baer, c’est donc Guillaume Canet qui reprend dans cet Empire du Milieu le rôle d’Astérix, tandis que Gilles Lellouche a la lourde tâche (on ne dit pas gros) de succéder à Depardieu. Par ailleurs, il est également devant la caméra mais aussi au scénario, ce qui fait beaucoup pour un seul homme, fut‑il césarisé. C’est sans doute l’un des problèmes du film qui raconte tant bien que mal comment nos amis gaulois partent au secours de l’impératrice de Chine aidés de Graindemaïs, la guerrière Tat Han, ainsi que de la princesse Fu Yi, fille unique de l’impératrice. Le tout premier film qui n’est pas directement adapté d’une BD, mais d’une histoire originale (devenue ensuite un album).
Où est le roublard ?
Déjà, adapter au cinéma Astérix est une gageure ‑pour le moment, seuls Claude Zidi et Alain Chabat s’en sont sortis (avec une prime pour le second)‑ mais essayer d’imaginer une aventure nouvelle, c’est carrément suicidaire. D’ailleurs, à la fin de cet Empire du Milieu, on se dit qu’on n’est certainement pas près de revoir la franchise Astérix en live action au cinéma. Rien ne va dans l’image qui brûle la rétine à coups d’SFX encore plus bâclés que dans les derniers Marvel. Rien ne va au son (on a connu -M- plus inspiré musicalement), et surtout rien ne va devant la caméra. Chaque acteur, principal ou guest (et il y en a au kilomètre), semble bien se demander ce qu’il fait dans cette galère à 60 millions d’euros (bien moins que les deux derniers opus de la franchise et équivalent au Mission Cléopâtre de Chabat) ! Le scénario s’enlise dans des péripéties indigestes et du woke washing on ne peut plus démagogique. Tout l’inverse de l’esprit anar/roublard de Goscinny.
Un petit film destiné aux tout‑petits
Reste que pour qui ne serait pas trop contre les histoires cousues de fil blanc, les vannes éculées et les anachronismes sympathiques, cet Empire du Milieu n’est pas totalement à jeter aux détritus. Loin s’en faut. Nettement plus regardable que l’opus de Thomas Langman (Astérix aux Jeux Olympiques), par exemple au hasard. Il recèle quelques bonnes surprises comme la partition de Vincent Cassel, parfait dans le rôle de Jules César, ou le sort réservé à Obélix dans cette histoire. Malgré la prestation de Gilles Lellouche qui tente d’imiter celle de Gérard Depardieu, on avait rarement vu le personnage aussi tendrement évoqué dans les autres adaptations live. Il faut aussi reconnaître à Guillaume Canet une certaine fluidité de sa caméra, malheureusement au service de pas grand‑chose si ce n’est des pérégrinations bien indigestes pour tout amateur de film d’aventures.
Au contraire du film de Chabat et de son second degré malicieusement orienté adulte, et du film de Zidi pleinement orienté famille, cet Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu est clairement un film pour enfants sans réelle ambition de plaire aux autres publics, ou qui n’y parvient jamais. C’est dommage. D’ailleurs, le film est dédié aux deux enfants du réalisateur/acteur/scénariste. Ce n’est sans doute pas un hasard. Il aurait pu se contenter de leur lire une histoire avant de les endormir…