Babylon
Babylon, le dernier film du réalisateur de LA LA Land vient de sortir en 4K Ultra HD. L’ascension puis la chute de quatre personnages, lors de la création d’Hollywood. Une plongée délirante dans ce qui fut sans aucun doute une ère de décadence et de dépravation sans limites : le cœur de la création mais aussi de la tempête.
Une déclaration qui déborde d’amour pour le cinéma
Charlie Chaplin aurait dit que « Du chaos naissent les étoiles ». Si la citation est véritable, le film de Damien Chazelle en est en tout cas la parfaite illustration. En 3h09, le film est une véritable orgie d’images, de musiques et de personnages. Un coup de poing tant aux rétines qu’aux oreilles qu’on ne saurait conseiller de le regarder dans les meilleures conditions techniques. Car Babylon est avant tout un film hommage au cinéma et fut totalement pensé pour être vu au cinéma. On vous aura prévenu !
On en ressort lessivé
Le film déborde de trop‑plein. C’est ce qui fait son charme mais c’est ce qui divise également. Margot Robbie est trop sexy, Brad Pitt trop looser magnifique, le pré‑générique trop long, le montage trop frénétique, la musique trop présente (la partie avec Tobey Maguire en trop)… Mais on en redemande, tellement on est entraîné avec Manny (Diego Calva) dans cette montagne russe qu’est le Los Angeles des années 20. Il sera notre guide durant tout le film et, comme le spectateur, en ressortira lessivé. Jack Conrad, le personnage interprété par Brad Pitt, lui dit à un moment du film qu’un plateau de tournage est l’endroit le plus magique au monde. Babylon en est une démonstration éclatante.
Grandeur et décadence
Le film se veut à l’image de ces années folles qui portaient diablement bien leur nom et surtout de leur épicentre hollywoodien. Il y réussit totalement, au risque malheureusement de perdre certains spectateurs. Ce n’est sans doute pas un hasard si Babylon fut un échec commercial aux USA. À peine compensé par son succès hexagonal. C’est un film de cinéphile qui s’adresse aux cinéphiles, mais pas seulement.
Un film sur la fascination qu’a pu exercer Hollywood et qui peu à peu disparaît. C’est même presque un film à clés où l’on reconnaît çà et là les légendes urbaines qui circulent sur l’histoire de l’usine à rêves, ses monstres sacrés désormais oubliés, la construction de ses mythiques studios et bien sûr le passage du muet au parlant qui balaya tout cela d’un coup, comme Stanley Donen l’avait si bien raconté dans Chantons sous la pluie. Film auquel Babylon rend d’ailleurs un hommage appuyé.
Le temps où l’on naissait star
Il ne faut cependant pas s’attendre à un métrage totalement flamboyant. Les histoires (d’amour) que raconte Damien Chazelle finissent mal en général. Et Babylon ne déroge pas à la règle. Car comme son titre le suggère, il raconte aussi et surtout l’histoire d’une chute. C’est un film empli d’une certaine mélancolie, sublimée par la dextérité de la caméra qui oscille entre plans‑séquences et hystérie.
Il raconte en substance la perte de l’innocence et de la douce folie hollywoodienne. C’est un film nostalgique d’un certain cinéma. Le cinéma du temps où, comme l’explique Nellie LaRoy (Margot Robbie), on ne devenait pas star, mais où l’on naissait star…