House of the Dragon saison 1
Après bien des rebondissements, une série carrément annulée, quatre projets commandés et trois ans d’attente, la première série dérivée de l’univers de Game of Thrones, House of the Dragon saison 1, est enfin là en 4K. Préquelle librement inspirée du livre George R.R. Martin Fire and Blood (Feu et Sang), la série revient plusieurs siècles avant les événements de Game of Thrones pour relater l’ascension et la chute de la maison Targaryen.
Copie conforme ?
Dès le générique, copie quasi conforme de celui Game of Thrones, le ton est donné et résonne comme un slogan : « On va faire du neuf ‑de dragon haha‑ avec du vieux ». Les personnages sont tous des doublures presque parfaites de ceux de la série originale, au point de s'amuser à deviner qui est « le nouveau » Tyrion Lannister, la reine des dragons, Jon Snow, etc. Certains acteurs ressemblent même trait pour trait à leurs homologues de Game of Thrones. L'effet « retour en terre connue » fonctionne à plein régime pour le spectateur.
Tout le contexte est d'ailleurs très régressif : des enjeux familiaux dramatiques, des batailles épiques (pas toujours bien filmées, comme à l'épisode 3 malheureusement), des joutes d’ego interminables autour d’une table, des scènes charnelles et/ou cruelles, des percées gore, des visages réduits en bouillie et, bien sûr, les dragons qui volent et qui crachent du feu. Une chose change toutefois, et en mieux : la qualité des effets spéciaux et le rendu des décors. Il n’y a pas débat, c’est bluffant. Tout comme les acteurs, tous excellents, Matt Smith en tête (The Crown).
Où est la nouveauté ?
Au fur et à mesure de la saison, la série finit par trouver son rythme et son identité propre. Si le cahier des charges « violence/sexe/dragons/rebondissements » est bien respecté, la pointe de sadisme hérité de la série originale aussi, avec notamment certaines scènes d’accouchement particulièrement épouvantables, et gratuites pour la plupart.
Mais la nouveauté par rapport à son illustre prédécesseur, c’est d’avoir réussi à brosser des personnages féminins hauts en couleur, en lutte permanente contre une masculinité guerrière et toxique. Ce sont elles qui ont droit aux scènes et aux répliques les plus marquantes de la saison.
Au final, on adhère
Autre nouveauté : l’ellipse temporelle. Une véritable marque de fabrique tant les auteurs se permettent d’un épisode à l’autre des sauts dans le temps gigantesques, n’hésitant pas à carrément changer d’interprète pour un même personnage à l’instar de Milly Alcock (Rhaenyra) et d'Emily Carey (Alicent Hightower) remplacées à partir de l’épisode 6 par Emma D’Arcy et Olivia Cooke. Le procédé est casse‑gueule, surtout en milieu de saison, mais permet aux intrigues de se dénouer plus facilement et aux rebondissements d’être plus nombreux et surtout plus surprenants.
Des prises de risques narratives et formelles qui s’avèrent payantes, avec au bout du compte, un épisode final assez réussi qui relance tout l’intérêt de la série. Une bonne dérivée en somme, qui doit maintenant tenir sur la longueur.