Vesper Chronicles
Dans un monde dystopique qui aurait loupé sa transition écologique (c'est vraiment le moment de croiser les doigts), les élites ont migré dans des citadelles surplombant des paysages ravagés, poussant l'immense majorité de la population encore debout à vivre dans une sorte de Moyen‑Âge où la survie dépend uniquement du troc avec les citadelles et du système D. Un monde d'autant plus dangereux que la nature a muté pour devenir extrêmement hostile. Vesper, une femme surdouée en biotechnologie, se bat au quotidien pour maintenir son père en vie et, pourquoi pas, semer les graines d'un monde meilleur.
Un film de SF franco‑belgo‑lituanien tourné en anglais et co‑réalisé par un Français, il n'en fallait pas moins pour attiser la curiosité des amateurs du genre, à l'origine d'un superbe bouche‑à‑oreille. Un intérêt décuplé par la présence d'Eddie Marsan (Ray Donovan, The Gentlemen) au générique, très vite confirmé par les premières images plongeant dans un univers post‑apocalyptique crédible et intriguant. Si l'économie de moyens est réelle, elle a aussi eu pour effet de développer l'imaginaire de ses créateurs, soucieux de créer « à l'ancienne » en partant des planches de dessin. Les références Seventies pleuvent de toute évidence, et non des moindres : Topor, Moebieus, Jim Henson, Soleil Vert, Silent Running et bien sûr Cronenberg dans son approche organique aux frontières de la sensualité.
Car à défaut de montrer des combats ou des scènes d'action bruyantes, c'est bien dans la sphère intime que tout se joue ici. Un univers où Vesper, encore enfant devenue survivante, a décidé de rester maître de son destin, résiste aux avances glaçantes d'un oncle sans foi ni loi (Marsan), cultive sans relâche et au risque de sa vie un étrange jardin secret fait de plantes encore inconnues.
Et c'est toute l'originalité de Vesper Chronicles : proposer une aventure à échelle de petit bout de femme dans un monde archaïque post‑apocalyptique qui a régressé dans toutes les directions sauf celle de la biologie et de la génétique, apportant la chair et le souffre qui manquent tant à la plupart des films de SF récents.
Un conte de fées lugubre mais non dénué d'espoir. À voir.