par Carina Ramon
06 décembre 2022 - 17h45

Vesper Chronicles

année
2022
Réalisateurs
InterprètesRaffiella Chapman, Eddie Marsan, Richard Brake, Rosy McEwen
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Dans un monde dystopique qui aurait loupé sa transition écologique (c'est vraiment le moment de croiser les doigts), les élites ont migré dans des citadelles surplombant des paysages ravagés, poussant l'immense majorité de la population encore debout à vivre dans une sorte de Moyen‑Âge où la survie dépend uniquement du troc avec les citadelles et du système D. Un monde d'autant plus dangereux que la nature a muté pour devenir extrêmement hostile. Vesper, une femme surdouée en biotechnologie, se bat au quotidien pour maintenir son père en vie et, pourquoi pas, semer les graines d'un monde meilleur.

 

Un film de SF franco‑belgo‑lituanien tourné en anglais et co‑réalisé par un Français, il n'en fallait pas moins pour attiser la curiosité des amateurs du genre, à l'origine d'un superbe bouche‑à‑oreille. Un intérêt décuplé par la présence d'Eddie Marsan (Ray Donovan, The Gentlemen) au générique, très vite confirmé par les premières images plongeant dans un univers post‑apocalyptique crédible et intriguant. Si l'économie de moyens est réelle, elle a aussi eu pour effet de développer l'imaginaire de ses créateurs, soucieux de créer « à l'ancienne » en partant des planches de dessin. Les références Seventies pleuvent de toute évidence, et non des moindres : Topor, Moebieus, Jim Henson, Soleil Vert, Silent Running et bien sûr Cronenberg dans son approche organique aux frontières de la sensualité.

 

Car à défaut de montrer des combats ou des scènes d'action bruyantes, c'est bien dans la sphère intime que tout se joue ici. Un univers où Vesper, encore enfant devenue survivante, a décidé de rester maître de son destin, résiste aux avances glaçantes d'un oncle sans foi ni loi (Marsan), cultive sans relâche et au risque de sa vie un étrange jardin secret fait de plantes encore inconnues. 

 

Et c'est toute l'originalité de Vesper Chronicles : proposer une aventure à échelle de petit bout de femme dans un monde archaïque post‑apocalyptique qui a régressé dans toutes les directions sauf celle de la biologie et de la génétique, apportant la chair et le souffre qui manquent tant à la plupart des films de SF récents.

 

Un conte de fées lugubre mais non dénué d'espoir. À voir. 

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4k
cover
Tous publics
Prix : 29,99 €
disponibilité
17/12/2022
image
1 UHD-66 + 1 BD-50, 114', toutes zones
2.35
HD 2 160p (HEVC)
HDR10
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 7.1
Audioscription
sous-titres
Français, français pour sourds et malentendants
8
10
image

Une succession de tons bruns, brumeux et terreux pour un univers triste à mourir (littéralement). Seule lueur d'espoir et d'émerveillement, une étrange flore luminescente et poétique qui fait penser à une autre grande fable écologique, Avatar. Les forêts denses et énigmatiques de Lituanie sont propices à une atmosphère de conte étrange concoctée par le DOP Feliksas Abrukauskas, parfaitement rendue par ce 4K UHD certes pas vraiment démonstratif mais solidement attaché à rendre justice à cet univers visuel ambitieux si minutieusement conçu. 

 

Le HDR10 apporte une clarté et une lisibilité de tous les instants, même dans les scènes presque pas éclairées (les quelques points blancs font partie de l'ambiance brute). Avec mention spéciale pour les rares touches de couleur émanant du labo clandestin de Vesper et des étranges plantes tantôt dociles, tantôt mortelles.  

8
10
son

Une belle ambiance bien dispatchée en VO 7.1 sur toutes les enceintes avec passages de drones bien localisables et efficaces niveau suspense. Quelques fulgurences aussi dans la forêt pour fuir un ennemi en pleine nuit. La VF est moins impressionnante au niveau de l'immersion. Impossible enfin de ne pas souligner le travail de Dan Levy, le compositeur du film, ex‑The Dø avec Olivia Merilahti, désormais Sound of Prudence. Une partition éthérée presque envoûtante. 

8
10
bonus
- Entretien avec les réalisateurs (22')
- Journal de Bord : 8 semaines sur le tournage du film (11')
- Coulisses de la création d'un univers unique (6')
- Blu-Ray du film

Condor a tout bon avec ces bonus efficaces, à commencer par la rencontre avec les deux réalisateurs. Un entretien passionnant avec Kristina Buozyte et Bruno Samper qui reviennent sur leur vision de l'effondrement d'une civilisation au cinéma, leurs références, leurs partis pris et leur comédienne principale, la jeune Raffiella Chapman, épatante, qu'ils ont castée en pleine pandémie via écrans interposés avant de la voir arriver toute frêle (et petite !) sur le plateau. Quelques semaines de tournage plus tard, bien que fatiguée et marquée physiquement par le tournage, elle a prouvé qu'elle pouvait incarner une héroïne combative très crédible.

 

Excellente idée du journal de bord comme des coulisses : une absence totale de commentaires et d'interventions de l'équipe face caméra. Un montage de séquences brutes qui permet d'embrasser l'élaboration et le travail qui président au tournage de telle ou telle séquence. Excellent.

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