Spider-Man : No Way Home
Depuis la fin de Spider‑Man : Far from Home, la vie de Peter Parker (Tom Holland) est devenue un enfer. Son identité secrète, révélée à tous par le défunt Mysterio, est un frein social et universitaire non seulement pour lui‑même, mais aussi pour ses proches, MJ (Zendaya) comme Ned (Jacob Batolon). À bout, Peter va demander de l’aide au Doctor Strange (Benedict Cumberbatch) : peut‑il lancer un sort forçant tout le monde à oublier son vrai nom ? Strange accepte, mais Peter perturbe l’invocation. A priori, aucun problème n’en découle. Sauf que, bizarrement, d’étranges super‑vilains commencent à apparaître : Electro (Jamie Foxx), Otto Octavius (Alfred Molina), le sinistre Green Goblin (Willem Dafoe) ou encore Sandman (Thomas Haden Church). Face à ces multiples menaces, Peter va avoir besoin d’aide…
Fan service chimiquement pur
Colossal succès au box‑office (1,8 milliard de dollars de recettes), ce Spider‑Man : No Way Home semble avoir mis tout le monde d’accord en 2021. Il faut reconnaître que l’année avait été funeste du côté super‑héros : entre le lamentable Venom : Let there Be Carnage, le très raté Wonder Woman 1984, le pas folichon Les éternels et la demi‑réussite Black Widow, les héros en Spandex n’étaient pas à la noce. Mais, si Spider-Man : No Way Home a si bien bouclé son OPA sur le public, c’est moins grâce à ce paysage ciné sinistré qu’en raison de sa substance même : du fan service chimiquement pur.
Une grand‑messe au final doux‑amer
Pour ne pas trop spolier « le » gros coup du film, on dira donc juste qu'il réunit en conclave l’essentiel des figures qui ont marqué la saga Spider‑Man, depuis l’époque de Sam Raimi au début des années 2000 jusqu’à aujourd’hui. Cette grand‑messe témoigne sans doute du manque d’idées inédites ‑ou d’idées tout court‑ à Hollywood.
Mais le long de Jon Watts parvient malgré tout à éviter le vulgaire recyclage en permettant aux principaux protagonistes de connaître une évolution. De trouver une nouvelle charpente, grâce en soit rendue notamment aux très bonnes performances de Tom Holland et surtout de Willem Dafoe. Il faudra certes, pour ce faire se fader des séquences d’action et des gags à répétition destinés à « nourrir » cette armée de protagonistes. Mais on ne boudera pas son plaisir en reconnaissant que ces scènes s’avèrent globalement, assez réjouissantes. Et l’on appréciera aussi comme il se doit le surprenant final doux‑amer du film.
Merci Sam Raimi
D’un point de vue formel enfin, No Way home est de surcroît d’une facture bien supérieure aux précédentes itérations de l’homme‑araignée, qu’il s’agisse de Homecoming ou de Far from Home.
Mais ce dernier point nous amène au principal grief contre No Way Home. Même si l’on adhère au postulat fan service du long métrage, de nombreuses scories demeurent. Passons sur la durée beaucoup trop longue ‑il faut bien que les « arrivants » aient quelque chose à défendre à l’écran‑ et une interminable installation (le premier quart de film). Elles seront heureusement oubliées lors du véritable pandémonium d’action qui va suivre.
Néanmoins, le principal péché de No Way Home est bien dans la forme. Lors des grandes péripéties, Jon Watts n’invente, de fait, pas grand‑chose de nouveau. Pire, il pille littéralement de la cave au plafond l’ensemble des idées de mise en scène développées jadis par Sam Raimi dans la première trilogie Spider‑Man. Il n’est pas certain que le jeune public ait détecté ces copiés‑collés, mais l’amateur plus aguerri les remarquera. Et, la bouche un peu bileuse, reprendra sa longue attente de ce désormais vieux serpent de mer : le « renouveau » des super‑héros promis depuis des lustres.