par Jean-Baptiste Thoret
28 mars 2022 - 18h44

Trilogie Le parrain

VO
The Godfather/The Godfather 2/Mario Puzo’s the Godfather, Coda : the Death of Michael Corleone
année
1972
Réalisateur
InterprètesMarlon Brando, Al Pacino, Diane Keaton, Robert Duvall, James Caan, Talia Shire, Andy Garcia
éditeur
genre
notes
critique
10
10
label
A

Tandis qu’Hollywood semble l’avoir écarté des studios, le jeune Francis Ford Coppola, qui au départ ne souhaitait pas réaliser le film et a entièrement retravaillé le scénario que le romancier Puzo avait ficelé à la demande de la Paramount, parvient à imposer Marlon Brando dans le rôle de Vito Corleone, parrain vieillissant de la mafia italienne. La bouche remplie de coton, la voix murmurante (souvenez‑vous : « Je vais lui faire une offre qu’il ne pourra pas refuser »), Brando impose un style fondateur pour les acteurs de la génération montante (Pacino, De Niro et consorts).

 

Coppola imposa aussi James Caan et Robert Duvall, ainsi qu’un tournage en Sicile. Une réussite totale et un Marlon Brando inoubliable en colosse patriarcal… Un chef‑d’œuvre absolu en somme et l'un des plus grands succès de la Paramount. Outre les deux suites, en 1979, Coppola retrouvera Brando pour Apocalypse Now et lui confiera le rôle du fameux colonel Kurtz. 

 

Le parrain 2

En 1972, le premier film marquait la naissance d’une immense saga populaire adaptée du roman de Mario Puzo : l’histoire de la famille Corleone, le destin d’un père, de ses fils, les questions de pouvoir, de succession… 

 

Encore plus dense, plus âpre et plus sombre que le premier volet, ce deuxième épisode tourné deux ans après était un vrai défi pour Coppola. Une fois encore, il ne souhaitait pas réaliser de suite. Il obtint alors de la Paramount une totale liberté et géra son film comme il l’entendait. Résultat : un va‑et‑vient dans le temps de plus de 3 heures qui constitue certainement l’élément maître de cette trilogie.

 

Le parrain épilogue : la mort de Michael Corleone

Seize ans après les deux premiers films tournés à la suite ou presque, la famille Corleone signe son grand retour et le spectateur assiste à sa désintégration. Un épisode intéressant mais pas vraiment utile. Jusqu'à ce que…

 

Jusqu'à ce que Francis Ford Coppola propose un nouveau montage du dernier épisode de sa trilogie trente ans après sa sortie initiale. Entièrement restauré en 4K à cette occasion, le film est alors intitulé Le parrain épilogue : la mort de Michael Corleone.

 

Désormais, l’ouverture du film nous plonge directement dans l'intrigue principale qui oppose le Vatican au Parrain. Il s’agit d’une scène qui existait déjà dans le montage initial mais que le réalisateur a remontée au début du film. En revanche, le final est complètement inédit. Bien plus âpre, sombre et lourd de sens que dans la conclusion initiale, il tombe comme un couperet et, associé au nouveau titre, prend une nouvelle dimension.

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The Godfather/The Godfather 2/Mario Puzo’s the Godfather, Coda : the Death of Michael Corleone
- de 12 ans
Prix : 50 €
disponibilité
23/03/2022
image
4 UHD-99 + 5 BD-50, 177'/200'/157', toutes zones
1.85
UHD 2 160p (HEVC)
HDR Dolby Vision
HDR10
16/9
bande-son
Français Dolby Digital 5.1
Français Dolby Digital 2.0 (mono doublé)
Anglais Dolby TrueHD 5.1
Anglais restauré Dolby Digital 2.0 (mono doublé)
Français Dolby Digital 5.1 et Anglais Dolby TrueHD 5.1 pour Le parrain 3 épilogue
sous-titres
Français, anglais, anglais pour sourds et malentendants, danois, espagnol, italien, japonais, néerlandais, norvégien, portugais, finnois, suédois (plus cantonais, tchèque, allemand, coréen, mandarin, polonais, russe, roumain, slovaque, thaïlandais pour Le parrain épilogue)
10
10
image

L’équipe a travaillé des milliers d’heures pour restituer à chaque image une tonalité, une précision et une absence de défauts inédites tout en préservant l'intégrité des films et la vision de Francis Ford Coppola et son directeur photo Gordon Willis. 

 

Pour ce faire, 300 éléments ont été passés au crible afin de restituer la meilleure définition pour chacune des images des trois films ; 4 000 heures de travail minutieux ont été passées à réparer tâches, déchirures et autres impacts sur les négatifs, et plus de 1 000 heures de travail ont permis de corriger la couleur avec de nouvelles technologies dans le respect de la version originale du réalisateur, de son chef‑opérateur Gordon Willis et de la précédente restauration de 2007 supervisée par Robert Harris.

 

Au final, le rendu offre aujourd'hui une ambiance typique merveilleusement jaune, un gain de précision et un éclat général statutaire (des rouges principalement). Le nouveau scan 4K doublé du HDR Dolby Vision délivre un rendu plus actuel, moins lisse, plus vivant, plus détaillé, plus naturel en somme. Tout en préservant le grain argentique pour une richesse et une texture toujours très cinématographiques. Définitivement la meilleure version jamais proposée de la trilogie.

8
10
son

Restaurée, la bande audio mono originale du Parrain et du Parrain 2 est proposée en Dolby Digital 2.0 (mono doublé), malheureusement associée à une forte compression. La dynamique générale s'en ressent avec des ambiances écrasées. La piste Dolby TrueHD 5.1 n'est autre que le mixage 5.1 de 2007. Rien ne change, surtout pas la musique de Nino Rota, toujours un régal !

 

Sur Le parrain, la restauration de 2007 est exemplaire avec un mixage anglais Dolby TrueHD 5.1 qui respecte les intentions de l’époque. Un peu de répartition sur les enceintes arrière (beaucoup moins en français Dolby Digital 5.1 où tous les effets sont concentrés sur la voie centrale), mais aussi des dialogues et une musique qui se détachent à merveille. Pas de quoi impressionner les adeptes de grosse fanfare, mais un travail suffisamment précis pour une fois encore restituer une impression de retour dans le temps très appréciable. 

 

Sur Le parrain 2, le travail de restauration du son est à son apogée, toujours respectueux de récréer une ambiance sonore originelle. Les amateurs de « gros son » préféreront certainement le remixage Dolby TrueHD 5.1 offrant une ambiance sonore plus large. Mais une fois n’est pas coutume, même si la VO TrueHD affiche un peu plus de puissance, elle reste limitée.

 

Sur Le parrain 3 épilogue, la scène d’ouverture « opératique » du film est toujours aussi séduisante. Ambiances de la rue, de fête et de fanfare, on plonge très vite au cœur du film. Même immersion instantanée grâce à la BO enveloppante et équilibrée où chaque séquence parvient à développer sa propre atmosphère sonore. Également restaurée pour sa sortie Blu‑Ray, la bande‑son affiche un meilleur volume et de meilleures nuances qu'auparavant. La VF Dolby Digital 5.1 bénéficie de bons doublages mais d'une ampleur plus limitée avec des voix collées à l'action, donc trop éloignées du spectateur.

10
10
bonus
- Commentaires audio de Francis Ford Coppola sur Le parrain et Le parrain 2
- Le parrain 3 part 3 en 4K UHD SDR 1 080p version cinéma (162') ou 1991 (170')
- Le parrain 3 part 3 en Blu-Ray version 1991 (170')
- Préserver Le parrain (nouveauté) (16')
- Saisir les Corleone (nouveauté) (13')
- Films maison (nouveauté) (9')
- Comparaisons de restauration (nouveauté) (11')
- Le chef-d'œuvre qui a failli ne pas être (30')
- L’univers du Parrain (11')
- Restauration (19')
- À la fin du tournage (14')
- Le Parrain sur le tapis rouge (4')
- Quatre featurettes autour du Parrain (7')
- Arbre généalogique de la famille Corleone
- Organisation du crime
- L’album photos du mariage de Connie et Carlo
- Dans les coulisses (100')
- Scènes supplémentaires
- Galerie
- Contenu additionnel dont l'audition de James Caan (5')
- Génériques

Énormément de choses, toutes passionnantes mais parfois un peu brouillonnes vu le nombre de modules proposés. Tout cela aurait sans doute mérité un remontage général au sein de nouveaux documentaires axés sur un seul sujet à la fois au lieu de ces rajouts tous azimuts, venant augmenter la pile de bonus déjà vus et déjà bien morcelés.

 

En l'état, il faut être fan absolu des films pour revenir par exemple à de nombreuses reprises sur sa restauration (sujet passionnant s'il en est). Et même en étant un peu (beaucoup) technique, certains éléments manquent encore pour une compréhension totale du processus mis en œuvre depuis le nouveau scan 4K des négatifs originaux. Si les informations pleuvent de la part des principaux intéressés, le manque de hiérarchisation de l'information et d'explications extrêmement basiques se fait sentir. D'autant que l'authoring ne facilite pas le passage d'un module à l'autre avec simple retour en arrière sans repasser par la case Menu… usant.

 

Autre grief : pourquoi le doublon Le parrain 3 part 3 à la fois en 4K SDR 1 080p et en Blu‑Ray ? 

 

Mis à part ces menues remarques, on se passionne pour le nouveau module revenant sur le processus de restauration des films, le travail de documentation et d'inventaire préalable (de quels éléments dispose‑t‑on partout dans le monde ?), la prise en compte de la précédente restauration de 2007, la comparaison 2007/2022, ou encore le retour sur l'aventure Zoetrope de Copolla avec entre autres George Lucas.

 

Idem pour le nouveau sujet autour du photographe Steve Schapiro, qui avait couvert pour Life ce tournage hors normes. Ses propos et son travail enrichissent considérablement l'histoire de la production du film.

 

Coppola, qui a lui‑même supervisé tout le travail de restauration pour ce 50e anniversaire, est bien sûr très présent au sein de ces bonus, en plus des commentaires audio déjà connus et toujours aussi passionnants.

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