par François Coulaud
09 mars 2022 - 16h51

Last Night in Soho

année
2021
Réalisateur
InterprètesThomasin McKenzie, Anya Taylor-Joy, Diana Rigg, Matt Smith, Terence Stamp
éditeur
genre
notes
critique
7
10
label
A

Ellie (Thomasin McKenzie), campagnarde éprise de musique et de mode des années 60, tente sa chance dans une école de stylisme londonienne. Malmenée par une étudiante odieuse (Synnove Karlsen), Ellie préfère prendre ses quartiers au calme dans un meublé vétuste tenu par Mme Collins (Diana Rigg). Là, chaque nuit, Ellie va vivre une expérience surnaturelle. Ses rêves l'entraînent dans un voyage dans le temps où elle revit la période du Swinging London dans la peau d'une jeune ambitieuse, Sandie (Anya Taylor‑Joy). Comme Ellie, Sandie a résidé dans le meublé. Et rêvait de percer grâce à sa voix d'or. Mais la jeune femme a visiblement connu un destin tragique qu'Ellie discerne vite sans parvenir à le contrer…

 

Avec ce nouveau film qu'il a co‑écrit, Edgar Wright (Baby Driver, Shaun of the Dead, Hot Fuzz) propose une aventure surnaturelle à forte personnalité. Un récit qui, peu à peu, va dériver vers le thriller d'horreur.

 

Entre Satoshi Kon et Alfred Hitchcock

Pour installer la dualité Ellie/Sandie, la première n'étant qu'un témoin impuissant des avanies vécues par la seconde, Wright mobilise son impressionnante science du cadrage ainsi que des effets « live » et de splendides jeux de miroirs que Méliès n'aurait pas désavoués. Les passages poreux entre le réel et l'univers du passé/rêve s'avèrent formidablement inventifs et rappelleront aux amateurs les fantasmagories créatives concoctées par Satoshi Kon dans le film animé Paprika. Et lorsque l'aventure devient enquête puis glaçant thriller, c'est rien de moins que sous le patronage d'Alfred Hitchcock qu'Edgar Wright se place, sans avoir à rougir.

 

L'ultime rôle de Diana Rigg

Pour peupler cet étrange Last Night in Soho, Wright fait aussi bien appel à la jeune génération, notamment Anya Taylor‑Joy (Le jeu de la dame) et Michael Ajao (Attack the Block), qu'aux vétérans chevronnés que sont Diana Rigg (Au service secret de sa Majesté, Game of Thrones), Terence Stamp (Tiré à part, Priscilla folle du désert) et Matt Smith (The Crown). À noter d'ailleurs que le personnage de Mme Collins ‑protagoniste mémorable‑ est bien l'ultime rôle de Diana Rigg, disparue peu après le tournage.


Anya Taylor‑Joy possède le récit

Si Last Night in Soho, intriguant, inventif, oppressant et même terrifiant sur son final, ne convainc pas totalement, c'est surtout dû, selon nous, à une erreur de casting. La falote et peu expressive Thomasin McKenzie fait beaucoup trop pâle figure face à Anya Taylor‑Joy qui habite et même possède le récit dès sa toute première apparition. La différence de charisme était sans doute voulue pour accentuer l'effet d'ensorcellement vécu par Ellie (McKenzie) mais le déséquilibre de jeu entre les deux comédiennes nuit à l'implication du spectateur aux côtés de l'héroïne. On pourra aussi reprocher à Edgar Wright de perdre un peu de temps à esquisser des fausses pistes alors que son récit presse le pas.

 

Un cauchemar très original

Il n'en reste pas moins que Last Night in Soho s'avère un cauchemar très original, truffé de trouvailles cinématographiques et doté d'un final vraiment mémorable. En cette sinistre période de reboots ou de franchises pasteurisées à numéro, la proposition singulière de Last Night in Soho mérite largement le détour malgré ses scories.

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test
4k
cover
- de 12 ans
Prix : 24,99 €
disponibilité
08/03/2022
image
1 UHD-99 + 1 BD-50, 116', toutes zones
2.35
UHD 2 160p (HEVC)
HDR Dolby Vision
HDR10
16/9
bande-son
Français Dolby Digital Plus 7.1
Anglais Dolby Atmos
Anglais Dolby TrueHD 7.1
Italien Dolby Digital Plus 7.1
Espagnol Dolby Digital Plus 7.1
Tchèque Dolby Digital 5.1
sous-titres
Français, anglais, italien, espagnol, néerlandais, danois, finnois, norvégien, suédois, tchèque, hindi, thaï, chinois, coréen
10
10
image

Une très belle image 35 mm (tournage pellicule principalement) qui fait honneur à la créativité du réalisateur. On remarque d'emblée la différence de traitement entre le présent un peu terne et le passé très typé, chargé de couleurs éclatantes et de contrastes renforcés. On pense parfois au relief et à la force de la peinture hollandaise tant le jeu sur les éclairages met en lumière des touches de couleurs intenses en particulier, comme si un peintre avait voulu attirer l'œil sur des zones précises de sa toile. L'attrait de la 4K UHD et du HDR Dolby Vision est indéniable sur les noirs (nombreuses scènes de nuit toujours super lisibles), la précision (percutante), les couleurs bien sûr et la brillance générale. Beaucoup de vitalité.

8
10
son

Une VO très dynamique proposant une ampleur presque tumultueuse de haut en bas. Les titres Sixties du score et la partition de Steven Price apportent crédibilité et fantaisie au récit, dopés par un traitement très immersif en Dolby Atmos. Le parcours du son en fonction de l'image est un modèle du genre, un parti pris de mise en scène qui donne à entendre des éléments très précis dans un ordre précis. Une bande‑son dense et détaillée qu'on se surprend à analyser en temps réel. À noter que la comédienne Anya Taylor‑Joy interprète elle‑même le titre Downtown.

7
10
bonus
- Commentaires audio du film avec le réalisateur-scénariste Edgar Wright, la co-scénariste Krysty Wilson-Cairns, le monteur Paul Machliss et le compositeur Steve Price
- Rencontre avec Eloise (10')
- Rêver de Sandie (9')
- De la poudre aux yeux (13')
- Dans les rues de Soho (11')
- Voyager dans le temps (10')
- Scènes coupées
- Clip Downtown
- Animations
- Bande-annonce

Des gros plans sur les comédiennes ou la reconstitution de l'époque du Swinging London, mais ce sont surtout les deux commentaires audio qui en disent plus sur les coulisses du film, les partis pris esthétiques, la narration et autres secrets de tournage.

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