The Suicide Squad
La terrifiante Amanda Waller (Viola Davis) recrute en prison une bande de super‑vilains qu’elle expédie dans l’enfer de l’île tropicale de Corto Maltese (!). L’objectif du commando d’affreux commandés par Rick Flagg (Joel Kinnaman) et Bloodsport (Idris Elba) : détruire Starfish, un mystérieux projet ultra‑secret caché dans Jötunheim, une tour jadis construite par des exilés nazis.
Un cinglé très culotté
Après quelques minutes de The Suicide Squad, le spectateur acquiert deux certitudes. La première : le réalisateur James Gunn (Les gardiens de la galaxie et sa suite), comme une bonne part du public, a détesté le Suicide Squad commis en 2016 par David Ayer. La seconde, tout aussi évidente, est que James Gunn est un cinglé très culotté.
On s’explique : lors d’un prologue de 12 minutes ‑ahurissant de mauvais goût‑ James Gunn se paie la tête du premier film et de ses protagonistes dont certains reviennent du reste (capitaine Boomerang alias Jai Courtney). La charge est cruelle, vicieuse, gore… mais surtout hilarante.
Ce prologue, sans doute un poil trop long, n’est d’ailleurs pas qu’un joli bras d’honneur adressé à la sinistre troupe qui a caviardé le premier Suicide Squad. Il pose aussi le discours que James Gunn va tenir durant tout le long métrage : il va y avoir du sang, plein de sang, de la méchanceté et un atroce humour absurde. Le postulat est donc énoncé : The Suicide Squad façon James Gunn est une farce d’action ultra‑violente.
De très bons personnages féminins
Dans la suite des événements, menés à 200 à l’heure, prévoyez beaucoup d’activités. Des moments de bravoure à hurler de rire (l’affrontement contre Starfish, looké comme un monstre SF des années 50). De petites merveilles de méchanceté tels le « nettoyage » compétitif d’un camp rebelle par Bloodsport (Idris Elba) et Peacemaker (John Cena), ou la « romance » d’Harley Quinn (Margot Robbie). Mais aussi des éclats absurdes (hallucinations incestueuses d’Abner alias David Dasmalchian), voires de purs éclairs d’horreur (le laboratoire de Jötunheim). Ainsi qu’un des super‑vilains les plus drôles et grotesques de la galaxie (le requin bipède Nanaue vocalisé en VO par un Sylvester Stallone en super forme).
Au fil de cette jubilatoire pitrerie riche en pépites d’action, on dégustera les interprétations âcres d’Idris Elba et John Cena, marquées par un déluge de vannes non compatibles avec de chastes oreilles, ou celle, sourdement barrée, de David Dasmalchian. Mais on prisera surtout quelques très bons personnages féminins. Au premier rang desquels Harley Quinn non plus employée comme protagoniste sexy à peine provocante (Suicide Squad premier du nom) mais bien comme une anti‑héroïne fantasque, drôle, aussi efficace dans l’action qu’une fois pour toutes folle à lier. Ou encore, insolite étincelle de tendresse dans cet univers joyeusement méchant, la composition de la comédienne portugaise Daniela Melchior (Parque Mayer) qui campe la cruciale Ratcatcher 2, maîtresse des rats.
Du kitch et de l'unique
The Suicide Squad est si jusqu’au‑boutiste dans le kitch que le film semble une pièce unique très décalée dans le présentoir désormais plus homogène des autres productions DC (Wonderwoman, Man of Steel, Batman Begins...). Cette singularité, presque cette aberration, n’aurait jamais pu voir le jour sous le pavillon de l’écurie concurrente, Marvel. Rien que ce constat est un sujet de contentement et d’étonnement.
Ne manquez enfin pas l’ultime séquence post‑générique de The Suicide Squad. Elle vous indiquera comment l’un des (très vilains) protagonistes du film ‑dont on se gardera de donner le nom‑ pourra faire un comeback dans une série réalisée par le même James Gunn et prévue pour 2022 sur HBO Max.