Kaamelott premier volet
Quinze ans après le lancement du format court éponyme sur M6, Alexandre Astier poursuit l’aventure Kaamelott au cinéma. Un pari mûrement réfléchi tant d'autres avant lui se sont heurtés à l'exercice du passage de la shortcom (short comedy quotidienne) au grand écran. Astier, fort de son immense succès TV et de la non moins immense et pressante attente des fans, vise lui carrément une trilogie au cinéma.
Arthur est de retour
Tout recommence alors que le royaume est en crise. La disparition d'Arthur a permis à Lancelot de régner en despote sur le royaume de Logres. Bientôt ramené au pays par des mercenaires, Arthur n’a aucune intention de remonter sur le trône. À moins que…
Décors spectaculaires, plan‑séquence ambitieux, tournage 70 mm, défilé permanent de guest stars (Chabat, Clavier, De Caunes et même un certain Sting, plutôt bon d'ailleurs), dès la première séquence, l'ambition d'Astier pour son projet est immense. Visuellement, le pari est réussi même si on perd au passage le côté bricolé et intimiste qui faisait la spécificité de la série.
Qui veut jouer au Robobrol ?
Le retour des personnages emblématiques de Kaamelott est aussi un plaisir pour les fans ‑que nous sommes‑. Revoir Perceval (Franck Pitiot), Karadoc (Jean‑Christophe Hembert) et Leodagan (Lionnel Astier) dans leurs œuvres et délires sémantiques vaut assurément le détour. Sans parler de la partie de robobrol, divinement non‑sensique, et de quelques allusions à l'actualité en sous-texte. Mais au‑delà de ces séquences de pur kiff et de ces punchlines, que reste‑t‑il du film de cinéma, de son ossature, des trajectoires et d'enjeux supérieurs attendus au cinéma ?
Beaucoup de (bonnes) références
Difficile de juger à l'aune d'un seul film sur les trois prévus même si, en l'état, « le pot » semble parfois un peu grand pour la « mayonnaise ». L’intrigue sert avant tout à aligner des saynètes s’adressant d’abord aux initiés, le manque de rythme se fait parfois sentir (les flashbacks trop longs notamment), tandis que la mise en scène manque de relief et de souffle. Malgré les influences évidentes de Chabat (Astérix), Clavier (Les Visiteurs) et des Monty Python (qui, eux, assumaient le côté bidouillé de leurs films), Alexandre Astier, aussi talentueux soit‑il pour l’écriture des dialogues et des personnages, perd en route une partie du charme que lui conférait le format TV. Souhaitons que l'inventeur de ce monde burlesque et attachant, pour son deuxième volet en préparation, enrichisse la formule d’une histoire et d’une mise en scène taillées pour le cinéma. La quête du Graal continue.