par François Coulaud
25 février 2021 - 15h36

Archive

année
2020
Réalisateur
InterprètesTheo James, Stacy Martin, Rhona Mitra, Peter Ferdinando, Toby Jones
éditeur
genre
notes
critique
7
10
A

Dans un avenir proche, George (Theo James), ingénieur en robotique et intelligence artificielle, est l’unique occupant d’un laboratoire isolé au fin fond du Japon. Bien qu’employé par une entreprise aux méthodes brutales, George cache ses avancées déjà conséquentes, notamment J2, le second robot qui l'assiste. S'il est si secret, c'est que son véritable objectif est non de créer l’androïde parfait, mais de construire J3, un nouveau corps cybernétique à Jules (Stacy Martin), sa femme défunte dont la conscience, digitalisée par la firme Archive, semble peu à peu s’évaporer…

 

Le concepteur visuel cinéma et jeu vidéo Gavin Rothery (Moon la face cachée, Fable, Grand Theft Auto III, Titanfall) signe ici son premier film qu’il a aussi scénarisé. Fan de science‑fiction, Gavin Rothery a pris beaucoup de risques pour cette première œuvre. Sur fond de technothriller, il réalise en effet un long métrage sur l’amour, la culpabilité et la jalousie. Rien que ça !

 

Histoire de renforcer le challenge, Rothery a fait aussi le choix d’effets spéciaux réalisés sur place et d’une quasi‑absence d’effets numériques. Trop ambitieux ? D’une certaine manière oui car Rothery, amoureux de l’univers étouffant et paranoïaque qu’il a créé, étire un peu trop son intrigue. Le film aurait clairement gagné à perdre 15 ou 20 minutes, particulièrement au démarrage. Mais sur le fond, Archive est une réussite assez bluffante. Theo James (Divergente, Underworld Blood War) campe un protagoniste convaincant, sorte de Frankenstein 2.0 dont il restitue efficacement l’urgence croissante et le deuil. Mais la vraie force du film est Stacy Martin (Amanda, Nymphomaniac, Joueurs). Contrainte à n'exprimer les émotions de son (ses) personnage qu'avec le corps et la voix, la comédienne installe avec délicatesse et subtilité les bouillonnements des robots construits par George. Ce que l’actrice réalise ‑particulièrement avec le personnage de J3, l’ultime création de George‑ est totalement bluffant.


Archive a d’autres atouts cachés : si l’intrigue initiale prend (un peu trop) le temps de s’installer, le film profite d’un univers hyper‑cohérent bien que parsemé d’innombrables discrets clins d’œil esthétiques à d’autres films (Aliens, Ghost in the Shell, Blade Runner, Silent Running). C’est magnifique et crédible de bout en bout malgré un budget que l'on sent limité. Et au moment où le spectateur croit avoir enfin rassemblé les différentes trames narratives, il se prend dans les dents un twist qui abat nombre de certitudes.


Le seul véritable grief que l’amateur de SF pourra faire à Gavin Rothery est un oubli coupable : Archive est très inspiré ‑bien que cela ne soit jamais mentionné‑ par l’auteur de SF culte Philip K. Dick (Blade Runner, Minority Report, Total Recall). Particulièrement l’un de ses plus célèbres romans que l’on ne citera pas pour éviter tout spoiler. Une simple dédicace, un petit coup de chapeau au père de la SF parano, aurait été une jolie cerise sur cet élégant gâteau.

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Tous publics
Prix : 16,99 €
disponibilité
03/02/2021
image
BD-50, 109', zone B
2.39
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Italien DTS-HD Master Audio 5.1
Espagnol DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français, italien, néerlandais, danois, finlandais, norvégien, suédois
7
10
image

Des images superbes signées Laurie Rose (Peaky Blinders, Men of Honor, Simetierre) aussi à l'aise dans les éclairages industriels du laboratoire que dans les ambiances oppressantes de la forêt ceinturant le centre de recherche. Si on peut s'extasier sur les plans au drone sur les arbres enneigés, on regrette malgré tout une absence globale de piqué, particulièrement frappante lorsque la caméra centre sur les visages.

7
10
son

Assez propre, la piste sonore offre un lot convenable d'ambiances sans pour autant briller du côté de la spatialisation. La VO propose, par rapport à la VF, un net surcroît de dynamique et de graves, qui n'est pas anecdotique tant les nappes de musique électro‑accoustique signée Steven Price (Gravity, Baby Driver, Attack the Block) prennent de l'importance durant certaines péripéties. À noter que les sous‑titres français s'avèrent un poil trop tatillons en traduisant absolument tout ce qui passe à l'image, depuis les mentions sur les portes ou celles qui passent sur les écrans dans le film. La chose est initialement amusante mais pourra gêner certains spectateurs.

3
10
bonus
- Questions/Réponses avec Theo James (11')
- Questions/Réponses avec Stacy Martin (14')
- Questions/Réponses avec Gavin Rothery (8')

Totalement inintéressant, le Q/R avec Theo James mérite malgré tout un coup d'œil car il synthétise toutes les « questions bateau » auxquelles les comédiens doivent répondre à longueur de journée durant leurs tournées promotionnelles. Le Q/R avec Gavin Rothery, conçu sur un modèle identique au précédent, s'avère particulièrement trop court et affligé d'un montage ultra‑cut où l'on devine que tout ce qui faisait le suc réel de l'interview est passé à la trappe. Seule la comédienne Stacy Martin parvient à s'affranchir des limites de cet exercice un peu mécanique en confiant quelques anecdotes et en sortant, enfin, des rails de la promo à la chaîne.

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