The Gentlemen
Avec ses personnages déjantés, ses dialogues outranciers, sa réalisation sophistiquée et son montage survolté, Guy Richie (Sherlock Holmes) réussit un film roublard et jouissif comme avaient pu l’être ses précédents Snatch et Arnaques, crimes et botanique. En sous‑texte, une critique à peine voilée du mode de financement de certains films de cinéma…
Dans le costume délirant d'un Tarantino anglais sous acides, Richie fait fuser le sang et les répliques cinglantes au milieu d'une cohorte de stars : Matthew McConaughey, Charlie Hunnam, Hugh Grant, Colin Farrell (totalement à contre‑emploi, il est sublime) ou Michelle Dockery (Downton Abbey). Et chacune de leur scène est un pur régal.
L’influence de Tarantino est d’autant plus assumée que, dès le départ, un narrateur (génial Hugh Grant) raconte les pages d’un scénario qu’il tente de vendre à Miramax, ex‑boîte de production du réalisateur de Kill Bill… Son histoire (vraie, romancée ?), c’est celle d’une guerre fratricide à laquelle se livre une bande de gangsters londoniens tous plus cinglés les uns que les autres et qui vont s’étriper sans vergogne pour totalement contrôler le marcher du cannabis.
Avec un sens du rythme assez fabuleux et une science aiguisée du montage, Guy Ritchie compose ses scènes tel un organiste à la recherche de la partition parfaite. L'esthétisation à outrance du film (costumes et décors so british, tout est sublime !) tranche radicalement avec le langage de charretier de ces gangsters plus chics que James Bond. Quel plaisir de voir enfin un film récent avec autant de personnalité, pas forcément taillé pour plaire au plus grand nombre et destiné, on en est sûr, à pendre une belle patine au fil du temps. Enfin une bonne nouvelle pour le cinéma.