The Wrestler
Star des années 1980, Mickey Rourke revient d’entre les morts. Après une carrière de boxe éclair et un purgatoire de quinze ans, l’acteur de L’année du dragon et de 9 semaines et demi ressuscite en catcheur vieillissant sur le ring de The Wrestler. Un film puissant et mélancolique signé par le réalisateur de Requiem for a Dream.
Pour une fois, l’affiche dit vrai : les bras en croix, la tête baissée, le visage dissimulé sous une abondante chevelure blonde et une auréole de spots éblouissants, Mickey Rourke le christique réapparaît sur le ring et dans le cadre de The Wrestler comme un revenant. On le croyait mort, carbonisé, défiguré à jamais, le voilà qui resurgit tel un astre radieux dans le quatrième film de Darren Aronofsky.
The Wrestler cale son pas sur la vie minable de « Randy the Ram », un catcheur épuisé qui, après avoir connu son heure de gloire dans les années 1980, vivote de combats dans des petites salles du New Jersey. Jusqu’à ce qu’un malaise cardiaque sonne l’obligation de la retraite. Soit l’occasion de reconstruire une vie en lambeaux, entre une fille perdue de vue avec laquelle il va tenter de renouer et une strip-teaseuse de bar désabusée.
Très influencé par le style réaliste des années 1970 (on pense à Fat City de John Huston ou à ces Deux filles au tapis d’Aldrich), The Wrestler est une fiction qui relève deux fois du documentaire.
Tout d’abord, parce qu’il décrit à merveille la réalité du catch, ce « grand spectacle de la Douleur, de la Défaite et de la Justice », écrivait Roland Barthes, l’envers tendre et parfois sordide de sa spectaculaire brutalité, et de la vie de ses ex-stars abîmées qui ressemblent tant à des vétérans de guerre.
Ensuite, parce qu’il confond à dessein la trajectoire de son personnage principal et celle de son acteur, Mickey Rourke, 57 ans, dieu vivant de la planète Hollywood devenu looser infréquentable et infréquenté. Bruce Springsteen, son ami de longue date, a écrit la chanson-titre du film, déclaration d’amour et précipité du film : « Avez-vous déjà vu marcher dans la rue un chien avec une seule patte ? Si vous l’avez vu, vous m’avez vu ».