par Jean-Baptiste Thoret
30 juin 2020 - 10h20

Les dents de la mer

VO
Jaws
année
1975
Réalisateur
InterprètesRoy Scheider, Robert Shaw, Richard Dreyfuss, Lorraine Gary, Murray Hamilton, Carl Gottlieb
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Troisième film de Steven Spielberg après Duel et Sugarland Express, Les dents de la mer marque une date dans l'histoire économique du cinéma américain. Blockbuster avant la lettre tourné quasiment comme un film indépendant sur plus de sept mois ‑au lieu d'un seul prévu‑, Les dents de la mer demeure l'un des films les plus rentables jamais réalisés.

L'histoire est connue : à quelques jours du début de la saison estivale, une petite station balnéaire américaine est terrorisée par un requin. Un shérif, un scientifique et un marin aguerri partent à la recherche de la bête.

La musique de John Williams (deux notes évoquant la présence du requin) contribua beaucoup au succès du film, de même que l'alternance de deux points de vue : sous l'eau et à la surface. Dans les bonus de cette édition 45e anniversaire, on apprend tout de la genèse et de la conception du film, envisagé au départ par son auteur comme une version aquatique de Duel. Alors âgé de seulement 26 ans, Spielberg se lance sans doute dans ce qui deviendra le pire tournage de sa vie : celui du tout premier film tourné en mer. De son célèbre making of sera d'ailleurs prochainement tiré un musical à Broadway intitulé Bruce, du nom donné au requin par l'équipe du film pendant le tournage.

 

Le succès colossal du film l'été qui suivit donnera naissance à de multiples suites assez navrantes, à l'exception du deuxième opus dans lequel le chef de la police Brody (Roy Scheider) sent remonter son angoisse quatre ans après les événements du premier film, un sentiment justifié le jour où un requin blanc sème à nouveau la panique dans la station balnéaire… Un deuxième film qui reste, de loin, le plus proche de l’original et le plus cohérent côté scénario. 

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4k
blu-ray
cover
Jaws
- de 12 ans
Prix : 29,99 €
disponibilité
10/06/2020
image
1 UHD-99 + 1 BD-50, 124', toutes zones
2.35
UHD 2 160p (HEVC)
HDR Dolby Vision
HDR10+
16/9
bande-son
Français DTS-HD High Resolution 7.1
Français DTS 2.0
Anglais Dolby Atmos
Anglais Dolby TrueHD 7.1
Anglais DTS 2.0
Italien DTS 5.1
Italien DTS 2.0
Tchèque DTS 5.1
sous-titres
Français, anglais pour sourds et malentendants, tchèque, danois, néerlandais, finnois, grec, italien, norvégien, suédois
10
10
image

Un bain de jouvence numérique puissance 10 ! Et même s'il demeure quelques rares plans plus flous en intérieur notamment, cette copie bardée de soleil, de couleurs (on ne vous parle même pas du rouge sang…), de ciel bleu et de chromes rutilants est un bonheur total. Les couchers de soleil au‑dessus de la plage sont fabuleux, les visages d'une netteté totale, la peau de Brody luisante de sueur. Pas de doute, le gain en précision et en définition par rapport au précédent Blu‑Ray est indéniable.

Et si la précédente édition avait déjà effacé les rayures, les points blancs, le voile jaunâtre et les défauts divers, le passage en 4K (avec Digital Intermediate 4K) et en HDR Dolby Vison/HDR10+ augmente tous les paramètres de l'image. La lumière impressionne encore une fois, comme l'éclat des visages et du ciel, les contrastes façonnent une image encore plus lisible. En fait, c'est toute une ambiance de bord de mer que l'on redécouvre, du front de scène au moindre recoin d'arrière‑plan. Seul petit hic, à ce niveau‑là, le requin mécanique, pourtant parfaitement conçu, fait cette fois un peu toc, la ficelle est forcément plus visible…

Note maximale hautement méritée. Pourra‑t‑on seulement un jour faire mieux ? 

8
10
son

Comme le dit Spielberg lui‑même dans le module sur la restauration du film, la bande‑son est meilleure aujourd'hui qu'à la sortie du film, avec même quelques détails nouveaux comme un bruit de dinosaure rajouté sur la mort du requin pour impressionner davantage. Une bande‑son nettoyée, épurée, débarrassée de ses passages les plus stridents. En un mot : moderne. La musique de John Williams et les bruitages gagnent incontestablement en intensité en Dolby Atmos, sans toutefois atteindre des sommets d'amplitude, la faute notamment à un caisson de basses qui ne décolle jamais vraiment. 

La nouvelle piste française 7.1 a par contre un inconvénient, celui de proposer des doublages refaits en 2005. Les voix n'ont plus rien à voir avec les doublages originaux, et celles de Roy Scheider et Quint sont les pires. Mais Universal a pensé à tout et à tout le monde en donnant le choix aux spectateurs qui peuvent opter pour les pistes DTS 2.0 avec voix d'origine. Des pistes VO/VF plus authentiques, mais aussi beaucoup moins cristallines que leurs consœurs multicanales, plus brouillonnes et plus aiguës, qui ne collent plus du tout avec ces nouvelles images 4K. À vous de voir…

10
10
bonus
- Making of (123')
- Le requin fonctionne toujours : l’impact et l’héritage des Dents de la mer (101')
- La restauration (18')
- Scènes coupées et bêtisier (13')
- Sur le plateau (9')
- Les archives
- Bande-annonce

On retrouve les mêmes bonus incontournables que sur la précédente édition Blu‑Ray fêtant les 100 ans du studio. À commencer par le génial making of, écrit, réalisé et produit par le Français Laurent Bouzereau (un proche collaborateur de Spielberg de longue date). Proposé dans son intégralité, il dévoile tout de l’adaptation du roman de Peter Benchley par Steven Spielberg et le producteur Richard Zanuck.


Choix des acteurs, improvisations, décors, effets spéciaux (Spielberg a déboursé 3 000 $ de sa poche pour obtenir un effet auquel il tenait particulièrement), réalisation (certains plans inédits sont ici dévoilés), ce documentaire lève le voile sur tous les aspects de cette aventure incroyable, sans doute la plus folle jamais conduite par un studio à l'époque.


Un tournage long de sept mois (au lieu d'un !), des dépassements de budget constants obligeant Steven Spielberg à tourner des scènes non autorisées par le studio en cachette, des conditions météo défavorables et un requin mécanique qui ne fonctionnait jamais… Le cinéaste et son équipe se souviendront longtemps de ce tout premier tournage en mer de l'histoire du cinéma. Anecdote amusante, on apprend que Spielberg n'a pas tourné lui‑même le dernier plan du film (l'explosion du requin) pour éviter de se faire enfermer à l'intérieur de la bête par son équipe. Une crainte qui le pousse désormais à chaque tournage à s'éclipser discrètement avant le clap de fin de tournage.

Ne manquez pas non plus le module sur la restauration du film, qui a nécessité 2 700 pièces de négatif original. Une prouesse réalisée par les spécialistes du studio sous la houlette de Spielbeg himself, qui déclare : « Le film est le même qu'à l'époque, mais en plus net et plus captivant (…). L'image et le son surpassent ce que j'ai vu et entendu en 1975, quand j'ai fait Les dents de la mer ». Un travail colossal qui a nécessité de passer parfois près de 4 heures sur un seul plan (transfert numérique du négatif original, passage dans des bains spéciaux pour effacer toutes les rayures par comblement, passage des coloristes, des retoucheurs…) pour un résultat remarquable.

On termine par les documents sur l'impact et l'héritage du film (101') et le reportage réalisé par un journaliste anglais sur le tournage (9'). Deux sujets à ne pas manquer, surtout le dernier, la présence d'une équipe extérieure n'étant pas courante alors. Assis dans une barque, sur un ponton ou en interview avec Spielberg faisant une pause casse‑croûte, le journaliste anglais relate le tournage par petites tranches toutes plus savoureuses les unes que les autres.

Un dernier mot sur l'authoring de cette toute première édition 4K des Dents de la mer avec des extraits vidéo des bonus en vignettes dès le menu d'accueil : riche idée !

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