Game of Thrones saison 8
Les meilleures choses ont une fin, et il fallait bien que Game of Thrones se termine un jour. Et si « l’accouchement » du pilote de la série s’est fait dans la douleur (à l'époque, HBO avait exigé qu'il soit entièrement retourné avant de définitivement commander une première saison à David Benioff et Dan B. Weiss), sa dernière saison n’aura pas été non plus une sinécure pour ses auteurs, qui ont vu plus d’un million d’internautes signer une pétition demandant carrément à la chaîne HBO de refaire une saison 8.
Une initiative qui avait peu de chance d’aboutir mais tout de même significative d'une chose : terminer Game of Thrones, série tirée de l’univers riche à foison des romans de George R.R. Martin, débordant de personnages principaux et d'intrigues à ramifications multiples, était un Evrest a priori inatteignable. Était‑il véritablement possible pour les deux showrunners de réussir à donner une fin satisfaisante à une série dont l'auteur lui‑même n'a, à ce jour, toujours pas livré de conclusion. Et pouvaient‑ils vraiment trouver une conclusion satisfaisante à une histoire dont ils ne sont même pas les auteurs d’origine ?
Le principal reproche que l’on peut faire à cette saison 8, c’est d’expédier les affaires courantes. Contrairement aux saisons précédentes, il n’y a cette fois plus aucune logique de temps et de distance. Ce que certains personnages auront mis sept saisons à faire, d’autres le font en moins d’un épisode au cours de la saison 8. La trajectoire de certains personnages ‑Cersei notamment‑ se retrouve bâclée. Le comportement d'autres, au regard de la série tout entière, est difficilement crédible.
Reste deux morceaux de bravoure attendus depuis des lustres, points d'orge de la série dans son ensemble. Mais là encore, les choix techniques et/ou artistiques (la pénombre quasi complète, le fait de ne pas voir l'armée des morts dans son ensemble sauf en combat rapproché), déçoivent, sans compter le montage incohérent et bon nombre de fautes de raccord (son et image). Évidemment, ce master 4K arrange bien les choses et donne à voir ce que l'on ne voyait pas en streaming, mais cela ne fait pas tout. L'autre bataille, enchaînant giclées de sang et corps brûlés, a comme un goût amer de surenchère morbide.
On vous rassure, quelqu'un va quand même s’asseoir sur le trône de fer. D'aucuns y trouveront une conclusion logique, d'autres apprécieront le regard cynique porté sur la guerre des trônes (les hommes changent, pas la politique), d'autres trouveront à cette fin des allures de pétard mouillé.
Alors oui, les meilleures choses ont une fin, mais dans le cas de Game of Thrones, la série n’a sans doute pas eu la fin meilleure qu’elle méritait.