par Jean-Baptiste Thoret
05 novembre 2019 - 10h35

Shining

VO
The Shining
année
1980
Réalisateur
InterprètesJack Nicholson, Shelley Duvall, Scatman Crothers
éditeur
genre
notes
critique
10
10
label
A

Comme il l’avait fait avec le film de guerre, le film de science‑fiction et le film en costumes, Kubrick s’attaque en 1980 au genre fantastique, et choisit d’adapter Shining, le roman éponyme de Stephen King.

 

Écrivain en panne d’inspiration, Jack Torrance (Jack Nicholson) accepte d’assurer le gardiennage de l’hôtel Overlook pour la saison hivernale. Avec sa femme et son fils, il s’installe dans les lieux immenses, désertés à cette époque par les touristes et tout le personnel de l’établissement. Mais l’isolement, le froid et un terrible fait divers survenu des années auparavant auront bientôt raison de la santé mentale de Jack.

 

Un classique terrifiant doté d’une mise en scène impressionnante et de 23 minutes supplémentaires inédites. Un must.

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4k
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The Shining
- de 12 ans
Prix : 49,99 €
disponibilité
16/10/2019
image
1 UHD-99 + 1 Blu-Ray + 1 DVD-9, 146', toutes zones
1.78
UHD 2 160p (HEVC)
HDR Dolby Vision
HDR10+
16/9
bande-son
Français Dolby Digital 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Allemand Dolby Digital 5.1
Espagnol Dolby Digital 5.1
Polonais Dolby Digital 5.1
Italien Dolby Digital 2.0
sous-titres
Français, anglais, allemand, italien, néerlandais, chinois, coréen, espagnol, arabe, tchèque, chinois, finnois, hongrois, norvégien, polonais, russe, suédois, thaï
10
10
image

Opérée sous la direction de Leon Vitali, le collaborateur de Stanley Kubrick, cette remasterisation est issue d'un nouveau scan 4K du négatif originel 35 mm et d'un sublime étalonnage des couleurs effectué par Janet Wilson sous la supervision de Leon Vitali. Et le résultat est tout ce que vous auriez rêvé de voir sans jamais oser l'espérer. 

 

Dès les premiers plans en hélico au‑dessus des Rocheuses, grâce au 35 mm et son grain organique, les longs travellings aériens montrent toute l'immensité du décor, sa beauté et sa dangerosité aussi. Gorgée comme jamais de soleil, de couleurs automnales resplendissantes et sous un ciel bleu éclatant, la montagne explose littéralement à l'écran. Les rayons du soleil traversent l'objectif, on en prend plein les yeux. La suite n'est qu'une succession de plans bardés de couleurs équilibrées, denses, donnant du relief à l'ensemble et rendant hommage aux somptueux décors de l'hôtel et ses salons baroques (tapisseries, moquettes, tentures, motifs amérindiens…). Les vêtements ne sont plus ternes, des détails apparaissent comme par enchantement, l'ensemble respire la perfection, accentue l'incroyable souci du détail de Kubrick et appuie davantage encore sa mise en scène virtuose.

 

Une grande image parfaitement soutenue par un HDR Dolby Vision et HDR10+ (léger avantage au premier sur la plage dynamique, mais il y a concours !) qui révèlent des détails insoupçonnés jusqu'ici, saupoudrent le tout de reflets et d'éclats totalement inédits, faisant littéralement entrer la lumière dans le cadre. Sans doute l'apport le plus important de cette version 4K (la balade de Wendy et Danny dans le blizzard est grise en Blu‑Ray, blanche en 4K). Tout est là, sans rien enlever aux éléments originaux, mais tout est plus beau, plus éclatant, plus fort, plus opératique. 

 

Un chef‑d'œuvre de restauration et d'exemplarité du bon dosage 4K. 

8
10
son

On oublie tout de suite la VF plutôt plate et assez mal contextualisée pour se concentrer sur la VO qui, elle aussi, prend une ampleur inédite avec le passage au DTS‑HD Master Audio 5.1. La montée en puissance des notes, leur effet angoissant, l'alternance des roues du tricycle de Danny sur les parquets puis les tapis, les apparitions horrifiques, tout est plus intense qu'auparavant. Pas de doute, cette VO est glaciale, limpide, structurée, impériale.

 

Il ne faut toutefois pas s'attendre à une activité Surround intense (pour rappel, l'enregistrement d'origine est mono), la scène sonore restant essentiellement frontale. Les rares effets arrière ajoutés apportent cependant de la densité et du réalisme sur certaines scènes (Halloran qui revient à Overlook avec le survol de l'avion par exemple) et, bien sûr, la musique. Autre bon point, les voix sont toujours d'une parfaite clarté. Dernière précision, si les basses sont un peu plus dodues, elles ne méritent pas de mention particulière. L'ensemble participe donc plus encore qu'auparavant à la singulière ambiance du film.

8
10
bonus
- Commentaires audio de Garrett Brown (chef-opérateur et inventeur de la steadicam) et John Baxter (historien du cinéma) en VO non sous-titrée en français
- Making of the Shining de Vivian Kubrick commenté par cette dernière (1980) en VO non sous-titrée en français (35')
- Les visions de Stanley Kubrick (2007) en VOST (17')
- Wendy Carlos, compositeur en VOST (8')
- La vue depuis Overlook : Crafting the Shining (2007) en VOST (30')
- Blu-Ray et DVD du film version longue
- Livret contenant une galerie de photos du film et le dossier de presse original de 1980

Pas de surprise du côté des commentaires audio (incluant le commentaire de Vivian Kubrick sur le making of de Shining) : comme d'habitude, Warner ne les a pas sous‑titrés en français. Sans eux, les bonus de cette édition se réduisent comme peau de chagrin pour les non‑anglophones. Reste que le making of tourné par la jeune Vivian Kubrick, alors âgée de 17 ans, montre des images des coulisses rares qui, même sans commentaire, restent passionnantes à regarder. 

 

Un peu plus loin, Sydney Pollack, Steven Spielberg, William Friedkin, Janusz Kamiński, le production designer du film et le chef‑opérateur (inventeur de la steadicam) reviennent sur le travail de Kubrick, sa virtuosité, ses plans incroyables (les longs et parfaits plans en hélico, les travellings dans les couloirs de l'Overlook, la streadicam sur les traces du jeune Danny à bord de son tricycle…).

 

Dans un autre petit sujet, la musicienne Wendy Carlos joue d'un instrument spécialement conçu pour le film, le contrôleur circulaire ou « circon », connu pour « ses voix qui chantent ». Finalement peu utilisé dans le film, on peut toutefois l'entendre sur la scène des Rocheuses, lorsque la famille Torrance fait route vers l'Overlook.

 

Mais le document le plus intéressant est sans conteste La vue depuis Overlook : Crafting the Shining donnant moult détails sur le processus de création du film, les aspects techniques et de mise en scène. On apprend notamment que Stanley Kubrick, qui voulait alors échapper au film d'horreur habituel et se remettre de l'échec commercial de Barry Lindon (qui l'avait privé de sa version de Napoléon avec Jack Nicholson), s'est lui‑même perdu dans le labyrinthe construit pour le film (fait de neige en polystyrène et de sel, le tout sous 32°). Tous les intervenants confirment les 60/70 prises habituelles du maître et son envie de prendre son temps alors qu'il passait plusieurs années à préparer dans les moindres détails un film.

 

Et pour celles et ceux qui se demandent encore comment le passage de la maquette du labyrinthe à sa version grandeur nature vue du ciel a été réalisé, la réponse se trouve dans ces bonus. Indice : il ne fallait pas avoir le vertige…

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