Mortal Engines
Suite à un événement apocalyptique, les populations se sont adaptées à un mode de vie nomade. Ainsi, des villes mobiles montées sur roues et chenilles traversent des territoires de désolation et courent en permanence le risque de se faire aspirer par les plus grosses en quête de carburant et de main‑d'œuvre servile. C’est après l’annexion de l’une d’elles par l’imposante locopole de Londres, que l’apprenti‑historien Tom Natsworthy (Robert Sheehan) rencontre Hester Shaw (Hera Hilmar), jeune femme solitaire bien décidée à se venger du meurtrier de sa mère.
Adaptée de la saga littéraire young adult, Mécaniques fatales de Philip Reeve, la dernière production de Peter Jackson (également co‑scénariste du film) n’a rien à envier aux blockbusters hollywoodiens. Conçu dans son studio néo‑zélandais Weta Digital, Mortal Engines appréhende l’ère apocalyptique comme un spectacle hétéroclite hyper‑référentiel (Miyazaki, Frankenstein, Metropolis…) aux confins du steampunk (ce sous‑genre de la science‑fiction qui construit ses projections futuristes à partir d’univers antérieurs). D’emblée, l’époustouflante course‑poursuite inaugurale révèle l’ambition esthétique du projet, les locopoles dépliables affichant un gigantisme truffé de détails sidérants (des immeubles empilés aux artères tentaculaires et fumantes de Londres).
La quête vengeresse et personnelle d’Hester achemine le récit vers une résistance collective contre la cité hégémonique dirigée par le redoutable Thaddeus Valentine (Hugo Weaving, formidable en méchant patenté, Matrix, Le seigneur des anneaux). Quand bien même la nature du conflit frise l’évidence manichéenne, l’aventure uchronique, illustrée par des décors vertigineux (parmi eux, la découverte en plongée de la Cité sédentaire du gouverneur Kwan à l’Est), reste dominée par un souffle épique incontestable. À voir de toute urgence.