par Carole Lépinay
13 mai 2019 - 20h02

Mortal Engines

année
2018
Réalisateur
InterprètesHera Hilmar, Robert Sheehan, Hugo Weaving, Jihae, Ronan Raftery, Leila George
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Suite à un événement apocalyptique, les populations se sont adaptées à un mode de vie nomade. Ainsi, des villes mobiles montées sur roues et chenilles traversent des territoires de désolation et courent en permanence le risque de se faire aspirer par les plus grosses en quête de carburant et de main‑d'œuvre servile. C’est après l’annexion de l’une d’elles par l’imposante locopole de Londres, que l’apprenti‑historien Tom Natsworthy (Robert Sheehan) rencontre Hester Shaw (Hera Hilmar), jeune femme solitaire bien décidée à se venger du meurtrier de sa mère.


Adaptée de la saga littéraire young adult, Mécaniques fatales de Philip Reeve, la dernière production de Peter Jackson (également co‑scénariste du film) n’a rien à envier aux blockbusters hollywoodiens. Conçu dans son studio néo‑zélandais Weta Digital, Mortal Engines appréhende l’ère apocalyptique comme un spectacle hétéroclite hyper‑référentiel (Miyazaki, Frankenstein, Metropolis…) aux confins du steampunk (ce sous‑genre de la science‑fiction qui construit ses projections futuristes à partir d’univers antérieurs). D’emblée, l’époustouflante course‑poursuite inaugurale révèle l’ambition esthétique du projet, les locopoles dépliables affichant un gigantisme truffé de détails sidérants (des immeubles empilés aux artères tentaculaires et fumantes de Londres).

 

La quête vengeresse et personnelle d’Hester achemine le récit vers une résistance collective contre la cité hégémonique dirigée par le redoutable Thaddeus Valentine (Hugo Weaving, formidable en méchant patenté, MatrixLe seigneur des anneaux). Quand bien même la nature du conflit frise l’évidence manichéenne, l’aventure uchronique, illustrée par des décors vertigineux (parmi eux, la découverte en plongée de la Cité sédentaire du gouverneur Kwan à l’Est), reste dominée par un souffle épique incontestable. À voir de toute urgence.

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4k
cover
Tous publics
Prix : 29,99 €
disponibilité
17/04/2019
image
1 UHD‑99 + 1 BD 3D + 1 BD‑50, 128', toutes zones
2.39
UHD 2 160p (HEVC)
HDR Dolby Vision
HDR10
16/9
bande-son
Français Dolby Digital Plus 7.1
Anglais Dolby Atmos
Anglais Dolby TrueHD 7.1
Hongrois Dolby Digital Plus 7.1
Tchèque Dolby Digital Plus 7.1
Polonais Dolby Digital 5.1
sous-titres
Français, anglais, tchèque, danois, néerlandais, finnois, grec, hongrois, coréen, norvégien, polonais, roumain, suédois, chinois
10
10
image

On pousse un grand cri de joie à la vue de ces décors fabuleux, graphiquement cohérents et techniquement très poussés, l'inverse d'un certain Aquaman… Tournée en 8K à l'aide de caméras RED Weapon Helium et dotée ici d'une 4K native luxuriante, l'image se veut à la fois oppressante (la cité de Londres, la ville mille‑pattes, l'antre de Shrike, la terre labourée par les chenilles dévastatrices) et complètement poétique (la ville rebelle suspendue de Port‑Eden par exemple). Pas un recoin du cadre sans mille et un détails à découvrir, le tout magnifié par des textures incroyables et des camaïeux de bruns du plus bel effet (plus votre rang est important à Londres, plus vous bénéficiez de la lumière du jour, voire d'un jardin pour les plus hautes sphères). La précision et le piqué ne sont pas en reste, la balafre du marchand d'esclaves comme la cicatrice d'Ester n'en sont que plus impactantes en 4K UHD.

 

Déjà merveilleux du premier au dernier plan tout au fond de l'image sans jamais être agressif ou artificiel, procurant une lisibilité et un réalisme nécessaires à l'immersion (la clarté et la brillance n'ont rien à voir avec celles du Blu‑Ray), le HDR Dolby Vision frappe encore plus avec l'arrivée de Shrike à l'image et ses yeux vert électrique, ou encore d'Anna Fang (la chanteuse coréenne Jihae) dont la cape rouge tranche radicalement avec le look rétro des autres personnages et virevolte dans les airs, de même que les ailes de son vaisseau du ciel. L'intérieur est un pur enchantement au design Art Déco. Magnifique.

 

Allant de surprise en surprise tout au long du film, l'œil frise de plaisir et recense avec gourmandise toutes les références visuelles qui s'offrent à lui, de Matrix à Star Wars en passant par Avatar, Terminator, Metropolis, Indiana Jones, Porco Rosso et bien d'autres. Un voyage fantastique dans tous les sens du terme.

10
10
son

Le cliquetis des brusques changements de direction, les moteurs qui surchauffent, les conduits de vapeur sous pression, les chaînes de rouages en action, les chenilles qui écrasent tout sur leur passage monstrueux… rien de mieux que cette mécanique de l'enfer pour éprouver physiquement l'oppression des villes prêtes à se faire engloutir par plus grosses qu'elles. Haute en action et en suspense, la séquence d'ouverture est un morceau de démo Dolby Atmos à elle toute seule, intense et pensée pour tout croquer sur son passage. Les effets hauteur 3D impressionnent, on se tortille sur le canapé histoire d'échapper aux mâchoires d'acier. Jouissif. 

 

Le reste du film alterne séquences plus calmes et combats aériens singuliers pour un ensemble qui sort véritablement de l'ordinaire, intensif mais jamais too much

 

Attention, même excellent mixage du côté de la VF avec toutefois des voix qui ne collent pas du tout aux personnages ni à l'ambiance épique du film. En clair, c'est VO ou rien.

7
10
bonus
- Commentaires audio de Christian Rivers
- Bienvenue à Londres (aussi sur le disque 4K) (26')
- Les personnages de la série (22')
- La fin des anciens (26')
- Dans l'air (5')
- Filmer la Nouvelle-Zélande (4')
- BD 3D et BD-50 du film avec bonus

Une interactivité généreuse dans laquelle on appréhende avec plaisir les personnalités des héros et les arcanes de la cité futuriste de Londres. De toute évidence, on perçoit le travail monumental de l'équipe technique pour ériger un monde post‑apocalyptique aussi foisonnant qu'inventif. Parmi les 200 designs possibles de Londres, celui avec les lions de Trafalgar de part et d'autre de la cité sortira vainqueur. Quant aux premières esquisses et prévisualisations du film, elles remontent aux années 2007/2008 pour près de dix années de développement. Énorme.

 

Le commentaire audio du réalisateur (ancien story‑boarder de Peter Jackson) débroussaille quant à lui les thèmes, les intentions esthétique et technique qui façonnent l'univers si particulier de Mortal Engines pour un tout parfaitement clair, posé, loin de toute hystérie collective. Alléluia.

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