First Man : le premier homme sur la Lune
21 juillet 1969, lorsque Neil Armstrong (Ryan Gosling) laisse sa première empreinte sur la Lune face à des millions de téléspectateurs médusés, l’astronaute compte de longues années d’entraînement intensif derrière lui et ne saurait oublier ses collègues sacrifiés lors des tests techniques exécutés par la Nasa. Le premier homme à marcher sur la Lune n’a donc rien d’un surhomme ou d’un héros échappé d’un roman de science‑fiction racoleur, en tout cas, c’est ainsi que l’envisage le réalisateur Franco‑Américain Damien Chazelle (le phénomène multi‑oscarisé LA LA Land).
Père de famille meurtri par la disparition de sa fille Karen (Lucy Stafford), Armstrong intériorise cette fêlure intime, qu’il soit auprès des siens (ses deux jeunes fils et son épouse qui n’aspirait qu’à une vie conjugale plus conventionnelle) ou à des milliers de kilomètres de la Terre. En l’occurrence, ce drame personnel va charpenter un scénario dédié à la fragilité d’un homme que la paternité avortée pousse finalement au dépassement de soi.
Mais le cinéaste, en misant sur un voyage introspectif, créé une distance telle que même les gros plans réguliers sur le visage taiseux de son anti‑héros ou encore la caméra embarquée lors de l’alunissage, faillissent à leur promesse d’émotions fortes. Par ailleurs, les flashbacks d’instants harmonieux avec la petite semblent tracer le chemin de croix de Neil Armstrong jusqu’à sa (con)quête de l’espace (physique et mental), comme si la captation du vide sidéral partagée avec des milliards de téléspectateurs devait naturellement succéder à une expérience solitaire, contemplative et sensorielle, à l’issue de laquelle le père inconsolable laissera un petit bracelet avant de planter le drapeau des États‑Unis.