Le bureau des légendes saison 4
Rien ne va plus au cœur de la DGSE, Mathieu Amalric est là pour faire le ménage dans le nid d’espions français. Dans son viseur : Malotru (Mathieu Kassovitz), en fuite à Moscou.
Une fois encore, les scénaristes de la série démontrent leur flair et leur savoir‑faire en inscrivant cette nouvelle saison dans un contexte géopolitique crédible, actuel et terriblement dans l’air du temps. Nouvelle guerre froide, terrorisme, cybertechnologie (mention spéciale à Sylvain Ellenstein et Stefan Crepon dans la peau des hackers surdoués), pas de doute, il s'agit bien d'une série d'espionnage comme la France n'en a jamais connu. Une prouesse à mettre au crédit d'Éric Rochant, exégète depuis longtemps des services secrets français et d'ailleurs.
Un souci du détail et du réel qui conduit toutefois à un enjeu dramatique moins fort qu'auparavant, ne permettant pas aux différents arcs narratifs de cette saison de vraiment s'interconnecter, voire carrément de fusionner. C'est particulièrement le cas pour le personnage de Sara Giraudeau, clairement laissé de côté sur les trois quarts de l'intrigue. Si l'on ajoute la lenteur tactique imposée par un récit en forme de partie d'échecs de haute volée, le manque de tension et de grandes scènes se fait sentir (souvenons‑nous de Phénomène coincée dans les couloirs de son hôtel la saison dernière, prise en sandwich entre deux équipes d'agents sanguinaires).
Une petite perte de vitesse et d'ampleur compensée par de nombreuses scènes parfaitement réussies où les acteurs (le casting, l'autre grande réussite de la série) parviennent à faire exister leur personnage à travers une multitude de détails quasi imperceptibles. Du grand art. Mais à force de vouloir être plus didactique que le roi, de ne jamais réellement mettre en danger ses personnages avant les tout derniers épisodes, cette saison 4 déçoit un peu. On est d’autant plus durs avec cette nouvelle saison que les auteurs de la série nous avait habitués à l’excellence (voir les saisons 1, 2 et 3). Si cette saison 4 avait été la première, on aurait sûrement été plus nuancés. Nous avons juste hâte de retrouver la tension et la complexité des premières saisons de la meilleure série française actuelle.