Les Indestructibles 2
Après avoir stoppé un super‑malfaisant dénommé le Démolisseur, la famille Parr est contrainte à une nouvelle clandestinité. Elle est désormais seule et sans le moindre système de protection pour s'assurer logement et quotidien. Mais un riche mécène, Winston Deavor, fan depuis l’enfance de super‑héros, engage Hélène (Elastigirl), Bob (M. Indestructible) et leur ami Lucius (Frozone) dans une mission de réhabilitation publique des super‑pouvoirs. Pour démarrer cette campagne médiatique, Winston Deavor, épaulé par sa très inventive sœur Evelyn, préfère mettre en avant Elastigirl. Hélène jubile et accomplit d’incroyables exploits face à un mystérieux super‑vilain, l’Hypnotiseur. Pendant ce temps, Bob découvre la difficulté d’élever ses enfants, la sensible Violette, l’épuisant Flèche ainsi que le presque flippant Jack‑Jack et ses super‑pouvoirs imprévisibles.
Quatorze ans se sont déroulés depuis la première aventure des Indestructibles (cliquez pour lire notre critique) mais le réalisateur Brad Bird démarre ce second opus dans les secondes qui suivent l’épilogue du premier. Pour combler ce fossé temporel de quatorze ans et ravir les fans, Brad Bird et ses équipes, debout sur l’accélérateur, passent dès les premières minutes la cinquième, donnant dans la surenchère spectaculaire d'action et de super‑héros démultipliés. Un marathon de presque deux heures couru comme un cent mètres, sans pause ni fléchissement.
Qu’on ne s’y trompe pas : Brad Bird est un réalisateur et scénariste beaucoup trop talentueux pour simplement appuyer sur les boutons qui vont bien ou se contenter de jouer la carte « fan service ». L’intrigue file certes à une allure supersonique, mais elle développe aussi clairement une réflexion. Sur l’évolution des rapports dans le couple moderne, le changement de rôle des femmes, qu’elles soient mères ou adolescentes, ainsi que sur l’implication parentale dans le développement des enfants ou encore l'utilité des super‑héros dans la mythologie moderne (comprendre notre ancien monde).
Si cet aspect du récit touchera surtout les adultes, Brad Bird n’oublie jamais les enfants. Pour eux, il crée non seulement d’hilarants héros forts ‑incroyable en ce qui concerne le bébé Jack‑Jack, torrent de super‑pouvoirs déments‑ mais envoie aussi des messages structurants en confiant premiers rôles et clés de l’intrigue à des personnages féminins.
D’un point de vue formel, au‑delà d’innombrables séquences d’action somptueuses, le réalisateur n’hésite devant rien. Des scènes jubilatoires et non sensiques comme la baston entre Jack‑Jack et un raton laveur, à l’expérimentation visuelle tous azimuts avec l’incroyable pugilat entre Elastigirl et l’Hypnotiseur dans une cage garnie d’écrans, en passant par une sidérante orfèvrerie de montage pour le détournement rocambolesque d’un bateau filant sur une trajectoire mortelle…
Les Indestructibles 2 est bien plus qu’une suite : Brad Bird déballe tout, son cœur, son énergie, son savoir‑faire ainsi que sa maturité tout en orchestrant la chose au rythme d’une énergie adolescente retrouvée. On frôle souvent le trop‑plein, mais au final, le film et les spectateurs ne sont pas perdants, car ce récit torrentueux gagne surtout à être revu, encore et encore, pour mieux en apprécier toutes les immenses qualités. On ne manquera pas de relever les nombreuses allusions visuelles et sonores à la saga Mission Impossible dont Brad Bird réalisa l'excellent quatrième épisode, Protocole fantôme.