Thor : Ragnarok
À la mort d’Odin, Thor et son frère Loki sont exilés sur une planète poubelle lorsque leur sœur cachée, Hela, la surpuissante déesse de la mort, prend le pouvoir à Asgard. Contraint de s’associer avec Hulk, une Valkyrie alcoolique et une bande de gladiateurs en mal de rébellion, Thor fait ce qu’il peut pour stopper le Ragnarök à venir, la fin des temps et la destruction totale d’Asgard.
Dès ses brillantes et hilarantes dix premières minutes, Thor : Ragnarok rebat les cartes d’une saga qui, jusque‑là, tentait de marier Shakespeare à une ambiance médiévalo‑SF (voir le convaincant Thor premier du nom). Avec Thor : Ragnarok, on est « juste » là pour rire. Marvel tente une audacieuse relecture purement comique d’un de ses héros opératiques sous la direction de Taika Waititi, réalisateur inventif et déjanté.
L’occasion est belle de découvrir le (gros) potentiel humoristique encore inexploité de Chris Hemsworth (Thor) associé à une savoureuse bande de pieds nickelés, notamment Korg, poilant homme de pierre incarné par Taika Waititi en personne.
Mais pour qu’une comédie fonctionne à plein, il faut des dialogues ciselés et un rythme qui ne souffre d’aucune erreur de tempo. Sans doute le véritable talon d’Achille du film. Car si Ragnarok joue pied au plancher la carte du kitch coloré et du fun non sensique, il doit aussi assurer son quota Marvel de scènes d’action grandioses. Certaines fonctionnent particulièrement bien en s’insérant dans le ton potache du film comme le court match de beignes Thor/Hulk, totalement jouissif, ou le spectaculaire duel final orchestré sur du Led Zeppelin. D’indiscutables réussites.
Mais la comédie cale aussi régulièrement, notamment lors d’improvisations de Jeff Goldblum superflues et peu drôles ainsi que dans une interminable poursuite aérienne totalement oiseuse. Polarisé sur son souci de faire rire, Taika Waititi ne tire pas le meilleur parti de la méchante Hela, finalement peu iconique malgré la grande actrice qui l’interprète (Cate Blanchett), et la moulinette à gags émascule certains moments émouvants (la mort d’Odin) ou anecdotise de bonnes idées scénaristiques (le passé tyrannique et sanglant d’Odin et Hela).
Ce défaut de tempo est d’autant plus regrettable que le film réserve des scènes pépites totalement irrésistibles, notamment la mise à sac accidentelle du QG du Docteur Strange, la psychothérapie express de Loki par Thor ou encore la tirade héroïque totalement ratée du dieu du Tonnerre face à une Valkyrie prise de boisson.
Audacieux et amusant mais pas totalement abouti, Thor : Ragnarok s’avère aussi jouissif que frustrant mais semble indiquer qu'heureusement, la veine humoristique et vintage ouverte par Les gardiens de la galaxie premier du nom n’était pas qu'un (heureux) accident de parcours.