Ça
Cette nouvelle adaptation du roman éponyme culte de Stephen King, après la mini‑série des années 90 (Ça, il est revenu), se contente du minimum syndical : faire peur. Du moins au début.
À Derry, dans le Maine, bourgade fictive typique des romans de Stephen King, le petit Georgie disparaît un jour de pluie diluvienne, vraisemblablement happé par des égouts de la ville. Un an plus tard, son grand frère et sa bande de copains, qui se sont eux-mêmes surnommés « le club des ratés », décident de mener l'enquête après d'autres disparitions mystérieuses. D'autant que chacun de leur côté, ils sont en proie à des visions cauchemardesques…
Sur la forme, rien à dire, le film est un festival de hurlements de terreur et d’effets horrifiques sublimés par une incarnation parfaite du « monstre » par Bill Skarsgard, sans doute la Ferrari du film. Mais l'effet ne dure qu'un temps, et pour cause, chaque apparition du Clown Grippe‑Sou est systématiquement annoncée par divers artifices sonores dégonflant toute tension dramatique et orientant de facto le film vers un public adolescent. On comprend alors pourquoi la dimension sexuelle qui existait entre les personnages du roman, alors en plein passage de l’enfance à l’adolescence, a disparu au profit d'une chaste romance.
Très loin d'avoir opté pour des partis pris scénaristiques tranchés, le réalisateur Andrés Muschietti (Cary Joji Fukunaga, le scénariste de True Detective, a un temps fait partie du projet avant de jeter l'éponge) préfère enquiller les clichés horrifiques à destination du grand public sur un rythme qui parfois peine à trouver son équilibre. Au final, toute la méchanceté et l'atmosphère malsaine du roman original ont laissé place à une attraction bruyante aux accents de farce grandiloquente. Malin vu le succès du film mais très frustrant pour les cinéphiles malgré les références injectées ici ou là. À noter, le chapitre 2, qui se déroulera 27 ans plus tard, sortira sur les écrans en 2019, toujours mis en boîte par le réalisateur argentin Andrés Muschietti (Mama).