par Jean-Baptiste Thoret
31 janvier 2018 - 19h56

Oblivion

année
2013
Réalisateur
InterprètesTom Cruise, Olga Kurylenko, Morgan Freeman, Andrea Riseborough, Nikolaj Coster-Waldau, Melissa Leo
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

Il faisait partie, avec Pacific Rim de Guillermo Del Toro, des blockbusters que l’on attendait au tournant en 2013, avec une pointe d’enthousiasme : après sa version très classe et high‑tech du Tron des années 1980, Joseph Kosinski semblait, a priori, tout désigné pour piloter ce récit de SF old school, soit un roman graphique qu’il a lui‑même écrit, un récit à la fois désenchanté (la Terre de 2077 n’est plus qu’un champ de ruines et de sable) et stimulant.

Et tout commence bien, très bien même : Tom Cruise incarne ici Jack Harper, une sorte de sentinelle du futur, plombier et guerrier, réparateur de drones perché dans un refuge‑maison d’où il surveille un bout de région, avant le grand départ de l’humanité vers Titan, une lune de Saturne. Mais avant le voyage, il s’agit d’emmagasiner suffisamment d’énergie et de résister aux assauts des derniers aliens responsables du massacre de la Terre.

Esthétiquement, le film reprend la ligne épurée de Tron l'héritage, avec ses décors presque déserts, ses couleurs grises et bleutées. Visuellement, le film réussit son pari. Mais au bout d’une demi‑heure, on baisse de régime : flanqué d’un scénario aussi prévisible que répétitif (douze flashback pour expliquer une chose que l’on avait comprise depuis le début), Oblivion se contente d’empiler les références, de La planète des singes à Matrix en passant par l’incontournable monolithe noir du 2001 de Kubrick, et laisse dans le ciel de son projet quelques beaux éclats (la séquence de poursuite aérienne entre Cruise et des drones, la piscine suspendue).

Hormis Tom Cruise, qui se débat comme il peut pour donner un peu de chair à son personnage, les autres acteurs débarquent dans le film en potiches (Olga Kurylenko, Zoe Bell), jusqu’à l’apparition en cameo de Morgan Freeman, aussi grotesque qu’inutile. Une déception d’autant plus grande que tout avait très bien commencé.

sur les réseaux
proposer une vidéo
test
4k
blu-ray
cover
Tous publics
Prix : 10/08/13 €
disponibilité
18/10/2016
image
1 UHD BD-66 + 1 BD-50, 124', toutes zones
2.40
UHD 2 160p (HEVC)
HDR10
16/9
bande-son
Français Dolby Digital 5.1
Anglais Dolby Atmos
Anglais Dolby TrueHD 7.1
Allemand DTS-HD High Resolution 7.1
Japonais Dolby Digital 5.1
sous-titres
Français, anglais, allemand, suédois, danois, finnois, néerlandais, norvégien, grec, turc, japonais
8
10
image

La photographie monochromique concoctée par Joseph Kosinski et son directeur photo Claudio Miranda (L'odyssée de Pi, Tron l'héritage, L'étrange histoire de Benjamin Button) est absolument sublime et participe pleinement au souvenir que l'on garde du film après visionnage. Les volcans islandais chargés en forces telluriques et le soin apporté aux effets spéciaux ne sont pas étrangers non plus à ce sentiment de film visuellement très abouti. Sans conteste, il fera date sur ce plan. 

 

Par rapport au sublime Blu‑Ray déjà sorti, que gagne‑t‑on vraiment ? Un regain de brillance, c'est certain, merci le HDR. Des verts encore plus verts et des bleus encore plus soutenus (le ciel, quelle beauté). Des explosions plus visibles aussi. Mais le film tourné en 4K (caméras Red Epic notamment) doté d'un Digital Intermédiaire 2K montre aussi ses limites, la progression qualitative attendue n'est pas hyper‑flagrante, la « faute » sans doute à un master Blu‑Ray de base déjà optimal avec son festival de couleurs monochromes, ses gros plans d'un piqué inouï et ses travellings à couper le souffle, entre lacs glaciaires, fumerolles soufrées et champs de lave. 

 

L'un ou l'autre, vous ne serez pas déçu, même si ce sont presque deux écoles différentes qui s'opposent : un rendu précis en diable, presque clinique, pour le Blu‑Ray, et une coloration plus cinématographique pour ce 4K UHD, plus intense grâce à des couleurs boostées mais aussi parfois plus doux sur les scènes d'ensemble et autres plans larges.

10
10
son

Avant de parler du Dolby Atmos nouveau, un mot sur la bande‑son signée des Français M83, groupe qu'écoute Joseph Kosinski depuis ses débuts. Énigmatique et vibrante (les cuivres et les basses ne sont pas oubliés), elle offre un écrin sonore subtil à ce film de SF raffiné auquel a également participé le compositeur Joseph Trapanese.

Elle est accompagnée d'un design sonore aussi percutant que planant qui sollicite en permanence les enceintes surround back, le caisson et les enceintes hauteur. Inutile de dire que la minuscule VF Dolby Digital 5.1 ne fait le poids. Optez d'emblée pour la VO est son énorme son qui sonne et remplit l'espace comme jamais.

7
10
bonus
- Commentaires audio de Joseph Kosinski et Tom Cruise
- Bof isolée sur le film
- Scènes coupées
- Making of en cinq parties (50')

Ce n'est pas l'opulence mais la somme de ces quatre compléments suffit à notre bonheur. Outre les commentaires audio qui se laissent suivre sans déplaisir (seul bonus de la galette 4K UHD), la beauté des scènes coupées pour prolonger le plaisir visuel du film et la sublime bande originale isolée, c'est sans conteste le making of que l'on retient.

Soit le récit d'un tournage dantesque en Islande (pour partie), le recours à des techniques notamment utilisées par Kubrick sur 2001, et l'élaboration de décors qui ont nécessité entre cinq mois de travail pour la maison‑refuge et six mois pour le techoptère.

Pour créer ce ciel (absent dans Tron) mais magnifiquement présent dans Oblivion, Joseph Kosinski, qui voulait se démarquer de tous les films de SF se déroulant de nuit depuis Blade Runner, a missionné une équipe chargée de capter d'extraordinaires images de lever et coucher de soleil à plus de 3 000 m d'altitude. Images ensuite projetées sur un écran curve de 161 m sur 13 m de haut lors du tournage en studio des scènes de la maison‑refuge. Effet maximum garanti : la maison semble être en apesanteur. Et le spectateur aussi.

Autre claque visuelle, la beauté des paysages islandais, faits de champs de lave, de plages noires et de cratères moussus. L'équipe, qui a réalisé une prouesse en sélectionnant des spots vierges de tout tournage, ne semble pas en revenir elle-même. Quant à Tom Cruise, on savait le bonhomme capable de toutes les prouesses. Il le confirme encore une fois ici.

en plus
soutenir
Recevez l’actualité tech et culture sur la Newsletter cesar
Inscrivez-vous
OK
Non merci, je suis déjà inscrit !