par Paco Altura
30 janvier 2018 - 17h07

Mother !

année
2017
Réalisateur
InterprètesJennifer Lawrence, Javier Bardem, Ed Harris, Michelle Pfeiffer, Kristen Wiig
éditeur
genre
notes
critique
7
10
label
A

Un poète (Javier Bardem) et sa jeune épouse (Jennifer Lawrence) vivent dans une maison isolée en pleine nature. Elle est en train d’achever avec brio la restauration de la demeure, incendiée jadis. Lui peine à trouver l’inspiration et n’a pas écrit un mot depuis des lustres. Un soir, un homme étrange puis sa femme s’invitent chez eux. Le convive (Ed Harris) est un admirateur du poète qu’il submerge de questions. Sa femme (Michelle Pfeiffer), sensuelle et provocante, questionne avec insistance la jeune épouse sur sa vie conjugale manifestement compliquée…

 

Dans le making of du film, Javier Bardem livre une réflexion extrêmement pertinente sur Mother ! : « C’est un film à vivre, pas à expliquer ». Le spectateur est effectivement convié à un voyage émotionnel qui démarre dans une quiétude inquiète avant d’accélérer façon montagnes russes vers des vertiges qu’on ne peut ni qualifier ni décrire sans risquer le(s) spoiler(s).


Pour concrétiser son récit qui joue à la base sur les codes du thriller psychologique et du home invasionDarren Aronofsky (Requiem for a Dream, The Wrestler) s’est fixé des contraintes formelles fortes : trois uniques valeurs de plan et un tournage 16 millimètres. Sa caméra virevolte autour de Jennifer Lawrence pour communiquer ‑avec une efficacité soufflante‑ le trouble grandissant de la jeune femme à mesure qu’elle se sent de plus en plus dépossédée de cette maison qu’elle a tant peinée à restaurer. Une maison à laquelle Darren Aronofsky confère d’ailleurs un rôle de personnage à part entière : une bande sonore incroyable donne à l’endroit une vie intense, une présence quasi organique cruciale.


Dans le théâtre mis en place par Darren Aronofsky, tout a une double valeur : une valeur concrète, immédiatement palpable dans le quotidien du personnage incarné par Jennifer Lawrence, mais aussi une valeur symbolique qui, à l’occasion, met du temps à faire sens. Ainsi, une pomme dans un panier de fruits est à la fois un encas apporté à une femme enceinte affamée, mais aussi bien autre chose... Chaque détail ou personnage du film joue sur cette dualité perturbante convoquant à la fois les plus puissants symboles des principales religions monothéistes ainsi que les thèmes et images les plus âpres et préoccupants de l’histoire récente.


Darren Aronofsky réussit avec brio à donner au récit une allure subjective et paranoïaque : impossible de ne pas ressentir presque physiquement l’angoisse de l’héroïne. En ce sens, le film est une réussite formelle assez bluffante. Mais le rythme et le cauchemar de la jeune épouse s’intensifiant, Darren Aronofsky déclenche une avalanche d’événements ‑et donc de symboles‑ qui frôlent la saturation du spectateur, potentiellement au point de bloquer le « décodage » du récit.


Mother ! n’est pas un film « aimable » au sens classique du terme, il paraît même assez difficile d'en sortir en clamant un amour irraisonné pour lui tant il bouscule. Mais c’est peut‑être justement cette valeur sismique, la qualité interrogative de l’électrochoc émotionnel qu’inflige Mother !, qui en font un film à découvrir.

sur les réseaux
proposer une vidéo
test
blu-ray
cover
- de 12 ans
Prix : 19,99 €
disponibilité
23/01/2018
image
BD-50, 121', toutes zones
1.78
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français Dolby Digital 5.1
Anglais Dolby Atmos
Anglais Dolby TrueHD 7.1
sous-titres
Français, anglais pour sourds et malentendants, arabe, malaisien, chinois, mandarin, tchèque, danois, néerlandais, estonien, finnois, allemand, grec, hébreu, hindi, hongrois, islandais, italien, japonais, coréen, letton, lituanien, norvégien, portugais, roumain, slovaque, espagnol, suédois, thaïlandais, turc
8
10
image

Une qualité d'image très particulière, riche en tonalités chaudes, qui restitue avec détail et précision la texture et le grain des prises de vues en 16 millimètres. À noter, l'aspect quasi organique des zones plus sombres (nuit, ombres). Au global, une copie à la fois singulière et de très haute qualité via ce master HD qui nous montre cette copie difficile sous son meilleur jour. Quel dommage que le 4K ne soit pas disponible en France, a contrario des USA.

8
10
son

N'y allons pas par quatre chemins : la VOST Dolby Atmos est tellement incroyable en termes de qualité, de présence et de spatialisation dans et hors‑cadre, qu'elle seule confère sa densité à « l'autre » personnage crucial du récit : la maison. Cette version sonore est tellement supérieure à tous points de vue (y compris le casting voix) à la VF simple Dolby Digital que l'on s'étonne d'une telle disparité d'offre pour les allergiques aux VO (il en reste, paraît‑il). Pour visionner et s'immerger convenablement dans Mother !, il n'y a que la VOST Dolby Atmos et rien d'autre.

7
10
bonus
- Mother ! La spirale infernale (making of) (29')
- Le maquillage de Mother ! (6')

Un making of (VOST) montre toutes les coulisses, depuis les inhabituels trois mois de répétition dans un hangar en passant par la construction des décors, l'extrême vigilance du réalisateur durant le tournage ou le point de vue des principaux comédiens. Passionnant, très dense et mis en scène de manière inventive, le bonus est inratable. Il faudra, évidemment, ne surtout pas le regarder avant d'avoir visionné le film.

 

Le module maquillage (VOST) est en fait dévolu aux effets spéciaux. Il expose de manière synthétique mais non moins attrayante les nombreux et impressionnants effets physiques employés durant le film. Les quelques plans truqués numériquement ne sont par contre pas abordés.

en plus
soutenir
Recevez l’actualité tech et culture sur la Newsletter cesar
Inscrivez-vous
OK
Non merci, je suis déjà inscrit !